Agitation à la maison

Au pays, la Grande Guerre fut vécue fort différemment, selon que l’on soit un homme ou une femme, ou selon son origine.


Même si la plupart des hommes et des femmes d’origine britannique appuyaient la guerre, au Québec, cet appui était moins prononcé. De nombreux Canadiens de descendance britannique étaient de première ou de deuxième génération et conservaient des liens étroits avec leur pays d’origine. Pour les Québécois, leurs liens avec la France remontaient déjà à plusieurs siècles et même si certains Québecois décidèrent de s’engager, d’autres jugeaient que la Grande Guerre était « l’affaire de l’Europe et non du Canada ». Cette division atteint un point critique en 1917 lors de la « crise de la conscription », où le premier ministre conservateur de l’époque, Robert Borden, fit campagne sur l’enjeu de la conscription, formant un gouvernement de coalition pour faire adopter le dossier. Même si la manœuvre de Borden réussit, elle exacerba les tensions entre les Canadiens français et anglais, tensions qui se feront encore sentir après plusieurs générations.

Pour les Canadiens qui n’étaient pas de descendance britannique, surtout les Allemands ou ceux d’origine austro-hongroise, le déclenchement de la guerre les plaça dans la ligne de mire. Ils étaient considérés avec méfiance et moqués. On les obligea à s’engager et à s’inscrire dans les registres du gouvernement, et certains furent envoyés dans des camps d’internement. En tout, plus de 8 000 ennemis étrangers furent détenus dans ces camps pendant la guerre.

Avec des milliers d’hommes outre-mer, les femmes durent prendre le relais. Bon nombre d’entre elles partirent travailler dans les usines ou aux champs, occupant des postes traditionnellement réservés aux hommes.

Presque toutes les communautés du pays ressentirent les effets de la guerre en raison du grand nombre de morts et de blessés. Des familles perdirent un père, des fils, des frères, des oncles ou des cousins.

Pour de nombreux soldats revenant au pays après la guerre, le retour à une vie normale se révéla difficile. L’économie tournait au ralenti et les emplois étaient rares, détruisant leurs rêves de terres promises, de nouvelles possibilités et d’emplois rémunérateurs. D’ailleurs, peu après l’armistice, une vague de syndicalisme et d’agitation ouvrière balaya le pays, dont l’événement le plus marquant reste la grève de Winnipeg, en 1919.

Le pays restera marqué à tout jamais par la guerre et la société devra s’adapter à de nouvelles réalités.


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