SIFTON, ELLIS WELLWOOD, fermier et soldat, né le 11 octobre 1891 à Wallacetown, Ontario, un des trois enfants (ou plus) de John James Sifton, fermier, et d’Amelia Bobier; décédé célibataire le 9 avril 1917 près des Tilleuls (Vert-Tilleul, France).
Issu d’un milieu irlandais et anglican, Ellis Wellwood Sifton était fermier quand, le 23 octobre 1914 à St Thomas, en Ontario, il se porta volontaire pour servir dans le Corps expéditionnaire canadien. On l’inscrivit au 18th Infantry Battalion, qui fut intégré par la suite à la 4e brigade d’infanterie de la 2e division du Corps d’armée canadien. Il fut nommé caporal suppléant avant de s’embarquer pour l’Europe le 18 avril 1915.
La vie de Sifton dans les tranchées ressemble à celle de milliers d’autres jeunes Canadiens de la 2e division. Son bataillon monta au front pour la première fois en septembre 1915 (le mois où Sifton fut promu caporal) et participa en avril 1916 à sa première grande bataille, qui consista à tenter de prendre l’un des cratères situés près de Saint-Éloi (Sint-Elooi, Belgique). Des raids vinrent interrompre la routine des tranchées en juillet et août, avant que l’unité ne se rende sur le front de la Somme, en France, où elle prit les positions qu’elle visait au cours de l’assaut sur Courcelette le 15 septembre. Les pertes furent lourdes : plus de 50 membres du bataillon furent tués, soit environ un douzième de ceux qui avaient participé à l’attaque. Le mois suivant, 25 autres hommes moururent en tentant de prendre la tranchée Regina. L’unité de Sifton se rendit ensuite au pied de la crête de Vimy, où elle fit des raids de tranchées en décembre 1916 et en mars 1917. Sifton fut promu sergent suppléant le 14 mars 1917.
Depuis les derniers mois de 1916, le Corps d’armée canadien se préparait à lancer une attaque massive contre les défenses allemandes de la crête de Vimy. L’opération commença le 9 avril 1917. Le 18th Battalion avait pour mission de soutenir le 21st Battalion pendant qu’il pénétrerait dans le village des Tilleuls. Les soldats atteignirent la première ligne de défense allemande sans rencontrer presque aucune résistance, mais la deuxième ligne se révéla beaucoup plus difficile à vaincre, car des nids de mitrailleuses causaient de lourdes pertes. Sifton aperçut le canon d’une mitrailleuse au-dessus d’un parapet et renversa l’arme en sautant dans la tranchée. Il attaqua l’équipe ennemie avec sa baïonnette, puis soutint une contre-attaque rapide en se servant de son fusil comme d’un gourdin. À la fin de l’escarmouche, Sifton et ses camarades (qui venaient à peine d’arriver) tenaient la position, mais un Allemand blessé saisit un fusil et tua Sifton. Par la suite, la croix de Victoria fut décernée à Sifton.
Quelque 69 croix de Victoria furent attribuées à des Canadiens ou à des étrangers servant dans des unités canadiennes au cours de la Première Guerre mondiale. Voilà qui témoigne non seulement de l’importance de ce conflit dans l’histoire militaire du Canada, mais aussi de sa cruauté. Ellis Wellwood Sifton fut l’un des 53 000 Canadiens qui furent tués en Belgique ou en France dans les années 1914–1918. L’infanterie subit 90 % de l’ensemble des pertes.
—Texte par William Rawling, “«SIFTON, ELLIS WELLWOOD», dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 14, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 19 févr. 2015. Pour cette bibliographie et d'autres, visiter le Dictionnaire biographique du Canada.