Mot de passe oublié

Dimanche 14 Avril 1912, quatrième jour de la traversée. Le R.M.S. Titanic a presque effectué les deux tiers du trajet vers New York et a parcouru près de 1.450 miles marins, environ 2.650 kilomètres. Il entame la partie la plus périlleuse de son voyage. Le voici rendu à la latitude de Terre-Neuve, non loin de l'Océan glacial Arctique, zone connue pour ses champs de glace flottante venus tout droit de la fonte printanière de la calotte polaire.
 

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À bord, rien ne laisse présager du drame qui se prépare. L'équipage sait qu'il pénètre en zone dangereuse et se prépare donc à naviguer en conséquence, c'est-à-dire en accélérant. ISMAY n'est absolument pour rien dans la décision de maintenir une vitesse élevée. Sans que cela soit écrit noir sur blanc dans les manuels de navigation, il est admis à l'époque que cette zone doit être traversée le plus vite possible pour limiter les risques.

Par conséquent, le Titanic, sans pour autant forcer la vitesse de pointe de 24 nœuds très consommatrice de charbon, délaisse sa vitesse de croisière de 21 nœuds pour atteindre une vitesse rapide de 22,5 nœuds marins, soit 41,7 km/h et ce dès le milieu de la matinée du 14 Avril. En revanche, la possibilité que le navire puisse battre le record de traversée de son jumeau l'Olympic est grande, admettons que cela ait pu influer sur la décision d'accélérer.

Le principal danger dans cette zone est, je l'ai déjà dit, les champs de glace. Ces champs dérivants sont d'autant plus traîtres qu'ils sont composés de deux types de glace. Les glaces flottantes, simples plaques de glace inoffensives à la dérive. Mais il y a aussi les icebergs, morceaux de glaciers détachés. Parfois à peine plus haut que des glaces flottantes, ils n'en sont pas moins beaucoup plus dangereux car ce sont, pour résumer, des glaçons. Mettez un glaçon dans un verre d'eau et vous verrez pourquoi. Les 9/10èmes de leur volume sont immergés. Un iceberg de deux mètres de haut peut ainsi s'étendre jusqu'à 18 mètres sous la surface, et il est impossible de savoir de quelle façons est taillée la glace. Leur partie émergée peut atteindre parfois des dizaines de mètres de hauteur. Par ailleurs, l'année 1912 a été chaude, l'hiver moins froid, par conséquent une plus grande partie de la calotte a fondu et les champs de glace sont plus nombreux.
 

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De nombreux navires croisent alors la route du Titanic dans la journée du 14 Avril. Tous prennent contact avec le Titanic par télégraphe.

À 8h30, le paquebot grec S.S. Athinaï signale des glaces par 42° de latitude nord, sans préciser de longitude. SMITH en prend acte. À 9h, c'est le R.M.S. Caronia (photographie) qui signale un grand champ de glace à 42°N et s'étendant de 49° de longitude ouest à 51°O. SMITH prend de nouveau acte du message et modifie sa route en conséquence. Sa trajectoire suivait une ligne comprise entre 43°N et 42°N, il l'infléchit vers le sud pour prendre l'axe de 41°N.

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Entre 12h30 et 14h15, de multiples signalement arrivent à la cabine radio du Titanic, BRIDE ne cesse de faire l'aller-retour entre son poste et la salle à manger de Première Classe puis la passerelle, pour remettre en personne les messages au commandant. Le R.M.S. Baltic (l'un des très populaires paquebots de la White Star Line de la classe "Big Four"), le S.S. Amerika et le S.S. Noordam avertissent de nouveau le Titanic qu'un champ de glace s'étend à 42°N 50°O et qu'ils ont dû infléchir sévèrement leur route pour le contourner. SMITH prend connaissance des messages mais ne change pas d'itinéraire. Les photographies sont, de haut en bas, le Baltic, l'Amerika et le Noordam.

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À 14h30, le télégraphe du Titanic tombe en panne. Il faut plusieurs heures aux deux opérateurs et aux électriciens du navire pour trouver le problème et y remédier. Le tout est réparé peu après 19h, mais la quantité de messages privés à transmettre a considérablement augmenté car la plupart des passagers, considérant que le navire arrivera le lendemain, demande à télégraphier des consignes ou des messages en Amérique en vue de leur arrivée. À 19h15, le Titanic recommence à émettre et inonde littéralement les ondes de messages privés, souvent longs d'ailleurs, à envoyer avant le lendemain.

 

À 19h30, c'est un nouveau navire qui entre dans le jeu des communications. Il s'agit du cargo S.S. Californian, de la Leyland Line, qui suit une route parallèle (légèrement au nord) et inverse à celle du Titanic et s'apprête à le croiser à environ 20 miles marins de distance (37 kilomètres) seulement. L'opérateur du Californian transmet pas moins de trois messages à la suite au Titanic. Le premier pour signaler le champ de glace habituel. Le second pour dire que le cargo y pénètre faute d'avoir pu changer de trajectoire avant mais que franchement il ne le sent pas, et le troisième que le champ est parsemé de très grands icebergs. Le commandant en est informé et infléchit de nouveau sa route vers le sud, sans pour autant ralentir.
 

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À 21h40, la température chute assez brutalement et l'eau salée est près d'atteindre son point de gel. C'est le S.S. Mesaba qui signale des glaces entre 42°N et 40°N vers 50°O, en plein sur la trajectoire du Titanic. Il alerte également les autres navires qu'un petit cargo, le S.S. Rappahanoc (photo), a heurté un iceberg à l'extrémité nord du champ de glace et qu'il se dirige tant bien que mal vers Terre-Neuve. Les officiers de quart en sont informés, pas le commandant, mais les veilleurs si.

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À 22h00, les veilleurs Frederick FLEET et Reginald LEE prennent leur tour de veille mais leurs prédécesseurs ne transmettent pas l'information sur la présence de glaces.

À 22h55, le Californian envoie un message d'alerte : "De S.S. Californian à qui voudra entendre, danger d'icebergs, nous arrêtons pour la nuit, cernés par les glaces. 42°03'N - 50°58'O". Le message est capté par PHILLIPS, qui le note et le met de côté. Il est encore en train de communiquer la pile de télégrammes privés à Cape Race, station-relais de Terre-Neuve. À l'opérateur du Californian qui insiste en transmettant la position du S.S. Parisian (photo) qui vient de se signaler, PHILLIPS répond ce bref message dont la clarté le cède à la politesse : "La ferme ! Dégagez ! Suis en communication avec Cape Race !" Message qui, vu la puissance de l'émetteur du Titanic, est capté par tous les navires de cette régions de l'Atlantique Nord...
 

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Un peu dépité, l'unique opérateur radio du Californian éteint son appareil à 23h30 et va se coucher. PHILLIPS et BRIDE, débordés, oublieront jusqu'à l'existence et le contenu du dernier message du Californian, message qui ne parviendra jamais à la passerelle. Les officiers du Titanic ignoreront toujours qu'un cargo croise dans les parages immédiats.
 

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Entre 23h15 et 23h30, alors qu'une fête improvisée bat son plein en Troisième Classe, que les hommes des classes supérieurs profitent des fumoirs tandis que leurs épouse dorment (fatiguées par trois jours de voyage), le R.M.S. Titanic pénètre dans ce vaste piège qu'est le champ de glace dont on l'a averti toute la journée...

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Posté : 2012-05-07 20:29:44 par RÚmi Bouguet | avec 0 comments

Les passagers de la Troisième Classe sont pour la plupart des immigrants de trente nationalités différentes (Europe, Asie, Moyen-Orient), pauvres voulant refaire leur vie en Amérique, parfois des familles entières (et nombreuses). La famille la plus nombreuse à bord est la famille SAGE, avec onze membres, suivie par la famille GOODWIN avec huit membres (il en manque un sur la photographie, Sydney Leslie, pas encore né...). L'autre photographie (en bas) montre la famille GOLDSMITH, également à bord mais dont le bébé que l'on voit est décédé en 1911. Un interprète polyglotte, MÜLLER, est chargé de faciliter les communications. Inutile de dire que l'Histoire a retenu peu de noms et encore moins de visage de ces immigrants, méprisés par la société mirobolante de la Belle Époque... En tout, il y avait 714 passagers de Troisième Classe, 464 hommes, 167 femmes et 83 enfants.
 

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La Troisième Classe offre des installations confortables et s'inscrit dans la mouvance du début du XXème siècle qui, voyant le nombre d'immigrants en Amérique augmenter, veut améliorer les conditions de la traversée.
 

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Ainsi, la Troisième Classe du Titanic est-elle composée de cabines à deux, quatre ou six couchettes superposées et équipées d'un lavabo. Elle se distingue ainsi de la plupart des navires en service qui n'offrent que des dortoirs communautaires, tout en coûtant à peine plus cher, entre 2£ (15$) et 7£ (40$) de 1912 (100£/350£ d'aujourd'hui, environ 150€/500€, 200$/550$), ce qui représente bien souvent une grande part des économies des immigrants qui laissent tout derrière eux, vendent tous leurs biens, dans l'espoir d'une vie meilleure au Nouveau Monde. Comme dans les classes supérieures, la Troisième Classe est équipée de douches communautaires et de cabinet de toilettes, un stewart étant chargé d'en montrer le fonctionnement aux passagers ! Les cabines sont séparés en plusieurs compartiments. Deux pour les émigrants solitaires, un pour les familles (v. plan).
 

