Au moment où les Canadiens arrivent au saillant d’Ypres au printemps de 1915, les ravages de la guerre avaient déjà pris toute leur ampleur. L’ancienne ville d’Ypres, en Belgique, avait été rasée par le pilonnage des Allemands, au mois d’octobre précédent.
Vers la fin de l’après-midi du 22 avril 1915, l’armée allemande profita d’un vent favorable pour lancer un nuage de gaz de chlore. Les soldats de la 1re division canadienne virent l’immense nuage de gaz vert-jaune dériver au ras du sol vers les troupes coloniales françaises. Les soldats cédèrent à la panique, créant chaos et confusion.
C’est à ce moment que les Allemands décidèrent d’avancer avec leur infanterie. N’ayant pas de masques à gaz, les soldats des troupes coloniales quittèrent leurs tranchées toxiques, créant ainsi un vide de six kilomètres de longueur dans la ligne alliée. Les Canadiens se ruèrent afin de créer une nouvelle ligne défensive pour freiner l’assaut des Allemands. Pendant toute la nuit, les Canadiens combattirent les troupes allemandes qui s’étaient facilement emparées de cette position laissée exposée par les troupes françaises.
Au matin du 24 avril, près de 36 heures après le début de l’attaque initiale, les Allemands lancèrent un second nuage de gaz, cette fois directement vers les lignes canadiennes. Les Canadiens improvisèrent, se servant de pièces d’étoffes souillées d’urine pour se protéger tant bien que mal contre les gaz. Les combats se poursuivirent toute la journée et les Canadiens livrèrent une lutte acharnée pour conserver leur position. En seulement quelques jours, les combats firent plus de 6 000 blessés, dont 2 000 morts.
Ce fut une terrible introduction à la guerre sur le front, et cette première utilisation des gaz à grande échelle ne fit qu’en amplifier l’horreur.
— Texte par Joel Ralph