Après avoir fait voler en éclat la défensive allemande avec sa brillante victoire à Amiens, les Alliés et les forces canadiennes se déplacèrent rapidement au nord, vers la région d’Arras en France, afin de lancer une dernière offensive qui mènera à la fin de la guerre.
Devant les Canadiens se dressait une série de positions défensives semblant imprenables, incluant des tranchées s’étendant sur des dizaines de kilomètres, des lignes hérissées de mitrailleuses, des barrières de barbelés et des fortifications de béton. Et pis encore, les Allemands savaient que les Canadiens étaient en route.
Pour faire contrepoids à cet effet de surprise raté, les Canadiens ouvrirent le combat en pleine nuit, le 26 août 1918. Ils avancèrent péniblement à travers les lignes allemandes et les quatre divisions canadiennes se battirent avec acharnement. En une semaine, ils avaient atteint la ligne Drocourt-Quéant, une des positions allemandes les plus redoutables du front. En raison de leur avance rapide, les Canadiens avaient peu de temps pour planifier leur stratégie et pour parer les barrages d’artillerie qui précédaient la plupart des attaques.
Le 2 septembre, l’infanterie des 1re et 4e divisions canadiennes réussit une autre percée et, malgré de lourdes pertes, captura la totalité de la position allemande. Déjoués, les Allemands battirent en retraite derrière le canal du Nord, préparant ce qui sera sans doute la bataille la plus audacieuse de la guerre à laquelle participèrent les troupes canadiennes. Le canal profond, mais asséché, qui séparait les lignes allemandes et canadiennes faisait plus de 40 mètres de largeur. Les Canadiens avaient prévu que les divisions traversent une partie du canal sur une longueur d’environ 2,5 kilomètres, à peine assez pour laisser passer une seule division, encore moins quatre à la fois. Une fois de l’autre côté, les Canadiens devaient se déployer et s’emparer de la position.
Le plan était risqué et, en atteignant une section du territoire allant s’étrécissant, les Canadiens s’exposaient à des tirs nourris. En outre, les Allemands étaient parvenus à maintenir une position défensive solide au bois de Bourlon, une petite forêt de l’autre côté du canal. Après un mois de planification, les Canadiens attaquèrent à l’aube du 27 septembre. Toutes les leçons tirées de ces quatre années de durs combats furent mises à profit lors d’une violente attaque où les soldats traversèrent le canal et pénétrèrent au cœur de la position allemande. Chaque centimètre fut pris au coût de nombreux morts et blessés du côté canadien, mais les troupes atteignirent leur objectif et réussirent encore une fois à briser une importante ligne de défense allemande.
Au cours du dernier mois de la guerre, les Canadiens délivrèrent les villes françaises de Cambrai et Valenciennes et, après une avance de 75 kilomètres, atteignirent la ville belge de Mons. Globalement, les cent derniers jours de la guerre, incluant la bataille d’Amiens, firent du côté canadien plus de 45 000 morts et blessés, un chiffre affolant. Ce sont les sacrifices consentis par les soldats qui mirent fin au conflit contre l’Allemagne.
— Texte par Joel Ralph