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La salle à manger de la Troisième Classe est à l'arrière. Reprenant le principe des grandes tables communautaires en usage à l'époque, elle innove néanmoins en confort en offrant aux passagers des chaises fixes  tournantes à dossier au lieu des grands bancs. En-dessous se trouvent les cuisines, réservées à la Troisième Classe. Plus petites que celle des classes supérieures alors qu'elles doivent servir un plus grand nombre de passagers, il faut organiser deux services. Un pour l'avant du navire et un pour l'arrière, à quarante-cinq minutes d'intervalle.
 

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Pour prendre l'air, les passagers peuvent se rendre sur le Pont de Poupe, où débouche l'escalier principal de la Troisième Classe. Il leur est strictement défendu de se mêler aux autres classes, et ce à cause de la législation américaine sur l'immigration sanitaire. Les immigrants de Troisième Classe devront en effet se soumettre à un contrôle sanitaire à leur arrivée à New York... ainsi que tout passager et membre d'équipage en contact avec eux ! Par conséquent, la Troisième Classe est séparée des autres compartiments du navire par des grilles, qui doivent être ouvertes en cas d'urgence. Il n'y avait là rien d'anormal, mais cela compliquait l'accès aux canots sur le Pont supérieur et à l'avant qui plus est. L'accès le plus simple étant par le Pont de Poupe, accéder aux couloirs de l'équipage menant au Pont B et au Pont C qu'il fallait alors traverser pour rejoindre l'avant...
 

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La Troisième Classe avait également son salon communautaire où tout le monde se retrouvait en soirée pour faire la fête. Il était situé à l'avant alors que la majorité des cabines étaient à l'arrière.

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Posté : 2012-05-07 19:52:41 par RÚmi Bouguet | avec 0 comments

La Seconde Classe du Titanic a ébloui les passagers par le luxe et le confort qu'elle offrait, comparable à celui d'un hôtel de luxe. Les passagers sont certes moins connus que ceux de la Première Classe, néanmoins quelques-uns se distinguent. Il y avait 285 passagers de Seconde Classe sur le Titanic : 168 hommes, 93 femmes et 24 enfants.

 

À noter que la Seconde Classe partage le barbier, le Café parisien, le Restaurant à la Carte, les cuisines et le gymnase avec la Première Classe, ils ont même un créneau horaire pour la piscine. Les passagers de ces deux classes pouvaient donc aisément se mêler. Ne serait-ce que parce que certains des passagers de Seconde Classe étaient du personnel de compagnie de certains passagers de Première Classe, où encore des employés de l'entreprise d'un grand patron de Première Classe, la croisière étant un moyen de discuter dans un autre contexte et de se faire bien voir. Les passagers de Seconde Classe sont souvent membres de la moyenne et petite bourgeoisie, tiennent parfois boutique à leur compte et peuvent avoir pour client régulier des gens de la haute société. La perméabilité entre les deux classes était donc souhaitée mais uniquement pendant la journée et sur les ponts ou lieux communs. Aucun passager de Seconde Classe ne fut admis dans les suites de luxe et encore moins dans la salle à manger ou au fumoir.. Sa présence aurait par ailleurs été remarquée, tout le monde se connaissant dans la haute société, un inconnu aurait attiré l'attention.
 

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La Seconde Classe aussi dispose de son Grand Escalier avec ascenseurs. Richement décoré, il s'étend du Pont B au Pont F. L'ascenseur est actionné par six jeunes garçons d'ascenseur âgés de 12 à 16 ans qui se relaient.

 

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Les hommes de Seconde Classe peuvent aller le soir dans un grand fumoir (photographie) à l'arrière du Pont B, moins luxueux que celui de Première Classe mais très apprécié, où des jeux de dames, de domino, d'échecs et de cartes sont à disposition. Au Pont C, juste sous le fumoir se trouve une bibliothèque qui sert aussi de salon, où les dames passent généralement la soirée quand leurs époux sont au fumoir. Ce lieu fut, paraît-il, très fréquenté durant la traversée.
 

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La cuisine est commune à la Première et à la Seconde Classe, même si les menus de Seconde Classe sont plus simples. La salle à manger est située au Pont D. Assez richement décorée, les chaises ne sont néanmoins pas déplaçables. Elles sont tournantes et vissées au sol.
 

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Les cabines valent des chambres d'hôtel. Elles sont situées à l'avant et à l'arrière, entre les Ponts D et F. Moins spacieuses que celles de Première Classe, elles sont néanmoins assez grandes et disposent d'un meuble permettant de faire ses ablutions matinales. Comme en Première Classe, chaque pont est équipé d'une salle de bain commune et d'un cabinet de toilette. Le prix d'une cabine est de 13£ de 1912 (650£ d'aujourd'hui, quelque chose comme 700€, 750$).
 

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À l'arrière du Pont B, les passagers peuvent circuler en intérieur (photographie) et en extérieur.
 

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Ils sont tolérés sur le Pont supérieur (Pont des Embarcations) où ils peuvent se mêler à la Première Classe et accéder au gymnase.
 

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Citons quelques passagers.

Je vous ai déjà parlé de Lawrence BEESLEY (1877-1967), enseignant et écrivain photographié dans le gymnase sur un vélo d'appartement.
 

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Eva Miriam HART (1905-1996), âgée de sept ans à l'époque, future chanteuse et membre du Parti Conservateur britannique, qui voyage alors avec un grand ours en peluche (qui coula avec le navire, Eva ne s'en remit jamais et n'eut plus jamais aucun autre ours en peluche) avec qui le commandant SMITH, bonhomme sympathique, eut une grande discussion au hasard d'une coursive. Il fit également l'honneur de discuter avec Eva.

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Un cas particulier. Michel NAVRATIL (1880-1912), qui voyage avec ses enfants Michel Marcel "Lolo" NAVRATIL (1908-2001) et Edmond Roger "Momo" NAVRATIL (1910-1953). Il les a enlevés à leur mère Marcelle CARETTO, dont il s'était séparée après qu'elle l'ait trompé, qui avait le droit de garde. Tailleur à Marseille, ayant fait faillite, il avait décidé de refaire sa vie en Amérique avec ses enfants. Un ami lui avait alors prêté son passeport pour qu'il puisse voyager incognito. C'est ainsi que sur le Titanic Michel NAVRATIL était connu sous le nom de Louis Michel HOFFMAN. Craignant d'être arrêté par le police pour l'enlèvement de ses enfants, il traverse la Manche et embarque à Southampton. Très inquiet durant toute la traversée, il ne se séparait jamais de son revolver (chargé) qu'il gardait toujours en poche et qu'on retrouva sur son cadavre après le naufrage. On pense également que sa "couverture" était compromise, deux clients réguliers de sa boutique étant aussi à bord.
 

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Enfin, nommons les trois seuls passagers noirs du paquebot. Joseph Philippe LEMERCIER-LAROCHE (1886-1912), ingénieur, son épouse blanche Juliette LAFARGUE, et leurs deux filles métis Simonne Marie Anne Andrée LAROCHE (née en 1909) et Louise LAROCHE (1910-1998). Bien qu'étant une famille aisée avec un père ingénieur et lié à la haute politique de la République de Haïti, ils sont rejeté par la société française alors très coloniale et raciale. Ils retournent donc en Haïti.

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Posté : 2012-05-07 19:37:36 par RÚmi Bouguet | avec 0 comments

C'est toute la haute société du début du XXème siècle et des deux bords de l'Océan Atlantique qui se retrouve à bord du Titanic, certains ayant même retardé leur départ d'Europe pour pouvoir effectuer la traversée inaugurale du plus grand et du plus luxueux paquebot du monde. Quand je dis la haute-société, ça va des hommes d'affaires plus ou moins multimillionnaires à gens aisés de la haute-bourgeoisie. De par la position sociale des passagers de Première Classe, l'Histoire a retenu le nom, le destin et souvent même les visages de chacun, ce que je ne peux pas couvrir sur ce blogue. J'en resterai donc aux passagers les plus connus et à ceux qui ont eu un destin particulier.

En Première Classe, il y avait en tout 325 passagers (175 hommes, 144 femmes et 6 enfants) lors de la traversée inaugurale.


Vous avez déjà pu apercevoir la famille SPEDDEN sur le Pont A du Titanic en train de jouer au Shuffleboard. La voici au grand complet : le père Frederic Oakley SPEDDEN (1867-1947), la mère Margaretta Corning "Daisy" STONE-SPEDDEN (1872-1950), et leur fils unique Robert Douglas SPEDDEN (1905-1915), que l'on revoit en photographie en dessous (âgé de neuf ans, sur la photo du dessus il en a quatre. Il avait six ans et demi à bord du Titanic). Sur la photo de famille, remarquez l'ours blanc en peluche (devant le fauteuil de l'enfant, au niveau de ses jambes). Il s'agit de sa peluche favorite, Polar, nous en reparlerons... Ils ont embarqué sur le Titanic à Cherbourg pour rentrer chez eux dans le Maine, aux États-Unis, après une série de voyages transatlantiques et une visite de l'Europe qui dure depuis 1911.
 

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Voici maintenant William Ernest CARTER (1875-1940), heureux propriétaire d'une Renault 1912 voyageant dans les cales du Titanic. Il fallait oser transporter une automobile par bateau tant ces engins étaient précieux à l'époque.

 

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Les deux principaux concepteurs du navire étaient à bord.
Joseph Bruce ISMAY (1862-1937), président de la White Star Line en personne. Il voyage gratuitement dans la suite multimillionnaire B-52/54/56, dont les deux premiers locataires se sont désistés. Il n'est à bord que pour vanter les mérites de la compagnie et du navire. S'il a beaucoup fréquenté le capitaine durant la traversée, il n'a jamais mis les pieds dans la passerelle et n'a jamais influé sur aucune décision, pour la simple raison qu'il ne connaissait rien à la navigation. En revanche, il a bien demandé des essais de vitesse, approuvés par ANDREWS, pour la journée du 15 Avril, certainement pas en pleine nuit. Il ne fut pas l'arrogant inconscient que l'Histoire a dépeint.

