La piscine est une installation nouvelle mais qui existe déjà sur plusieurs paquebots. Mais celle du Titanic, de 10 mètres de long, 4,3 mètres de large et 1,8 mètre de profondeur est la plus grande du moment et la plus luxueuse, toute de marbre. Elle est remplie d'eau de mer, vidée par gros temps. Des cabines de change sont à disposition des passagers. Des créneaux horaires sont instaurés en journée suivant le sexe (les lieux de baignade n'était pas mixtes dans la société de 1912) et les cabines afin d'éviter la surpopulation, il y a même un créneau pour la Seconde Classe en début d'après-midi. Les hommes de Première Classe y ont tous accès entre 6h30 et 8h30 le matin, ce qui leur fait deux créneaux.
À côté de la piscine se trouvent les Bains turcs (équivalent du Spa actuel), équipés pour le repos et de caissons-vapeurs électriques.
Enfin, le court de squash. Nouveauté très populaire sur l'Olympic, l'organisation en a été améliorée sur le Titanic. Il faut prendre un ticket auprès du Commissaire de Bord Herbert McELROY (au poste du Pont D au Grand Escalier), valable une heure, bien que l'on puisse rester plus longtemps si personne n'attend son tour, ce qui apparemment n'est jamais arrivé tant l'installation était populaire. Un moniteur de squash, Frederick WRIGHT (1888-1912), est chargé de veiller aux rotations mais également de dispenser des cours ou de servir de partenaire.
Les cabines de Première Classe, si elles sont toutes luxueuses, sont assez variées. Les prix varient de 30£ à 870£ de 1912 (1.500£ à 45.000£ d'aujourd'hui, quelque chose comme 2.000€/60.000€, 2.200$/65.000$). En effet, certaines familles très aisées ne le sont pas au point de s'offrir des suites de luxe. La décoration des lambris varie suivant le style, le bois et les couleurs utilisées en dépendant. Il y a le style Adam (acajou blanc), Régence (acajou doré), Louis XVI (noyer, chêne et sycomore doré et blanc), Louis XV (chêne sculpté gris), Louis XIV (chêne sculpté), Géorgien (noyer moulé), Empire (blanc doré et soieries), Hollandais (chêne et sycomore), Queen Anne (acajou et soie), et Renaissance (citronnier). Cela influe fortement sur le choix des cabines pour la haute société !
Rappelons que l'hygiène n'est pas encore une activité quotidienne de l'époque, et dans un tel étalage de luxe l'absence de salles de bain et de toilettes pourrait choquer notre éthique du XXIème siècle. Même les suites les plus luxueuses ne disposent que d'un lavabo permettant les ablutions nécessaires. Cela étant, le Titanic est en avance sur son temps car il dispose d'une salle de bain au centre du Pont B, où l'on peut réserver une baignoire pour une heure ou une cabine de douche. Il y a même des cabinets de toilette à chaque pont, ce qui limite l'usage des pots de chambre à vider par le hublot (en usage à l'époque). Deux cabinets au Pont B, un au Pont A.
Il y a les suites pour multimillionnaires, pour 870£, au Pont B à l'avant. Elles sont au nombre de deux et occupent tout l'espace qui leur est attribué. Elles sont divisées en trois parties et disposent d'un pont promenade privé ouvert de 15 mètres de long (en bas à gauche). Elles sont partagées en trois parties, trois cabines en une. Il s'agit de la Suite B-52/54/56 et de la Suite B-51/53/57. Pour l'anecdote, dans le film "Titanic" (1997) de James CAMERON, Rose DEWITT-BUKATER, sa mère et son fiancé occupent l'une de ces suites, la B-52/54/56, qui était en réalité celle de Joseph Bruce ISMAY en personne ! Sur cette photo il s'agit du salon de la Suite B-51/53/57, mais les deux étaient très semblables.
Il y a les suites et cabines luxueuses, qui ne sont néanmoins pas celles pour les multimillionnaires. Elles couvrent généralement deux ou trois cabines habituelles, parfois d'un pont promenade intérieur. Elles s'étendent au centre du Pont B et leur prix est compris entre 200£ et 500£ suivant la possession ou non de pont privé. Enfin, les cabines les plus modestes, entre 30£ et 150£ suivant l'éloignement des salons, une pièce ou deux, richement décorées néanmoins, à l'avant du Pont C.
