Winona Margaret Flett

Elle fut l'une des huit femmes invitées à prendre place sur des sièges du parquet de l'Assemblée législative.


Winona Margaret Flett (Dixon), partisane du suffrage féminin et réformatrice sociale, née le 10 juin 1884 dans le canton de South Dumfries, Ontario, fille d'Isabella Bowie et de James Flett, fermier ; le 15 octobre 1914, elle épousa à Winnipeg Frederick John Dixon, et ils eurent trois enfants, dont deux vécurent au delà de la petite enfance ; décédée à cause d'une pneumonie le 16 mai 1922 dans la même ville.

En 1912, Winona Margaret Flett, sa mère et sa sœur Lynn quittèrent Woodstock, en Ontario, pour s'installer à Winnipeg. À leur arrivée, les deux sœurs, « grandes et belles femmes d'affaires », adhérèrent à la Political Equality League. Fondé depuis peu, cet organisme visait à obtenir le droit de vote pour les femmes aux élections provinciales (il prendrait le nom de Manitoba Political Equality League en 1913). Sténographe de son état, Winona Margaret devint présidente du comité des publications. Elle s'occupa de la pétition en faveur du suffrage féminin que la ligue lança après la victoire du Parti libéral de Tobias Crawford Norris aux élections générales d'août 1915 et qui fut signée par 39 584 femmes. Une photographie où on la voit aux côtés de la présidente de la ligue, Mary Elizabeth Crawford, de la secrétaire, Lillian Kate Beynon Thomas, et de la signataire la plus âgée de la pétition, Amelia Burrell, rappelle la victoire de la campagne à l'issue de laquelle, en janvier 1916, le Manitoba devint la première province canadienne où les femmes étaient habilitées à voter. Winona Margaret Flett fut l'une des huit femmes invitées à prendre place sur des sièges du parquet de l'Assemblée législative (plutôt que dans les tribunes publiques) pour la troisième lecture du projet de loi.

Winona Margaret Flett militait pour diverses autres réformes sociales. En mai 1914, en une occasion où elle prenait la parole avec Lillian Beynon Thomas, elle prôna « une application plus stricte du Factory Act sur les lieux où travaill[aient] des femmes et des enfants » et insista sur la nécessité de nommer une inspectrice des manufactures. Elle fit campagne pour un candidat travailliste indépendant, Frederick John Dixon, lui aussi membre de la Manitoba Political Equality League, qui remporta la victoire aux élections provinciales de juillet 1914. La même année, à l'occasion du People's Forum, série de conférences et discussions hebdomadaires organisée par James Shaver Woodsworth, elle prononça une communication intitulée « Les femmes dans l'industrie et dans les professions ». Elle s'adresserait de nouveau au Forum en 1915 et en 1918, et prendrait la parole à l'église Labour [V. William Ivens] en 1919.

En octobre 1914, Winona Margaret Flett avait épousé Frederick John Dixon. Tous deux, dit-on à l'occasion de leur mariage, « œuvr[aient] dans divers mouvements publics ». En 1917, pendant la Première Guerre mondiale, Frederick John s'opposa à l'enregistrement des hommes pour le service militaire et la conscription. Lui-même et Winona Margaret devinrent de fervents militants pour la paix. L'auteure et pacifiste Gertrude Richardson, qui leur rendit visite cette année-là, a écrit à leur sujet : « [voilà] des êtres dont les idéaux sont ceux que j'appelle l'Idéal de la Nouvelle Humanité ». Winona Margaret, notait-elle, était « une femme belle d'allure, d'esprit et d'âme ». « Elle partage les idéaux les plus élevés [de son mari], ajoutait-elle. Au début de cette année, lorsqu'il a été question d'emprisonner tous ceux qui résistaient à l'enregistrement, Mme Dixon a confié sa toute petite fille à sa mère et pris toutes les autres dispositions nécessaires pour retourner gagner sa vie. »

Progressistes, les Dixon et leur famille ne l'étaient pas seulement en paroles, mais aussi en actes. Arrêté en vertu d'une accusation de complot séditieux au lendemain de la grève générale de Winnipeg en 1919 [V. Mike Sokolowiski], Frederick John assura sa propre défense en faisant valoir que lui-même et les autres grévistes avaient exercé leur droit de négociation collective et la liberté d'expression dont jouissaient les sujets britanniques. Il eut gain de cause. Aux élections provinciales de juin 1920, il fut candidat. Winona Margaret, qui fit campagne pour lui, invita les femmes à voter en faveur des travaillistes, leurs vrais défenseurs. Dixon remporta la victoire, et les députés travaillistes à l'Assemblée législative le choisirent comme leader.

À la mort de Winona Margaret Flett Dixon, on put lire dans le Manitoba Free Press : « [elle] connaissait bien les conditions [de travail] dans l'industrie, surtout celles des femmes. Oratrice talentueuse, elle défendait ses principes avec zèle. » Elle avait réussi à allier « maternité et dévouement à la chose publique ». Ses obsèques réunirent des personnages politiques libéraux et travaillistes, dont Norris, premier ministre de la province, et des gens qui avaient milité avec elle pour le suffrage féminin et d'autres réformes sociales. Elle était âgée de 37 ans.

—Texte par Mary Kinnear, “« FLETT, WINONA MARGARET (Dixon) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 15, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 3 mars 2015. Pour cette bibliographie et d'autres, visiter le Dictionnaire biographique du Canada.