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L'architecte naval Thomas ANDREWS (1873-1912) est aussi du voyage, comme pour chaque traversée inaugurale de ses créations. Il en profite pour prendre en note l'avis des passagers, visiter le navire, voir comment il se comporte et ce qui pourrait être améliorer sur le navire suivant, en l'occurrence le Gigantic en construction. Mais lui, il paye son billet.
 

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Quelques militaires et hommes d'affaires influents sont à bord.

Le major américain Archibald Willingham BUTT (1865-1912), attaché militaire à la Maison blanche, parti se reposer six semaines en Europe sur les conseils de son ami Francis David MILLET (également à bord) pour s'éloigner de la campagne électorale qui oppose deux de ses amis. Il revient à bord du Titanic.
 

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Le colonel américain Archibald GRACIE IV (1859-1912), de retour d'un voyage en solitaire en Europe, il va retrouver son épouse.

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Le colonel américain et homme d'affaires John Jacob ASTOR IV (1864-1912), à la fortune colossale, qui a récemment divorcé (en 1909) pour épouser (en 1911) une jeune femme de 17 ans, Madeleine Talmage FORCE qu'il s'est empressé de mettre enceinte. Pour échapper aux ragots et aux rumeurs, ils sont partis quelques mois en Europe et en reviennent.
 

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L'aviateur français Pierre MARÉCHAL, embarqué à Cherbourg.

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Le major canadien Arthur Godfrey PEUCHEN (1859-1929), homme d'affaires montréalais, yachtman confirmé qui a déjà traversé l'Atlantique plusieurs fois à bord de son propre bateau.
 

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Arthur PEUCHEN voyage en compagnie de son ami le célèbre banquier montréalais Harry Markland MOLSON (1856-1912), amateur comme lui de navigation et directeur/fondateur de la Société Protectrice Canadienne des Animaux (SPCA). À noter que PEUCHEN a convaincu son ami MOLSON de retarder son voyage de retour en Amérique de près de trois semaines pour effectuer la prestigieuse traversée inaugurale du Titanic.
 

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Se trouve aussi à bord le magnat du cuivre, héritier de l'empire industriel et commerical de son père, l'un des hommes les plus riches de la planète, Benjamin GUGGENHEIM (1865-1912), qui voyage seul bien qu'étant marié... Très bel homme, sa réputation de séducteur n'est plus à faire.
 

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Du voyage aussi le propriétaire de la chaîne de magasins Macy's, Isidor STRAUS (1845-1912) et son épouse Rosalie Ida BLUN-STRAUS (1849-1912).

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L'homme d'affaires George Dunton WIDENER (1861-1912), qui voyage en compagnie de son épouse Eleanor ELKINS et de leur fils aîné Harry ELKINS-WIDENER (1885-1912).
 

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Deux magnats du chemin de fer nord-américain sont sur le Titanic.

Charles Melville HAYS (1856-1912), directeur général de la Compagnie de chemin de fer du Grand Tronc du Canada, et son épouse. Il doit inaugurer le Château Laurier à Ottawa.
 

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John Borland THAYER Junior (1862-1912), vice-président de la Pennsylvania Railroad, qui voyage avec son épouse Marian Longstreth MORRIS et leur jeune fils de 17 ans John Borland "Jack" THAYER III Junior (1894-1945).

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La famille ALLISON, s'il y a une famille de Première Classe qui a connu un destin tragique sur le Titanic, c'est bien celle-là ! Hudson Joshua Creighton ALLISON (1881-1912) mène une carrière florissante dans le secteur bancaire à Toronto. Il voyage avec son épouse Bessie "Bess" Waldo DANIELS-ALLISON (1886-1912), de leur femme de chambre Sarah "Sallie" DANIELS et de leurs enfants Loraine ALLISON (1909-1912) et Trevor ALLISON (1911-1929), gardés par la gouvernante récemment engagée Alice Catherine CLEAVER (1889-1984), que l'on voit sur la photo avec les enfants.
 

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Des femmes de caractère étaient sur le paquebot.

Helen Churchill CANDEE (1858-1949), décoratrice et écrivaine américaine. Elle fut beaucoup en compagnie de l'écrivain Jacques FUTRELLE durant la traversée... Féministe fervente et activiste dans ses écrits.

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Margaret Tobin "Molly" BROWN (1867-1932). Sans fortune, elle est devenue riche en même temps que son mari James BROWN suite à la découverte d'or au Colorado (États-Unis d'Amérique). Même en entrant dans la haute-société, elle garda son franc-parler, ses expressions et surtout n'oublia jamais d'où elle venait. Elle ne manquait jamais de défendre les démunis et était redoutable dans les débats à table en Première Classe. Elle n'était pas très bien vue mais elle était très riche, ce qui compensait et faisait qu'on la supportait à sa table. Elle était appréciée de l'équipage car elle décrassait sévèrement sa classe ! Féministe convaincue et activiste enragée.

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Lady Lucy Noël Leslie Martha, Comtesse de Rothes (1878-1956), en voyage de découverte en Amérique, elle occupe une cabine moyenne et voyage pour l'agrément et pour le prestige. Elle sera surtout connue par après pour son courage dans les canots de sauvetage.
 

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Des sportifs rentraient également en Amérique. Deux tennismen ! Richard Norris WILLIAMS (1891-1968), à gauche sur la photo, vainqueur de l'US Open 1912 en double mixte et rentrant d'un tournoi en Europe. Karl Howell BEHR (1885-1949), à droite, avocat de formation qui se trouve sur le Titanic car il se livre depuis près d'un an à un jeu de séduction auprès d'une jeune fille, Helen NEWSON (photo du dessous), dont la famille refuse obstinément qu'elle l'épouse. Aussi depuis 1911 s'invente-t-il des prétextes pour suivre la famille NEWSON, selon la bonne vieille méthode dite du "Tiens ? Vous aussi vous allez là ? Quelle coïncidence !". La famille NEWSON s'étant rendue à Paris pour affaire, le voilà qui la suit pour aller disputer un tournoi de seconde zone en hiver à Paris. Ils retournent aux États-Unis sur le Titanic, lui aussi ! Cela étant, les deux tennismen se connaissent et sont amis mais n'allez pas imaginer un mauvais téléroman ou une situation vaudevillesque, WILLIAMS n'a jamais approché Helen, qui a fini par épouser BEHR en 1913.
 

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Citons quelques artistes pour terminer.

Rien de moins que le peintre Francis David MILLET (1846-1912), qui accompagne son ami le major BUTT et dont les toiles se vendent à prix d'or autant en 1912 qu'aujourd'hui.

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Le sculpteur français Paul-Romain Marie Léonce CHEVRÉ (1866-1914), l'artiste auteur de la statue de Samuel de CHAMPLAIN devant le Château Frontenac (1896-1898) et de la statue de François-Xavier GARNEAU devant le Parlement de Québec (1911). Très connu et très apprécié au Canada (où il passe la moitié de sa vie), il est à peine rentré en France après l'inauguration de la statue de GARNEAU qu'il est contacté par Charles Melville HAYS qui l'invite à l'accompagner à l'inauguration du Château Laurier à Ottawa.

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Le journaliste et écrivain pacifiste William Thomas STEAD (1849-1912). Invité à New-York pour une conférence sur la paix dans le monde, un peu mystique sur les bords, sa compagnie est néanmoins appréciée car c'est un grand conteur. Il fait partie de ces passagers qui n'acceptent de voyager qu'avec le commandant SMITH, dont il est devenu un ami. Ironie, il avait écrit en 1886 une nouvelle qui s'intitulait "Comment le Paquebot postal sombra au milieu de l'Atlantique, par un survivant" et qui racontait le naufrage (causé par un iceberg) désastreux, meurtrier mais fictif du R.M.S. Majestic de la White Star Line, commandé par SMITH, qui transporte 916 passagers alors qu'il n'y a que 390 places dans les canots de sauvetage... De là à dire qu'il a eu une prémonition... Il militait également auprès des compagnies pour qu'elles emportent un nombre adéquat de canots.
 

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Pour en terminer avec les artistes et cette brève revue des passagers de Première Classe, nommons l'écrivain américain Jacques FUTRELLE (1875-1912). Dans la journée du Mercredi 10 Avril 1912, il discute sur le Pont supérieur avec le photographe Francis BROWNE qui l'immortalise devant le gymnase. Voilà donc (photo du bas) l'aspect extérieur du gymnase et du Pont supérieur du Titanic, doublé du dernier cliché que l'on a de Jacques FUTRELLE en vie.
 

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Posté : 2012-05-07 19:09:23 par RÚmi Bouguet | avec 0 comments

C'est en Première Classe que les différences entre le R.M.S. Titanic et le R.M.S. Olympic sont les plus flagrantes. Thomas ANDREWS, prenant en compte toutes les remarques des passagers de l'Olympic et ayant eu de nouvelles idées, s'est surpassé pour embellir le navire, faisant du Titanic le navire le plus luxueux de son temps.

 

Voyons tout d'abord les luxueuses installations de la Première Classe. Déjà, petite note sur les ponts pour s'y retrouver. Le Titanic est divisé huit ponts, un pont équivalent à un étage. De haut en bas :

_Pont supérieur ou Pont des Embarcations. Où se trouvent le gymnase, les cabines des officiers, la passerelle.

_Pont A, le pont de Première Classe.

_Pont B.

_Pont C.

_Pont D, là on rentre dans la coque en elle-même.

_Pont E.

_Pont F, dernier pont de cabines.

_Pont G, sur plusieurs étages, se trouvent là les chaudières et les cales.
 