La Première Classe dispose également d'un barbier-coiffeur, partagé avec la Seconde Classe, près des cuisines et de l'Escalier arrière, au Pont E.
Extérieurement, les passagers de Première Classe disposent du Pont A pour prendre l'air. Ce pont longe les superstructures du navire et est équipé de nombreux transats pour se prélasser durant la croisière. Tous ces clichés ont été pris par Francis BROWNE. J'ignore qui est le marin moustachu que l'on voit. Le couple, je parierais sur les époux HAYS, sous réserve, ce n'est qu'une supposition étayée par d'autres photographies. En revanche, je suis sûr et certain de l'identité du garçon qui joue au shuffleboard (sorte de curling se jouant sur le pont d'un navire), il s'agit de Robert Douglas SPEDDEN (1905-1915), qui s'amuse avec son père Frederic Oakley SPEDDEN (1867-1947).
Le Pont supérieur, libre d'embarcations, était également disponible pour la promenade, voir la passerelle de commandement et accéder au gymnase depuis l'extérieur.
La Première Classe se distingue également par ses grands salons.
Le fumoir du Pont A, gigantesque et magnifique, où se réunissaient les hommes après le souper pour y discuter et jouer aux cartes, parfois jusqu'à des heures avancées dans la nuit. Les épouses étaient priées de ne pas y mettre les pieds. Étiquette de la haute-société oblige, même s'il semble que Molly BROWN et Helen Churchill CANDEE, féministes activistes y aient fait une apparition remarquée au soir du Vendredi 12 Avril 1912 pour "souhaiter bonne nuit à ces hommes" tout en leur rappelant que leurs épouses se languissent dans leurs suites... Le fumoir était également équipé d'une fausse cheminée en vrai marbre, surplombée d'un tableau représentant le port de New York.
Le Grand Salon du Pont A, lieu de réunion pour discuter et se rencontrer durant la journée, lieu de vie donc, qui pouvait se transformer en église les jours de messe. Il était attenant au Salon de Lecture et d’Écriture, garni d'une belle bibliothèque, où l'on pouvait lire en silence et à son aise, ou rédiger son courrier.
Enfin, le Salon de Réception du Pont D (en bas à droite), parfois appelé Salon de Thé car... c'est à ça qu'il servait ! Le thé y était servi entre 16h et 17h00 et l'orchestre y jouait dans les mêmes horaires puis de 20h à 21h15 quand ces dames y revenaient pour le transformer en une sorte de fumoir au féminin. C'était la seule salle du Titanic équipée d'un piano à queue (Stainway). Il était attenant à la Salle à Manger.
De l'autre côté de la Salle à Manger se trouvait le Salon du Personnel. Les domestiques se mêlaient ici au personnel de l'équipage à leurs heures perdues.
Il y a une Salle à Manger en Première Classe, au Pont D, les repas sont compris dans le prix du billet. D'une capacité de 554 personnes, avec 115 tables pour 2 à 12 convives, c'est là que des dîners d'honneur sont organisés ou que le commandant fait honneur à une table. Les enfants de moins de 12 ans n'y sont admis que s'il y a de la place (les gouvernantes les font en général manger en cabine).
Sinon, les passagers de Première Classe peuvent se restaurer à leurs frais au Café-Véranda du Pont A (sur la photo, avant que l'on y installe les plantes) qui offre un cadre exotique assez plaisant avec de nombreuses plantes tropicales sous serre.
De même, ils peuvent se mêler aux passagers de Seconde Classe dans le Restaurant à la Carte (en haut) ou le traverser pour atteindre le charmant Café parisien (en bas, avant que l'on y installe les plantes grimpantes) très prisé à l'arrière du Pont B.
La nourriture de toutes ces salles est fournies par les cuisines du Pont D, ultramodernes pour l'époque, qui sont communes à la Première et à la Seconde Classe. Le cliché où les mitrons sont à l’œuvre est encore pris par Francis BROWNE.