Alexander Decoteau (Decouteau), policier, athlète et soldat cri, né le 19 novembre 1887 dans la réserve indienne Red Pheasant (Saskatchewan) ; décédé célibataire le 30 octobre 1917 en Belgique.
Comme beaucoup de membres de sa bande, Alexander DeCoteau fréquenta l’externat de la réserve puis la Battleford Industrial School. Il travailla ensuite comme ouvrier agricole avant de s’installer à Edmonton, où il trouva un emploi de forgeron chez son beau-frère David Gilliland Latta. Engagé comme constable en 1909 par la police municipale d’Edmonton, il fut promu sergent en 1914.
De 1909 à 1916, DeCoteau gagna à peu près toutes les courses importantes de demi-fond ou de fond qui se tinrent dans l’Ouest canadien. Ainsi, en 1910, il remporta la Christmas Day Road Race, épreuve de plus de six milles organisée par le Calgary Herald. L’année suivante, il gagna pour la cinquième fois la coupe Hon. C. W. Cross Challenge en sortant vainqueur d’une course de cinq milles qui se tenait pour la sixième fois à Edmonton. En 1912, pour la troisième année consécutive, il se classa premier à la course annuelle de dix milles au fort Saskatchewan (Fort Saskatchewan, Alberta). Membre de l’équipe olympique du Canada la même année, il se rendit aux jeux de Stockholm, où il participa le 10 juillet à la course de 5 000 mètres. Hélas, gêné par des crampes aux jambes, il termina huitième.
Ce revers n’empêcha pas DeCoteau de reprendre les compétitions une fois de retour au Canada. En juillet 1913, à la fête des orangistes à Edmonton, il gagna la course d’un mille en améliorant d’un cinquième de seconde le record provincial, qu’il avait lui-même établi. Toujours en juillet, il fut choisi, avec son cousin Gilbert Wuttunee, qu’il avait entraîné, pour représenter l’Edmonton City Police Amateur Athletic Association aux championnats d’athlétisme du dominion à Vancouver en septembre. Il se classa alors deuxième dans la course d’un mille et Wuttunee, troisième dans la course de cinq milles. En 1915, protégé du froid par des gants, des bas et une tuque bien enfoncée, « le robuste coureur du Nord » remporta la course de Noël à Calgary pour la deuxième année d’affilée – et pour la troisième fois, ce qui ne s’était encore jamais vu.
En avril de l’année suivante, DeCoteau s’enrôla comme simple soldat dans le Corps expéditionnaire canadien. Il servit d’abord dans le 202nd Infantry Battalion, puis dans le 49th. Le fait que son père avait combattu la milice canadienne aux côtés de Poundmaker [Pītikwahanapiwīyin] en 1885 l’incita probablement à aller outre-mer. En effet, le conflit européen lui offrait une occasion de remporter des honneurs qui ne pouvaient échoir qu’à un guerrier et d’obtenir parmi les Cris un statut semblable à celui de son père. On peut raisonnablement supposer que des motifs semblables l’avaient poussé à faire carrière dans la police.
Arrivé en France en 1917, DeCoteau participa à l’offensive canadienne à Passchendaele (Passendale, Belgique), où il fut tué au matin du 30 octobre. Il fut inhumé à Ypres (Ieper). Il laissait dans le deuil sa mère, Dora Pambrun, et au moins une sœur, Emily Latta ; son père était déjà décédé.
En 1985, des parents et amis de DeCoteau tinrent une cérémonie à Edmonton afin de ramener son esprit dans son lieu d’origine. D’après eux, comme il n’avait pas été inhumé selon le rituel cri, son esprit errait toujours sur terre. Des membres du conseil de bande, des anciens combattants autochtones, des représentants de l’armée canadienne et une garde d’honneur de dix membres déléguée par le service de police d’Edmonton participaient à cette cérémonie. Des tambours de la bande de Red Pheasant interprétèrent une pièce funèbre afin de guider son esprit, après quoi une mélopée se fit entendre. Un cornemusier de la police d’Edmonton rendit hommage au défunt en jouant Amazing grace.
Bon nombre des exploits d’Alexander DeCoteau sont enregistrés à l’Edmonton Sports Hall of Fame, où il fut admis en 1967. L’Edmonton Police Museum and Archives conserve plusieurs de ses récompenses et trophées personnels et militaires, dont la médaille qu’il reçut pour sa participation aux Olympiques de 1912 et le trophée du Calgary Herald.
—Texte par James Dempsey, “« DeCOTEAU, ALEXANDER », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 14, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 3 mars 2015. Pour cette bibliographie et d'autres, visiter le Dictionnaire biographique du Canada.