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Commençons par ce que les passagers voyaient en premier en arrivant sur le navire : le Grand Escalier avant. Surplombé d'une coupole de verre dans le plus pur style Belle Époque, l'escalier en lui même est tout en bois, en laque et en dorure. Le palier entre le Pont A et le Pont B est orné d'une magnifique horloge, tandis que la rampe au Pont B est décoré avec un ange en bois sculpté. Cet escalier descend jusqu'au Pont F et aux installations sportives, tout en s’étrécissant. Les marches sont en marbres. À l'arrière un autre escalier de luxe un peu plus étroit et un peu moins grand descend jusqu'au Pont D. Il est moins décoré. Le Grand Escalier dispose, sur son côté, de trois ascenseurs pour descendre jusqu'aux installations sportives de l'entrepont. Ces photographies ont été prises sur l'Olympic en 1913, après que la White Star Line eut eut profité du renforcement du navire pour reconstruire l'escalier à l'identique de celui du Titanic.

 

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Tiens, parlons-en un peu, des installations sportives.

Le R.M.S. Titanic dispose d'un gymnase, sis derrière la cabine de télégraphe sur le Pont supérieur. Il était également accessible aux passagers de Seconde Classe. Un moniteur de sport, équivalent de ce qu'on appellerait aujourd'hui un coach est chargé d'organiser des sessions "cardio". Il s'agit de Thomas McCAWLEY (1876-1912).

Extérieurement, il ressemblait à ça et donnait directement sur le Pont supérieur (ou Pont des Embarcations).
 

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Et intérieurement, il ressemblait à ça. Remarquez la carte sur le mur. Les amateurs d'Histoire géopolitique ne manqueront pas de remarquer les zones plus sombres qui correspondent à l'Empire britannique et au Commonwealth en 1912 (Canada, Inde, Afrique, Australie, possessions en Chine, etc...). C'est toujours amusant ce genre de détail, non ?
 

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Les deux clichés où l'on voit du monde ont été pris par le photographe irlandais Francis "Franck" BROWN (1880-1960), embarqué à Southampton et débarqué à Queenstown, celui à qui nous devons la photographie de BRIDE à son poste et celle du Titanic quittant Queenstown. Il a également pris de nombreux clichés de la vie à bord durant le premier jour de la traversée. Les autres clichés ont été pris durant la construction du navire.

Le brave homme sur le rameur est vraisemblablement un passager de Première Classe. Sous réserve, je dirais bien qu'il s'agit du major Archibald BUTT, mais je n'en suis pas sûr. L'homme en arrière-plan est trop loin pour être identifié.
 

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Les gens qui pédalent sur les vélos d'appartement sont un passager de Seconde Classe, l'écrivain Lawrence BEESLEY (1877-1967), et une amie venue lui dire au-revoir. La photographie a vraisemblablement été prise à Southampton le Mercredi 10 Avril 1912 à 9h10 (regardez la pendule) car c'est la seule heure qui correspond à une période d'embarquement.

 

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Le Titanic est également équipé au Pont F (on y accède par le Grand Escalier) d'une piscine, de Bains turcs et d'un court de squash.

La piscine est une installation nouvelle mais qui existe déjà sur plusieurs paquebots. Mais celle du Titanic, de 10 mètres de long, 4,3 mètres de large et 1,8 mètre de profondeur est la plus grande du moment et la plus luxueuse, toute de marbre. Elle est remplie d'eau de mer, vidée par gros temps. Des cabines de change sont à disposition des passagers. Des créneaux horaires sont instaurés en journée suivant le sexe (les lieux de baignade n'était pas mixtes dans la société de 1912) et les cabines afin d'éviter la surpopulation, il y a même un créneau pour la Seconde Classe en début d'après-midi. Les hommes de Première Classe y ont tous accès entre 6h30 et 8h30 le matin, ce qui leur fait deux créneaux.
 

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À côté de la piscine se trouvent les Bains turcs (équivalent du Spa actuel), équipés pour le repos et de caissons-vapeurs électriques.
 

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Enfin, le court de squash. Nouveauté très populaire sur l'Olympic, l'organisation en a été améliorée sur le Titanic. Il faut prendre un ticket auprès du Commissaire de Bord Herbert McELROY (au poste du Pont D au Grand Escalier), valable une heure, bien que l'on puisse rester plus longtemps si personne n'attend son tour, ce qui apparemment n'est jamais arrivé tant l'installation était populaire. Un moniteur de squash, Frederick WRIGHT (1888-1912), est chargé de veiller aux rotations mais également de dispenser des cours ou de servir de partenaire.

Les cabines de Première Classe, si elles sont toutes luxueuses, sont assez variées. Les prix varient de 30£ à 870£ de 1912 (1.500£ à 45.000£ d'aujourd'hui, quelque chose comme 2.000€/60.000€, 2.200$/65.000$). En effet, certaines familles très aisées ne le sont pas au point de s'offrir des suites de luxe. La décoration des lambris varie suivant le style, le bois et les couleurs utilisées en dépendant. Il y a le style Adam (acajou blanc), Régence (acajou doré), Louis XVI (noyer, chêne et sycomore doré et blanc), Louis XV (chêne sculpté gris), Louis XIV (chêne sculpté), Géorgien (noyer moulé), Empire (blanc doré et soieries), Hollandais (chêne et sycomore), Queen Anne (acajou et soie), et Renaissance (citronnier). Cela influe fortement sur le choix des cabines pour la haute société !

Rappelons que l'hygiène n'est pas encore une activité quotidienne de l'époque, et dans un tel étalage de luxe l'absence de salles de bain et de toilettes pourrait choquer notre éthique du XXIème siècle. Même les suites les plus luxueuses ne disposent que d'un lavabo permettant les ablutions nécessaires. Cela étant, le Titanic est en avance sur son temps car il dispose d'une salle de bain au centre du Pont B, où l'on peut réserver une baignoire pour une heure ou une cabine de douche. Il y a même des cabinets de toilette à chaque pont, ce qui limite l'usage des pots de chambre à vider par le hublot (en usage à l'époque). Deux cabinets au Pont B, un au Pont A.

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Pot de chambre du Titanic, remonté de l'épave.
 

Il y a les suites pour multimillionnaires, pour 870£, au Pont B à l'avant. Elles sont au nombre de deux et occupent tout l'espace qui leur est attribué. Elles sont divisées en trois parties et disposent d'un pont promenade privé ouvert de 15 mètres de long (en bas à gauche). Elles sont partagées en trois parties, trois cabines en une. Il s'agit de la Suite B-52/54/56 et de la Suite B-51/53/57. Pour l'anecdote, dans le film "Titanic" (1997) de James CAMERON, Rose DEWITT-BUKATER, sa mère et son fiancé occupent l'une de ces suites, la B-52/54/56, qui était en réalité celle de Joseph Bruce ISMAY en personne ! Sur cette photo il s'agit du salon de la Suite B-51/53/57, mais les deux étaient très semblables.


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Il y a les suites et cabines luxueuses, qui ne sont néanmoins pas celles pour les multimillionnaires. Elles couvrent généralement deux ou trois cabines habituelles, parfois d'un pont promenade intérieur. Elles s'étendent au centre du Pont B et leur prix est compris entre 200£ et 500£ suivant la possession ou non de pont privé. Enfin, les cabines les plus modestes, entre 30£ et 150£ suivant l'éloignement des salons, une pièce ou deux, richement décorées néanmoins, à l'avant du Pont C.

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La Première Classe dispose également d'un barbier-coiffeur, partagé avec la Seconde Classe, près des cuisines et de l'Escalier arrière, au Pont E.
 

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Extérieurement, les passagers de Première Classe disposent du Pont A pour prendre l'air. Ce pont longe les superstructures du navire et est équipé de nombreux transats pour se prélasser durant la croisière. Tous ces clichés ont été pris par Francis BROWNE. J'ignore qui est le marin moustachu que l'on voit. Le couple, je parierais sur les époux HAYS, sous réserve, ce n'est qu'une supposition étayée par d'autres photographies. En revanche, je suis sûr et certain de l'identité du garçon qui joue au shuffleboard (sorte de curling se jouant sur le pont d'un navire), il s'agit de Robert Douglas SPEDDEN (1905-1915), qui s'amuse avec son père Frederic Oakley SPEDDEN (1867-1947).
 

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Le Pont supérieur, libre d'embarcations, était également disponible pour la promenade, voir la passerelle de commandement et accéder au gymnase depuis l'extérieur.
 

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La Première Classe se distingue également par ses grands salons.

Le fumoir du Pont A, gigantesque et magnifique, où se réunissaient les hommes après le souper pour y discuter et jouer aux cartes, parfois jusqu'à des heures avancées dans la nuit. Les épouses étaient priées de ne pas y mettre les pieds. Étiquette de la haute-société oblige, même s'il semble que Molly BROWN et Helen Churchill CANDEE, féministes activistes y aient fait une apparition remarquée au soir du Vendredi 12 Avril 1912 pour "souhaiter bonne nuit à ces hommes" tout en leur rappelant que leurs épouses se languissent dans leurs suites... Le fumoir était également équipé d'une fausse cheminée en vrai marbre, surplombée d'un tableau représentant le port de New York.

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Le Grand Salon du Pont A, lieu de réunion pour discuter et se rencontrer durant la journée, lieu de vie donc, qui pouvait se transformer en église les jours de messe. Il était attenant au Salon de Lecture et d’Écriture, garni d'une belle bibliothèque, où l'on pouvait lire en silence et à son aise, ou rédiger son courrier.

