HONEY, SAMUEL LEWIS, instituteur, soldat et officier, né le 9 février 1894 à Conn, Ontario, aîné des enfants du révérend George Edward Honey et de Metta Blaisdell ; décédé célibataire le 30 septembre 1918 au bois de Bourlon, France.
À l’époque de la naissance de Samuel Lewis Honey, son père desservait plusieurs églises méthodistes des environs de Conn. Tout en étant un élève appliqué, Lew, comme l’appelait sa famille, trouvait le temps de pratiquer des sports de plein air. En outre, la photographie et la musique l’intéressaient beaucoup.
Comme d’autres familles de ministres du culte, les Honey déménageaient souvent. Lew fréquentait l’école à Drayton lorsque son père fut muté en 1908 à Princeton, dans le comté d’Oxford. Après avoir obtenu en juillet 1910, à la Princeton Continuation School, un diplôme de fin d’études secondaires l’autorisant à enseigner, il prit en charge, à l’automne, une école de la réserve Six-Nations près de Brantford. Au printemps de 1911, il enseigna près de Drumbo pendant une courte période. Des élèves turbulents avaient fait fuir l’instituteur, mais Honey sut s’imposer. C’est pourquoi on l’admit dans une école normale malgré son jeune âge.
Honey entra à l’école normale de London à l’automne de 1911 et obtint en juin suivant un brevet l’autorisant à enseigner dans les écoles publiques. Après avoir passé un an à l’école de Londesborough, dans l’ouest du comté de Huron, il démissionna pour entrer à la Walkerton High School, où il termina en juin 1914 le cours préparatoire à l’entrée à l’université. Ensuite, il suivit un cours d’instructeur de cadets. À l’automne, il retourna enseigner, cette fois dans le canton de Whitchurch, dans le comté d’York.
Honey avait l’intention de s’inscrire au Victoria College de Toronto en vue de décrocher un diplôme ès arts, mais à la fin de janvier 1915, il s’enrôla à Walkerton dans le 34th Infantry Battalion. Le 31 octobre 1915, il débarqua à Devonport, en Angleterre. Comme il était sergent intérimaire, on l’envoya suivre à Aldershot des cours spéciaux d’éducation physique et de combat à la baïonnette. De janvier à août 1916, il fut instructeur dans ces disciplines au camp de Bramshott. Pendant l’été, il fut officiellement porté, à titre de sergent, à l’effectif du 78th Infantry Battalion, qui faisait partie de la 4e division. Il partit pour la France le 12 août.
Honey reçu la Médaille militaire pour sa bravoure pendant un raid lancé contre des tranchées allemandes le 22 février 1917. La citation disait notamment : « Il a fait un excellent travail en dégageant l’une des tranchées de communication ennemies et en établissant un barrage malgré une forte résistance. Il a lui-même couvert le retrait de son équipe et d’une autre équipe sous une pluie de grenades. » Modeste, Honey écrivit à sa famille : « Je pense que le reste du groupe méritait autant de félicitations que moi [...] Je n’ai rien fait d’exceptionnel. » « La plus grosse partie de mon travail, ajoutait-il, a consisté à mener le groupe à travers [le champ de bataille], et, en fait, ce n’est pas aussi facile qu’on peut le croire. Mais mon sens de l’orientation est assez bon, et [...] j’ai frappé notre objectif à moins de dix verges. »
En avril, pendant la bataille de la crête de Vimy, Honey reçut la médaille de Conduite distinguée pour le courage qu’il manifesta à la tête de son groupe. Comme le chef de son peloton avait été blessé, il « prit le commandement, menant ses hommes en avant sous un feu terrible, jusqu’à ce qu’ils soient obligés de se retrancher à cause de trop nombreuses pertes. Il tint sa position durant trois jours, encourageant ses hommes par son remarquable exemple. » Quand il reçut cette deuxième distinction, Honey fit observer tout simplement : « Je pense que je suis un gars pas mal chanceux. » Après la bataille de la crête de Vimy, on recommanda qu’il ait une commission. Comme le cours des officiers ne commençait à Bexhill qu’en juillet, il fut instructeur à Bramshott à compter du début de mai. Il rejoignit son unité en qualité de lieutenant le 14 octobre 1917.
En août 1918, le Corps d’armée canadien reçut la mission de déloger l’ennemi d’un dédale de positions défensives jugées quasi imprenables : les positions situées à l’est de Monchy-le-Preux, la ligne Fresnes-Rouvroy, la ligne Drocourt-Quéant et le canal du Nord. Grâce à une série d’attaques énergiques, les Canadiens percèrent les trois premiers réseaux de défense dans la dernière partie du mois d’août et au début de septembre. Le 27 septembre, ils franchirent le canal du Nord, envahirent les positions allemandes du bois de Bourlon, qui étaient solidement fortifiées, et repoussèrent toutes les contre-attaques. Ce fut au cours de cette opération que Honey mérita la croix de Victoria. Après que tous les autres officiers de sa compagnie eurent été blessés ou tués, il « prit le commandement et réorganisa adroitement [la compagnie] sous un feu nourri. Il poursuivit l’avance avec beaucoup d’audace et atteint l’objectif. Puis, voyant que sa compagnie subissait des pertes à cause d’un tir d’enfilade, il localisa le nid de mitrailleuses et, s’y précipitant seul, [saisit] les armes et captura dix prisonniers. » À la nuit tombée, après avoir repoussé quatre contre-attaques, il sortit seul, localisa un poste allemand, puis le prit avec l’aide d’une équipe qu’il avait formée. Le 29, il mena sa compagnie à l’assaut d’une forte position ennemie en donnant « encore un remarquable exemple de courage et d’abnégation ». Il mourut des blessures reçues le dernier jour de l’attaque du 78th Infantry Battalion.
Le commandant de Honey écrivit à sa famille : « Jamais je n’ai vu conduite aussi valeureuse que celle de votre garçon [...] Il a été le premier à atteindre l’objectif final le premier jour et, dans les jours suivants, il a fait preuve d’un tel cran et d’une telle détermination que tout le commandement en parlait. Les hommes l’adoraient et, tandis qu’ils le portaient à mes côtés ce matin, il y avait en eux une tendresse que seuls des hommes forts peuvent montrer. »
Samuel Lewis Honey fut inhumé dans l’annexe britannique du cimetière communal de Quéant. Conformément aux vœux de ses parents, il n’y eut pas de cérémonie pour la remise de sa croix de Victoria. En 1964, le Conseil des sites archéologiques et historiques de l’Ontario a dévoilé une plaque à sa mémoire à côté de l’église unie Westcott, à Conn. En 1975, sa famille a remis discrètement ses médailles au Musée canadien de la guerre.
—Texte par Fred Gaffen, “«HONEY, SAMUEL LEWIS», dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 14, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 19 févr. 2015. Pour cette bibliographie et d'autres, visiter le Dictionnaire biographique du Canada.