Les passagers de la Troisième Classe sont pour la plupart des immigrants de trente nationalités différentes (Europe, Asie, Moyen-Orient), pauvres voulant refaire leur vie en Amérique, parfois des familles entières (et nombreuses). La famille la plus nombreuse à bord est la famille SAGE, avec onze membres, suivie par la famille GOODWIN avec huit membres (il en manque un sur la photographie, Sydney Leslie, pas encore né...). L'autre photographie (en bas) montre la famille GOLDSMITH, également à bord mais dont le bébé que l'on voit est décédé en 1911. Un interprète polyglotte, MÜLLER, est chargé de faciliter les communications. Inutile de dire que l'Histoire a retenu peu de noms et encore moins de visage de ces immigrants, méprisés par la société mirobolante de la Belle Époque... En tout, il y avait 714 passagers de Troisième Classe, 464 hommes, 167 femmes et 83 enfants.
La Troisième Classe offre des installations confortables et s'inscrit dans la mouvance du début du XXème siècle qui, voyant le nombre d'immigrants en Amérique augmenter, veut améliorer les conditions de la traversée.
Ainsi, la Troisième Classe du Titanic est-elle composée de cabines à deux, quatre ou six couchettes superposées et équipées d'un lavabo. Elle se distingue ainsi de la plupart des navires en service qui n'offrent que des dortoirs communautaires, tout en coûtant à peine plus cher, entre 2£ (15$) et 7£ (40$) de 1912 (100£/350£ d'aujourd'hui, environ 150€/500€, 200$/550$), ce qui représente bien souvent une grande part des économies des immigrants qui laissent tout derrière eux, vendent tous leurs biens, dans l'espoir d'une vie meilleure au Nouveau Monde. Comme dans les classes supérieures, la Troisième Classe est équipée de douches communautaires et de cabinet de toilettes, un stewart étant chargé d'en montrer le fonctionnement aux passagers ! Les cabines sont séparés en plusieurs compartiments. Deux pour les émigrants solitaires, un pour les familles (v. plan).
La salle à manger de la Troisième Classe est à l'arrière. Reprenant le principe des grandes tables communautaires en usage à l'époque, elle innove néanmoins en confort en offrant aux passagers des chaises fixes tournantes à dossier au lieu des grands bancs. En-dessous se trouvent les cuisines, réservées à la Troisième Classe. Plus petites que celle des classes supérieures alors qu'elles doivent servir un plus grand nombre de passagers, il faut organiser deux services. Un pour l'avant du navire et un pour l'arrière, à quarante-cinq minutes d'intervalle.
Pour prendre l'air, les passagers peuvent se rendre sur le Pont de Poupe, où débouche l'escalier principal de la Troisième Classe. Il leur est strictement défendu de se mêler aux autres classes, et ce à cause de la législation américaine sur l'immigration sanitaire. Les immigrants de Troisième Classe devront en effet se soumettre à un contrôle sanitaire à leur arrivée à New York... ainsi que tout passager et membre d'équipage en contact avec eux ! Par conséquent, la Troisième Classe est séparée des autres compartiments du navire par des grilles, qui doivent être ouvertes en cas d'urgence. Il n'y avait là rien d'anormal, mais cela compliquait l'accès aux canots sur le Pont supérieur et à l'avant qui plus est. L'accès le plus simple étant par le Pont de Poupe, accéder aux couloirs de l'équipage menant au Pont B et au Pont C qu'il fallait alors traverser pour rejoindre l'avant...
La Troisième Classe avait également son salon communautaire où tout le monde se retrouvait en soirée pour faire la fête. Il était situé à l'avant alors que la majorité des cabines étaient à l'arrière.