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Enfin, le Salon de Réception du Pont D (en bas à droite), parfois appelé Salon de Thé car... c'est à ça qu'il servait ! Le thé y était servi entre 16h et 17h00 et l'orchestre y jouait dans les mêmes horaires puis de 20h à 21h15 quand ces dames y revenaient pour le transformer en une sorte de fumoir au féminin. C'était la seule salle du Titanic équipée d'un piano à queue (Stainway). Il était attenant à la Salle à Manger.
 

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De l'autre côté de la Salle à Manger se trouvait le Salon du Personnel. Les domestiques se mêlaient ici au personnel de l'équipage à leurs heures perdues.
 

Il y a une Salle à Manger en Première Classe, au Pont D, les repas sont compris dans le prix du billet. D'une capacité de 554 personnes, avec 115 tables pour 2 à 12 convives, c'est là que des dîners d'honneur sont organisés ou que le commandant fait honneur à une table. Les enfants de moins de 12 ans n'y sont admis que s'il y a de la place (les gouvernantes les font en général manger en cabine).

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Sinon, les passagers de Première Classe peuvent se restaurer à leurs frais au Café-Véranda du Pont A (sur la photo, avant que l'on y installe les plantes) qui offre un cadre exotique assez plaisant avec de nombreuses plantes tropicales sous serre.

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De même, ils peuvent se mêler aux passagers de Seconde Classe dans le Restaurant à la Carte (en haut) ou le traverser pour atteindre le charmant Café parisien (en bas, avant que l'on y installe les plantes grimpantes) très prisé à l'arrière du Pont B.

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La nourriture de toutes ces salles est fournies par les cuisines du Pont D, ultramodernes pour l'époque, qui sont communes à la Première et à la Seconde Classe. Le cliché où les mitrons sont à l’œuvre est encore pris par Francis BROWNE.
 

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Posté : 2012-05-07 17:11:10 par RÚmi Bouguet | avec 0 comments

C'est en Première Classe que les différences entre le R.M.S. Titanic et le R.M.S. Olympic sont les plus flagrantes. Thomas ANDREWS, prenant en compte toutes les remarques des passagers de l'Olympic et ayant eu de nouvelles idées, s'est surpassé pour embellir le navire, faisant du Titanic le navire le plus luxueux de son temps.

 

Voyons tout d'abord les luxueuses installations de la Première Classe. Déjà, petite note sur les ponts pour s'y retrouver. Le Titanic est divisé huit ponts, un pont équivalent à un étage. De haut en bas :

_Pont supérieur ou Pont des Embarcations. Où se trouvent le gymnase, les cabines des officiers, la passerelle.

_Pont A, le pont de Première Classe.

_Pont B.

_Pont C.

_Pont D, là on rentre dans la coque en elle-même.

_Pont E.

_Pont F, dernier pont de cabines.

_Pont G, sur plusieurs étages, se trouvent là les chaudières et les cales.
 

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Commençons par ce que les passagers voyaient en premier en arrivant sur le navire : le Grand Escalier avant. Surplombé d'une coupole de verre dans le plus pur style Belle Époque, l'escalier en lui même est tout en bois, en laque et en dorure. Le palier entre le Pont A et le Pont B est orné d'une magnifique horloge, tandis que la rampe au Pont B est décoré avec un ange en bois sculpté. Cet escalier descend jusqu'au Pont F et aux installations sportives, tout en s’étrécissant. Les marches sont en marbres. À l'arrière un autre escalier de luxe un peu plus étroit et un peu moins grand descend jusqu'au Pont D. Il est moins décoré. Le Grand Escalier dispose, sur son côté, de trois ascenseurs pour descendre jusqu'aux installations sportives de l'entrepont. Ces photographies ont été prises sur l'Olympic en 1913, après que la White Star Line eut eut profité du renforcement du navire pour reconstruire l'escalier à l'identique de celui du Titanic.

 

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Tiens, parlons-en un peu, des installations sportives.

Le R.M.S. Titanic dispose d'un gymnase, sis derrière la cabine de télégraphe sur le Pont supérieur. Il était également accessible aux passagers de Seconde Classe. Un moniteur de sport, équivalent de ce qu'on appellerait aujourd'hui un coach est chargé d'organiser des sessions "cardio". Il s'agit de Thomas McCAWLEY (1876-1912).

Extérieurement, il ressemblait à ça et donnait directement sur le Pont supérieur (ou Pont des Embarcations).
 

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Et intérieurement, il ressemblait à ça. Remarquez la carte sur le mur. Les amateurs d'Histoire géopolitique ne manqueront pas de remarquer les zones plus sombres qui correspondent à l'Empire britannique et au Commonwealth en 1912 (Canada, Inde, Afrique, Australie, possessions en Chine, etc...). C'est toujours amusant ce genre de détail, non ?
 

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Les deux clichés où l'on voit du monde ont été pris par le photographe irlandais Francis "Franck" BROWN (1880-1960), embarqué à Southampton et débarqué à Queenstown, celui à qui nous devons la photographie de BRIDE à son poste et celle du Titanic quittant Queenstown. Il a également pris de nombreux clichés de la vie à bord durant le premier jour de la traversée. Les autres clichés ont été pris durant la construction du navire.

Le brave homme sur le rameur est vraisemblablement un passager de Première Classe. Sous réserve, je dirais bien qu'il s'agit du major Archibald BUTT, mais je n'en suis pas sûr. L'homme en arrière-plan est trop loin pour être identifié.
 

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Les gens qui pédalent sur les vélos d'appartement sont un passager de Seconde Classe, l'écrivain Lawrence BEESLEY (1877-1967), et une amie venue lui dire au-revoir. La photographie a vraisemblablement été prise à Southampton le Mercredi 10 Avril 1912 à 9h10 (regardez la pendule) car c'est la seule heure qui correspond à une période d'embarquement.

 

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Le Titanic est également équipé au Pont F (on y accède par le Grand Escalier) d'une piscine, de Bains turcs et d'un court de squash.

La piscine est une installation nouvelle mais qui existe déjà sur plusieurs paquebots. Mais celle du Titanic, de 10 mètres de long, 4,3 mètres de large et 1,8 mètre de profondeur est la plus grande du moment et la plus luxueuse, toute de marbre. Elle est remplie d'eau de mer, vidée par gros temps. Des cabines de change sont à disposition des passagers. Des créneaux horaires sont instaurés en journée suivant le sexe (les lieux de baignade n'était pas mixtes dans la société de 1912) et les cabines afin d'éviter la surpopulation, il y a même un créneau pour la Seconde Classe en début d'après-midi. Les hommes de Première Classe y ont tous accès entre 6h30 et 8h30 le matin, ce qui leur fait deux créneaux.
 

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À côté de la piscine se trouvent les Bains turcs (équivalent du Spa actuel), équipés pour le repos et de caissons-vapeurs électriques.
 

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Enfin, le court de squash. Nouveauté très populaire sur l'Olympic, l'organisation en a été améliorée sur le Titanic. Il faut prendre un ticket auprès du Commissaire de Bord Herbert McELROY (au poste du Pont D au Grand Escalier), valable une heure, bien que l'on puisse rester plus longtemps si personne n'attend son tour, ce qui apparemment n'est jamais arrivé tant l'installation était populaire. Un moniteur de squash, Frederick WRIGHT (1888-1912), est chargé de veiller aux rotations mais également de dispenser des cours ou de servir de partenaire.

Les cabines de Première Classe, si elles sont toutes luxueuses, sont assez variées. Les prix varient de 30£ à 870£ de 1912 (1.500£ à 45.000£ d'aujourd'hui, quelque chose comme 2.000€/60.000€, 2.200$/65.000$). En effet, certaines familles très aisées ne le sont pas au point de s'offrir des suites de luxe. La décoration des lambris varie suivant le style, le bois et les couleurs utilisées en dépendant. Il y a le style Adam (acajou blanc), Régence (acajou doré), Louis XVI (noyer, chêne et sycomore doré et blanc), Louis XV (chêne sculpté gris), Louis XIV (chêne sculpté), Géorgien (noyer moulé), Empire (blanc doré et soieries), Hollandais (chêne et sycomore), Queen Anne (acajou et soie), et Renaissance (citronnier). Cela influe fortement sur le choix des cabines pour la haute société !

Rappelons que l'hygiène n'est pas encore une activité quotidienne de l'époque, et dans un tel étalage de luxe l'absence de salles de bain et de toilettes pourrait choquer notre éthique du XXIème siècle. Même les suites les plus luxueuses ne disposent que d'un lavabo permettant les ablutions nécessaires. Cela étant, le Titanic est en avance sur son temps car il dispose d'une salle de bain au centre du Pont B, où l'on peut réserver une baignoire pour une heure ou une cabine de douche. Il y a même des cabinets de toilette à chaque pont, ce qui limite l'usage des pots de chambre à vider par le hublot (en usage à l'époque). Deux cabinets au Pont B, un au Pont A.

Il y a les suites pour multimillionnaires, pour 870£, au Pont B à l'avant. Elles sont au nombre de deux et occupent tout l'espace qui leur est attribué. Elles sont divisées en trois parties et disposent d'un pont promenade privé ouvert de 15 mètres de long (en bas à gauche). Elles sont partagées en trois parties, trois cabines en une. Il s'agit de la Suite B-52/54/56 et de la Suite B-51/53/57. Pour l'anecdote, dans le film "Titanic" (1997) de James CAMERON, Rose DEWITT-BUKATER, sa mère et son fiancé occupent l'une de ces suites, la B-52/54/56, qui était en réalité celle de Joseph Bruce ISMAY en personne ! Sur cette photo il s'agit du salon de la Suite B-51/53/57, mais les deux étaient très semblables.


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Il y a les suites et cabines luxueuses, qui ne sont néanmoins pas celles pour les multimillionnaires. Elles couvrent généralement deux ou trois cabines habituelles, parfois d'un pont promenade intérieur. Elles s'étendent au centre du Pont B et leur prix est compris entre 200£ et 500£ suivant la possession ou non de pont privé. Enfin, les cabines les plus modestes, entre 30£ et 150£ suivant l'éloignement des salons, une pièce ou deux, richement décorées néanmoins, à l'avant du Pont C.

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La Première Classe dispose également d'un barbier-coiffeur, partagé avec la Seconde Classe, près des cuisines et de l'Escalier arrière, au Pont E.
 

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Extérieurement, les passagers de Première Classe disposent du Pont A pour prendre l'air. Ce pont longe les superstructures du navire et est équipé de nombreux transats pour se prélasser durant la croisière. Tous ces clichés ont été pris par Francis BROWNE. J'ignore qui est le marin moustachu que l'on voit. Le couple, je parierais sur les époux HAYS, sous réserve, ce n'est qu'une supposition étayée par d'autres photographies. En revanche, je suis sûr et certain de l'identité du garçon qui joue au shuffleboard (sorte de curling se jouant sur le pont d'un navire), il s'agit de Robert Douglas SPEDDEN (1905-1915), qui s'amuse avec son père Frederic Oakley SPEDDEN (1867-1947).
 

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Le Pont supérieur, libre d'embarcations, était également disponible pour la promenade, voir la passerelle de commandement et accéder au gymnase depuis l'extérieur.
 

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La Première Classe se distingue également par ses grands salons.

Le fumoir du Pont A, gigantesque et magnifique, où se réunissaient les hommes après le souper pour y discuter et jouer aux cartes, parfois jusqu'à des heures avancées dans la nuit. Les épouses étaient priées de ne pas y mettre les pieds. Étiquette de la haute-société oblige, même s'il semble que Molly BROWN et Helen Churchill CANDEE, féministes activistes y aient fait une apparition remarquée au soir du Vendredi 12 Avril 1912 pour "souhaiter bonne nuit à ces hommes" tout en leur rappelant que leurs épouses se languissent dans leurs suites... Le fumoir était également équipé d'une fausse cheminée en vrai marbre, surplombée d'un tableau représentant le port de New York.

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Le Grand Salon du Pont A, lieu de réunion pour discuter et se rencontrer durant la journée, lieu de vie donc, qui pouvait se transformer en église les jours de messe. Il était attenant au Salon de Lecture et d’Écriture, garni d'une belle bibliothèque, où l'on pouvait lire en silence et à son aise, ou rédiger son courrier.

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Enfin, le Salon de Réception du Pont D (en bas à droite), parfois appelé Salon de Thé car... c'est à ça qu'il servait ! Le thé y était servi entre 16h et 17h00 et l'orchestre y jouait dans les mêmes horaires puis de 20h à 21h15 quand ces dames y revenaient pour le transformer en une sorte de fumoir au féminin. C'était la seule salle du Titanic équipée d'un piano à queue (Stainway). Il était attenant à la Salle à Manger.
 

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De l'autre côté de la Salle à Manger se trouvait le Salon du Personnel. Les domestiques se mêlaient ici au personnel de l'équipage à leurs heures perdues.
 

Il y a une Salle à Manger en Première Classe, au Pont D, les repas sont compris dans le prix du billet. D'une capacité de 554 personnes, avec 115 tables pour 2 à 12 convives, c'est là que des dîners d'honneur sont organisés ou que le commandant fait honneur à une table. Les enfants de moins de 12 ans n'y sont admis que s'il y a de la place (les gouvernantes les font en général manger en cabine).

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Sinon, les passagers de Première Classe peuvent se restaurer à leurs frais au Café-Véranda du Pont A (sur la photo, avant que l'on y installe les plantes) qui offre un cadre exotique assez plaisant avec de nombreuses plantes tropicales sous serre.

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De même, ils peuvent se mêler aux passagers de Seconde Classe dans le Restaurant à la Carte (en haut) ou le traverser pour atteindre le charmant Café parisien (en bas, avant que l'on y installe les plantes grimpantes) très prisé à l'arrière du Pont B.

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La nourriture de toutes ces salles est fournies par les cuisines du Pont D, ultramodernes pour l'époque, qui sont communes à la Première et à la Seconde Classe. Le cliché où les mitrons sont à l’œuvre est encore pris par Francis BROWNE.
 

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Posté : 2012-05-07 17:11:10 par RÚmi Bouguet | avec 0 comments

Après avoir présenté les principaux officiers commandant le Titanic, place à l'équipage et à ses quartiers. Rappelons qu'il y avait au total 889 officiers, marins, machinistes et membres du personnel de la White Star Line à bord du paquebot en 1912. L'Histoire ne s'est évidemment pas donné la peine de retenir tous leurs destins, ni même leurs visages, aussi ne m'attarderai-je que sur les plus connus ou ceux qui ont eu un rôle particulier.

Restons d'abord dans les marins et les matelots qualifiés. Au final, ils sont relativement peu nombreux, un peu plus d'une trentaine en comptant les officiers.

Le premier, celui que l'Histoire retiendra comme le barreur malheureux doublé d'un lâche et méchant : Robert HICHENS (1882-1940). Quartier-maître à bord du R.M.S. Titanic après avoir été marin-pêcheur puis matelot qualifié dans divers pays du monde. Il joua un double rôle lors du naufrage, dont l'un lui fut beaucoup plus reproché que l'autre. Il y avait six autres quartier-maîtres à bord du navire.
 

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Bien évidemment, parmi les matelots qualifiés, on compte aussi les veilleurs, tenus de se relayer dans le nid de pie du mât avant. Au nombre de six se relayant par équipes de deux toutes les deux heures. L'Histoire n'a retenu que les deux qui étaient de veille au moment funeste. Frederick FLEEET (1887-1965), en haut, et Reginald Robertson LEE (1870-1913), en bas.
 

Frederick-Fleet.gif

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Il y a également deux télégraphistes, employés par la société de communications Marconi et loués à la White Star Line. La Télégraphie Sans Fil (T.S.F.) avait fait son apparition en 1899 et s'était démocratisée sur tous les continents, et commençait alors peu à peu à faire son apparition sur les navires, qui se servaient les uns les autres d'antennes-relais. Les deux opérateurs radio du Titanic étaient John George "Jack" PHILLIPS (1887-1912), à gauche, et Harold Sydney BRIDE (1890-1956), à droite.
 

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La photographie ci-dessous est bel et bien prise dans le poste de communication du Titanic, Harold BRIDE affairé. Remarquez la complexité du télégraphe électrique pour l'époque... et le transmetteur d'ordres vocal (l'espèce de tube en trompette sur le mur à droite). Nous devons cet instantané à Francis "Franck" BROWNE (1880-1960), photographe irlandais embarqué à Southampton et débarqué à Queenstown. C'est à lui aussi que nous devons la dernière photo du navire à flot et bien d'autres clichés de la vie à bord durant le premier jour de la traversée.
 

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Les machinistes. Les membres d'équipage les plus nombreux. C'est tout juste si l'Histoire a retenu le nom du chef-mécanicien venu informer la passerelle que le navire faisait eau, alors les visages... Des centaines de "gueules noires" travaillaient dans les chaufferies et les moteurs du paquebot, lieux où la température frisait parfois les 60°C. À compter également quelques électriciens. Centaines d'anonymes dont beaucoup périrent, ouvriers sacrifiés sur l'autel du progrès, fils de leur époque, une époque où l'on ne s'attardait pas aux charbonniers. Citons-en tout de même un qui a inspiré le personnage de Jack DAWSON à James CAMERON. En effet, un des chauffeurs-mécaniciens s'appelait Joseph DAWSON.

Les personnels aux chambres. Un peu plus de cent-cinquante. Garçons de cabine, femmes de chambres, hôtesses, etc... Tout pour rendre la vie plus agréable aux passagers. La plus célèbre d'entre elle, Violet Constance JESSOP (1887-1971), fut surtout connue puisque, de service sur l'Olympic en 1911, elle assista à la collision de son navire avec un croiseur britannique, puis survécut au naufrage du Titanic avant d'être transférée en tant qu'infirmière (voir photo) en 1915 sur le Britannic (Gigantic renommé et transformé en navire hôpital)... et de survivre également au torpillage de celui-ci en 1916. Qui a dit "une porte-poisse" ?
 

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N'oublions pas tout ceux qui s'affairent aux cuisines, tant en Troisième Classe que dans les restaurants supérieurs. L'Histoire n'a guère retenu que le visage et l'histoire du chef-boulanger, Charles JOUGHIN (1878-1956), sur la photographie ci-dessous, dont le goût un peu trop prononcé pour le Whisky lui a vraisemblablement sauvé la vie. Le chef cuistot du paquebot était Charles PROCTOR (1871-1912), dont on n'a aucune photographie et qui périt dans le naufrage.
 

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Citons pour terminer l'orchestre de la White Star Line affecté au Titanic.

_En haut au centre : Wallace Henry HARTLEY (1878-1912), chef d'orchestre et violoniste.

_En haut à droit : Roger Marie Joseph Léon BRICOUX (1891-1912), violoncelliste français.

_Au centre à gauche : William Theodore "Theo" BRAILEY (1887-1912), pianiste, violoniste... et aviateur !

_Au centre à droite : John Wesley "Wes" WOODWARD (1879-1912), violoncelliste. Las des voyages, il compte ne pas renouveler son contrat à la fin de l'année 1912, songeant à s'établir à Londres pour devenir professeur dans une école de musique.

_En bas à droite : John Law "Jock" HUME (1890-1912), violoniste.

_En haut à gauche : George Alexandre KRINS (1889-1912), violoniste belge désireux d'embrasser une carrière militaire mais tourné vers les arts et la marine marchande par ses parents, jugeant cette voie moins risquée...

_Au centre au centre : Percy Cornelius TAYLOR (1872-1912), pianiste et violoncelliste, embarqué volontairement sur le Titanic pour refaire sa vie à New-York suite à un mariage malheureux, engagé dans l'orchestre deux jours avant le voyage.

_En bas à gauche : John Frederick Preston "Fred" CLARKE (1883-1912), contrebassiste. Engagé lui aussi volontairement sur le Titanic pour aller gérer l'héritage de feu son père récemment décédé à New-York.
 

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Si les musiciens et quelques membres du personnel de chambre snt logés en Seconde Classe près des cabines (ils mangeaient aux cuisines quand ils le pouvaient), le reste de l'équipage est logé dans les quartiers de l'équipage à l'avant, où ils disposent de leur propre restaurant néanmoins desservi par les cuisines de Troisième Classe. Les chauffeurs et les machinistes sont logés non loin des chaudières, à l'entrepont, près des cales de fret et du compartiment postal. Les officiers supérieurs logeaient quant à eux juste derrière la passerelle de commandement (sur la photographie, c'est celle du R.M.S. Olympic mais elle en tous points identique à celle du R.M.S. Titanic, les deux navires étant jumeaux et ne différant pas sur les superstructures externes). Les deux télégraphistes dormaient dans une cabine attenante au poste de communication... et à la première cheminée ! On ne peut pas tout avoir... Ils se restauraient sur place où étaient invités (par deux fois !) à la table du commandant en Première classe.
 

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Posté : 2012-05-05 23:03:39 par RÚmi Bouguet | avec 0 comments

Une petite présentation des officiers supérieurs de la White Star Line sur le R.M.S. Titanic s'impose.

À tout seigneur tout honneur, commençons par le commandant Edward John SMITH (1850-1912), Commodore de la White Star Line. En fin de carrière, sa popularité est alors à son apogée, sa sympathie et sa bonhomie en font un des marins les plus appréciés du moment et certains n'acceptent de voyager que sur les navires qu'il commande. Depuis 1886 qu'il est officier pour la White Star Line, il n'a jamais connu un accroc. Il est faux de dire que son commandement sur la traversée inaugurale du R.M.S. Titanic devait être le dernier avant sa retraite. De fait ce fut le dernier, effectivement SMITH approchait de la retraite mais il n'avait pas encore décidé de raccrocher sa casquette, les archives de la compagnie tendent à prouver que les dirigeants songeaient à prolonger son contrat jusqu'en 1914 afin qu'il commande également la traversée inaugurale du R.M.S. Gigantic en construction.
 

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Ensuite, le commandant en second Henry Tingle WILDE (1872-1912). Un arrivé de dernière minute. Officier à la White Star Line depuis 1897, il servait comme commandant en second sur le R.M.S. Olympic et était considéré comme un officier de qualité. Sans en avoir fait la demande et sans que l'on sache très bien pourquoi, la compagnie le transféra sur le R.M.S. Titanic en remplacement du second officier David BLAIR. Du fait de son grade, il conserva son poste de commandant en second. Du coup, sa nomination rétrograda le commandant en second du Titanic, MURDOCH, et le premier officier LIGHTOLLER. Ce qui créa un froid entre les officiers, bien que ce ne fut la faute de personne, froid qui n'entacha pourtant pas les rapports professionnels. Néanmoins, WILDE était nouveau sur le Titanic, ne connaissait pas l'équipage ni les locaux et il se distingua plus d'une fois en cherchant quelqu'un ou un lieu. On pense également que c'est lui qui a égaré une des deux paires de jumelles de veille, oubliée avec un de ses bagages à quai dans la précipitation à Southampton.
 

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William McMASTER MURDOCH (1873-1912). À la White Star Line depuis 1899, il était commandant en second du Titanic quand l'arrivée de WILDE le rétrograda au rang de premier officier. Il en garda une certaine rancœur qu'il ne laissa pourtant jamais percer, aidant WILDE à s'intégrer tant bien que mal. Marin de carrière, très apprécié et efficace.
 

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Charles Herbert LIGHTOLLER (1874-1952). Jeune mousse ayant connu deux naufrages, puis aventurier en Amérique, il s'assagit au début des années 1900 en tentant de faire carrière dans la marine marchande. Il progresse au mérite et entre à la White Star Line en 1910. En 1912, il reçoit le poste de premier officier du Titanic, mais est rétrogradé au rang de second officier à l'arrivée de WILDE. Son fort caractère l'empêcha d'adresser la parole à WILDE dans d'autres circonstances que professionnelles.
 

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Herbert John "Bert" PITMAN (1877-1961). Troisième officier "junior" du Titanic. Marin de carrière entré à la White Star Line en 1906, sa carrière progresse doucement.
 

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Joseph Groves BOXHALL (1884-1967). Quatrième officier "junior" du Titanic. Tout comme PITMAN, c'est un marin professionnel qui progresse dans les échelons. Il est entré à la White Star Line en 1907.
 

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Harold Godfrey LOWE (1882-1944). Cinquième officier "junior" du Titanic. Engagé volontaire dans la marine, il se taille peu à peu une place au mérite dans la marine marchande et entre à la White Star Line en 1911 où il gagne une réputation d'officier efficace parfois zélé.
 

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James Paul MOODY (1887-1912). Sixième officier "junior" du Titanic. Enfant de la haute bourgeoisie, très éduqué, élève officier dans la Marine britannique, il passe son diplôme d'officier en 1911 et entre à la White Star Line où il ajoute une certaine touche de snobisme bourgeois et flegmatique toute britannique à l'équipage, ainsi qu'un certain mépris pour les classes inférieures. C'est lui qui repousse les deux chauffeurs retardataires à Southampton, leur sauvant involontairement la vie.
 

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Posté : 2012-05-05 22:27:33 par RÚmi Bouguet | avec 0 comments

Le grand jour est arrivé pour le Titanic. Moins d'une semaine après ses essais, le voilà qui s'apprête à partir pour sa traversée inaugurale de l'Océan Atlantique. Traversée qui a failli ne pas avoir lieu. 1912 est une année à grèves dans le Royaume-Uni, particulièrement dans le secteur minier, les mineurs réclamant de meilleures conditions de travail et surtout une augmentation de salaire. C'est ainsi que le Titanic, à la veille de son départ, n'est pas approvisionné en charbon... La White Star Line fait alors en toute hâte affréter un train de marchandise qui parcourt la côte sud de l'Angleterre, embarque une cargaison de charbon dans une mine non paralysée mais vide surtout les soutes de tous les navires de la White Star Line dont le départ n'est pas imminent. L'opération est menée en catastrophe mais avec succès dans la nuit du 9 au 10 Avril 1912 et le Titanic est finalement approvisionné à plein au petit matin du 10 Avril 1912.

Le Mercredi 10 Avril 1912, le Titanic est à quai dans le port britannique de Southampton.
 

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À l'aube, les hommes d'équipage, le personnel et les machinistes embarquent, 889 personnes au total sur les 891 prévues, deux chauffeurs manquant à l'appel. Plus tard dans la matinée, les passagers embarquent. 935 personnes prennent ainsi place à bord du paquebot, dont 31 pour traverser la Manche ou pour se rendre en Irlande. Parmi ces passagers trans-Manche, une dizaine de journalistes et de photographes rendant compte du luxe et de la somptuosité du navire pour en faire profiter les lecteurs des journaux européens sans devoir pour cela se rendre à New York. À 12h15, le paquebot largue les amarres et lève l'ancre. Alors que les passerelles sont retirées, les deux chauffeurs manquants se présentent au sixième officier MOODY à la passerelle de la Troisième Classe. MOODY refuse de les laisser embarquer et retire la passerelle, les rabroue et leur signifie leur licenciement. Pas de retardataires à la White Star Line. Tiré par deux remorqueurs, le Titanic s'éloigne du quai et s'engage dans la rade, mettant ses hélices en marche.
 

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La mise en marche des gigantesques hélices du transatlantique provoque alors un incident qui aurait pu avoir de graves conséquences et qui aurait pu s'appeler le "Choc des Titans". Les remous provoqués par le Titanic secouent sévèrement les navires encore à quai. Parmi ceux-ci, le S.S. (SteamShip) New York de l'American Line, qui fut lui aussi lors de son lancement en 1888 et en son temps jusqu'en 1893 (alors qu'il répondait au nom de S.S. City of New York pour le compte de l'lnman Line) le plus grand et le plus luxueux paquebot transatlantique du monde, comme le Titanic l'est alors en 1912, et détenteur du Ruban bleu. Néanmoins, à taille comparée, il est deux fois plus petit en tous points que le Titanic, qui le surplombe de toute sa masse. C'est donc au moment où le Titanic passe à proximité du New York, amarré derrière le R.M.S. Oceanic (autre paquebot transatlantique lancé en 1899 appartenant à la White Star Line), que les remous provoqués par le passage du géant rompent les amarres du New York. Pire, le vieux paquebot est littéralement aspiré par le Titanic et les deux navires se rapprochent inexorablement sous les yeux des passagers du Titanic et de la foule réunie sur le quai de Southampton. Quelques cris d'effroi percent le silence dans une ville qui semble retenir son souffle. Voyant cela, le commandant SMITH du Titanic ordonne de renverser la vapeur et de faire machine arrière toute. Les courants aspirants provoqués par les hélices du Titanic s'inversent et repoussent finalement le New York, qui est pris en remorque par un remorqueur venu à la rescousse. Les deux navires se sont frôlés à deux mètres. Un photographe britannique, débarqué avec ses plaques à Cherbourg, est parvenu à immortaliser l'instant. Un autre photographe parvient à saisir l'après-incident, tandis que le New York est remorqué vers son quai d'origine derrière l'Oceanic et que le Titanic s'éloigne.
 

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Le S.S. City of New York, photographié en 1892.

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Photographie prise depuis le R.M.S. Titanic alors que le S.S. New York est à deux mètres de le percuter.

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Photographie prise depuis les quais de Southampton juste après l'incident. On y voit le R.M.S. Oceanic à quai et le S.S. New York remorqué vers son quai (le remorqueur est à gauche, le panache de fumée vient de sa cheminée) après avoir évité la collision avec le R.M.S. Titanic qui s'éloigne.


Le Titanic quitte finalement la rade de Southampton à 12h35, sans que l'incident ne l'ait retardé, malgré les conséquences fâcheuses qu'il aurait pu avoir (le New York aurait probablement été irrémédiablement endommagé tandis que le Titanic aurait sûrement dû annuler la traversée pour réparations).
 

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Six heures de voyage plus tard, à 18h35, le Titanic est en vue de Cherbourg, dans le Cotentin, en Normandie, en France. Il jette l'ancre dans la rade, ne pouvant atteindre le port trop peu profond pour un navire de son tonnage, problème commun à tous les ports de commerce français et qui ne sera résolu qu'avec la reconstruction du Havre après la Seconde Guerre mondiale (1939-1945).
 

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Ce sont deux navires de transfert de la White Star Line qui amènent les passagers à bord du Titanic après les avoir embarqué sur les quais de Cherbourg. Le S.S. Nomadic (à gauche) et le S.S. Traffic plus petit (à droite).

 

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23 passagers trans-Manche débarquent, plus un passager qui devait aller à New York mais qui avait interprété l'incident du New York comme un mauvais présage et qui avait donc demandé à débarquer en France... pour voyager avec la Cunard. 274 passagers supplémentaires embarquent sur le Titanic, surtout des Première Classe, portant le total de passagers du navire à 1.185. Le paquebot transatlantique quitte Cherbourg sans incident à 20h10 pour voyager de nuit vers l'Irlande.

À noter que le S.S. Nomadic est resté à flot tout au long du XXème siècle, sous différentes compagnies puis propriétaires privés. Il est aujourd'hui en restauration dans les chantiers navals de Queen's Island à Belfast (où a été construit le Titanic), en faisant le navire à la plus grande longévité de l'Histoire. Le Nomadic est photographié ci-dessous en 1921 lors d'un de ses voyages de transfert vers l'Olympic, jumeau du Titanic, à Cherbourg également.
 

Nomadic---Olympic-1921.jpg


À 11h30 au matin du Jeudi 11 Avril 1912, le Titanic arrive à Queenstown, aujourd'hui Cobh, en Irlande (du Sud). Les 8 derniers passagers trans-Manche débarquent, 147 passagers embarquent. À 13h30, le R.M.S. Titanic quitte Queenstown avec 2.213 âmes à bord, 1.324 passagers et 889 hommes d'équipage. C'est la dernière fois qu'il voit la terre. Les 31 passagers trans-Manche, l'homme au funeste pressentiment débarqué à Cherbourg et les deux chauffeurs peu ponctuels ne savent pas encore à quoi ils viennent d'échapper. Trente-quatre chanceux. Un photographe irlandais, Francis "Franck" BROWNE (1880-1960) immortalise pour la dernière fois le R.M.S. Titanic à flot dans le chenal de Queenstown.
 

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Posté : 2012-05-05 22:14:09 par RÚmi Bouguet | avec 0 comments
 

Le premier grand jour, le premier test pour le Titanic arrive après un an de travaux de finitions, le Mardi 2 Avril 1912. Il sort pour ses premiers essais en mer. Ils doivent le mener au port britannique de Southampton, sur la côte sud de l'Angleterre. En partance de Belfast, il est un temps glorieusement escorté par son jumeau l'Olympic qui part pour Halifax. Pendant ce temps, les ouvriers sont mobilisés sur le chantier du R.M.S. Gigantic alors en construction sur la cale de l'Olympic, face à celle du Titanic à Queen's Island.
 

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Port de Belfast, le R.M.S. Olympic à quai (à gauche) aux côtés de son frère jumeau le R.M.S. Titanic (à droite) encore en finition à quai, le Lundi 1er Avril 1912.

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En route vers les essais en mer.

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Sortie du Chenal de Queen's Island & Belfast.


Durant les essais, outre l'inauguration des différents restaurants par les ouvriers et les officiels de la compagnie, sont testées les portes étanches. Les fameuses portes étanches dont la légende a retenu qu'elles rendaient le paquebot insubmersible. En réalité, chaque paquebot dès la fin du XIXème siècle est équipé de cloisons étanches. La nouveauté avec celles du Titanic, c'est que celles verrouillant les quatre premiers compartiments s'étendent du Pont G (le plus bas, la cale) au Pont D (plancher de la Troisième Classe), rendant ainsi complètement étanches les compartiments de la cale avant sur les quatre-vingts premiers mètres du navire. Ca c'est une nouveauté. Les paquebots de la Cunard (déjà modernes pour leur temps) avaient inauguré la mode des cloisons étanches tout le long du navire, mais les portes étanches s'arrête aux alentours de la mi-cale (Pont E pour les autres compartiments du Titanic), pour des raisons pratiques concernant le chargement et le compartimentage des cales. Supérieur à la norme donc mais rien de particulièrement fondamental. L'insubmersibilité du Titanic est une légende post-naufrage, quelques journaux ayant fait état de la sécurité supplémentaire qu'offraient ces cloisons complètes, tandis qu'un ouvrier aurait lancé "Dieu lui-même ne pourrait pas couler ce bateau" le jour du lancement.

 

Porte-etanche-du-Titanic.jpg
Unc cloison étanche du Titanic durant le chantier.

Deuxième mesure de sécurité testée lors des essais, les canots de sauvetage. Les fameux canots pas assez nombreux. Le Ministère du Commerce du Royaume-Uni donne pour consigne un nombre de canots en fonction du tonnage du navire : 1 canot pour 3.000 tonneaux. Cota certes acceptable pour les navires marchands mais dont la proportion est totalement inadéquate pour des paquebots emportant des milliers de personnes. Des réformes sont proposées mais le débat traîne en longueur, ralenti par les compagnies peu désireuses de devoir s’acquitter d'une mise en cale sèche de leur flotte le temps d'installer des bossoirs supplémentaires ou ceux du nouveau type Welin capable de "recharger" un canot, permettant ainsi à un seul bossoir de mettre à la mer plusieurs canots.

Le débat a d'ailleurs été relancé à la fin du chantier du Titanic par l'ingénieur Alexander CARLISLE, qui a tenté de persuader ISMAY d'installer une rangée de support permettant de doubler le nombre de canots de sauvetage, ce à quoi ISMAY a répondu en acceptant volontiers de faire installer de suite les nouveaux et très chers bossoirs Welin mais sans pour autant doubler le nombre de canots de sauvetage pour ne pas encombrer le Pont supérieur (Pont des Embarcations) qui pourrait servir de pont promenade, ne pas nuire à la beauté extérieure du navire et surtout ne pas montrer que la White Star Line manque à ce point de confiance dans ses navires qu'elle les surcharge de canots...

 

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Des Canots de Sauvetage "Standard" bossés aux nouveaux bossoirs Welin sur le Pont supérieur du Titanic durant les essais.

À sa décharge, le Titanic est au-dessus des normes de sécurité au niveau du nombre de canots : vingt embarcations pour 46.238 tonneaux.

_Quatorze Canots de Sauvetage "Standard", en bois plein, de 18,5 mètres de long et d'une capacité de soixante-cinq personnes, testés avec succès dans une Mer d'Irlande agitée et avec le poids de soixante-quinze personnes.

_Deux Canots de Secours, en bois plein, de 14 mètres de long, déjà bossés prêts à descendre, d'une capacité de quarante personnes, testés avec succès dans une Mer d'Irlande agitée et avec le poids de cinquante personnes.

_Quatre Radeaux ou Canots pliables de type Engelhardt, coque de bois et flancs de toile repliés, longs de 16 mètres et d'une capacité de quarante-sept personnes, testés avec succès dans une Mer d'Irlande agitée et avec le poids de cinquante-cinq personnes. Un seul défaut, leur dépliage nécessite une certaine pratique non encore répandue dans les équipages et ils ne s’adaptent pas aux bossoirs Welin.

Ces canots sont testés en pleine Mer d'Irlande dans la matinée du 3 Avril 1912.
 

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Des canots du Titanic à quai juste avant d'être chargés pour les essais. On peut apercevoir un Canot de Secours, plus court que les autres Canots de Sauvetage "Standard", quatrième en partant du fond.


Au matin du Jeudi 4 Avril 1912, le Titanic, bien qu'enregistré à Liverpool (siège de la White Star Line), atteint Southampton d'où il doit partir une semaine plus tard vers New York pour sa croisière inaugurale.

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Le R.M.S. Titanic à quai à Southampton (sud de l'Angleterre) après ses essais en mer, dans la journée du Vendredi 5 Avril 1912.

Posté : 2012-05-05 21:48:48 par RÚmi Bouguet | avec 0 comments
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Rémi Bouguet

Né en 1991 à Tours, en France, Rémi Bouguet suit d'abord des études scientifiques au lycée avant de se tourner vers l'histoire à l'université. Arrivé au Québec en échange universitaire en 2010, il y reste pour effectuer sa maîtrise à l'Université Laval. Il travaille sur les Chemins du Roy de la rive sud.

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