Mot de passe oublié

Lundi 15 Avril 1912.

À 0h20, ordre est donné aux machinistes d'éteindre les chaudières et d'en évacuer la pression, afin d'éviter tout risque d'explosion et de coup de grisou dû au choc thermique entre l'eau à -2°C et la salle des machines à +60°C... À 0h25, il en résulte l'expulsion brutale par les trois cheminées de toute la vapeur sous pression. Cette purge produit un sifflement sourd, fort et continu, bruit qui persistera jusqu'à 0h40. Les machinistes sont ensuite invités à se réfugié à l'arrière, dans la chaufferie n°1, protégée par les pompes placées à cet effet par ANDREWS, afin de maintenir un rendement minimal pour faire fonctionner la dynamo du Titanic afin d'alimenter le navire en électricité, ce qui aidera aux opérations de sauvetage et permettra surtout de continuer à émettre par T.S.F..

À partir de 0h10, les officiers commencent à bosser les canots de sauvetages. Le 1er officier William MURDOCH est chargé de l'embarquement à tribord (droite), tandis que le 2nd officier Charles LIGHTOLLER est chargé du côté bâbord (gauche). À 0h25, le commandant SMITH répète l'ordre de faire monter en priorité les femmes et les enfants. Il n'y a que 1.178 places à bord des canots pour 2.213 personnes à bord du paquebot.

Canots.png


À 0h30, le commandant demande à l'orchestre de jouer quelque chose d'enjoué pour éviter la panique sur le pont des embarcations. Voilà donc les sept musiciens, armés de leurs violons, violoncelles et contrebasse, qui s'installent près du gymnase et commencent à jouer. Leur premier morceau est, selon les témoignages, "The Wedding Dance Waltz".

Note : Petit effort d'imagination cher lecteur. Vous vous imaginez en train de couler en musique ? C'était vraiment une autre époque...
 

 

Par ailleurs, l'évacuation commence lentement. En fait non, elle ne commence pas. Les passagers de Première Classe, les premiers prévenus et dont le pont donne directement sur le pont des embarcations, ne croient pas au naufrage. Seuls quelques hommes au fumoir sont bien forcés de constater que l'alcool ne se tient plus droit dans leurs verres et pour cause, le Titanic penche... Toujours de plus en plus vers l'avant, doucement, et cette fois-ci vers bâbord, du fait des opérations de pompage et des compartiments transversaux, la gîte se fait du côté opposé à la brèche. Mais rien qui ne se ressente vraiment du côté passager. Ceux-ci patientent dans le Grand Escalier ou dans le gymnase, aucun ne veut sortir par ce froid et surtout vu le bruit assourdissant provoqué par la purge des chaudières. L'ambiance est plutôt détendue, même si les stewards distribuent des gilets de sauvetage et que quelques hommes de confiance (Archibald GRACIE notamment) ont été mis au courant de la situation par SMITH, ANDREWS ou ISMAY. Certains passagers retournent même purement et simplement à leurs cabines, d'autres refusent d'en sortir au milieu de la nuit. Au gymnase, on voit même John Jacob ASTOR disséquer au couteau un gilet de sauvetage pour montrer à son épouse Madeleine comment c'est fait à l'intérieur...

Gilet-de-Sauvetage.jpg


Les passagers de Seconde Classe sont aussi avertis, mais l'incrédulité ralentit également les préparatifs. Certains se dirigent tout de même vers le pont des embarcations et vont se mêler à la foule au gymnase, certains profitent même de l'occasion pour aller voir de leurs yeux le Grand Escalier et sa coupole. Quant aux passagers de Troisième Classe, eux, ils sont au courant que le bateau prend l'eau. Le quartier de l'équipage et les cabines à l'avant du Pont E et du Pont D commencent à être inondés. Cela étant, ils se groupent dans leur salon en attendant des instructions qui ne viennent pas. Entendons-nous bien, l'équipage ne les martyrise pas, ne les brime pas, ne les grillage pas, il les a tout simplement oubliés dans le désordre en cours. Les grilles qui devaient être ouvertes en cas d'urgence, celles qui permettent de rejoindre l'escalier avant de la Seconde Classe pour rejoindre le pont des embarcation, restent fermées, faute de personnel pensant à les ouvrir. Cela complique sévèrement l'accès aux ponts supérieurs mais sans le rendre impossible. Ainsi, de petits groupes de passagers empruntent l'escalier arrière, arrivent à la poupe et empruntent illégalement mais sans qu'on leur en tienne rigueur les couloirs des équipages pour parvenir finalement au Grand Escalier de Seconde Classe qui leur permet enfin d'arriver au pont. Cet exemple n'est pas suivi par les familles qui préfèrent attendre les consignes auprès de leurs enfants. Ce sont donc des immigrants solitaires des deux sexes qui parviennent sur le pont des embarcation et ce dès le début de l'évacuation.


Alexander's Ragtime Band.


Sur la passerelle, à 0h35, le commandant en second Henry WILDE repère un mât allumé sur tribord, à environ dix miles. Il s'agit du chalutier Samson, qui ne dispose pas de la T.S.F., pris dans les glaces et dont l'équipage est au repos. Néanmoins, SMITH décide de tirer les dix fusées du navire pour attirer l'attention. Il faut savoir qu'à l'époque, les fusées étaient blanches et servaient à tout : signaux entre navires d'une même compagnie, signalement d'un danger ou d'un obstacle, signalement de position, bref à faire signe sans pour autant que ce soit grave. SMITH ordonne également de tenter d'entrer en communication par télégraphe optique. À 0h40 l'évacuation commence enfin, les passagers sont invités à se rendre sur le pont tandis que le bruit des cheminées s'estompe et s'éteint. Alors que l'embarquement dans les canots commence, de la passerelle part la première fusée qui illumine le ciel et qui est acclamée par les passagers comme une fusée de feux d'artifices...

fusee2.jpg


À 0h45, LIGHTOLLER charge le premier canot à bâbord, le canot n°4. LIGHTOLLER applique strictement à la lettre les consignes du commandant. Un peu trop. Il ne laisse aucun homme monter. Le canot de 65 places accueille ainsi 35 personnes, dont 4 hommes d'équipage pour manœuvrer. À bord se trouve Madeleine ASTOR, enceinte. Son mari, qui était descendu pour l'installer, demande s'il peut l'accompagner au vu de "sa situation délicate". LIGHTOLLER le regarde de travers et John Jacob ASTOR n'insiste pas et sort du canot... La chaloupe est alors affalée mais, sur ordre de LIGHTOLLER, arrêtée au niveau du Pont A pour pouvoir embarquer des passagers de seconde et de Troisième Classe, qui sont invités à embarquer mais qui se rendent compte une fois sur place que le pont est vitré et qu'ils ne peuvent embarquer. Le temps que l'information remonte, les officiers s'occupent déjà des autres embarcations et le canot n°4 reste donc planté là, à trois mètres sous les bossoirs et à 25 mètres au-dessus des flots.

Evacuation.jpg

 

À 0h45 toujours mais du côté tribord, MURDOCH fait également affaler son premier canot. Il s'agit du canot n°7. MURDOCH se montre plus souple avec les consignes concernant les hommes car il se heurte à un drôle de problème : les passagers, refusant toujours de croire au naufrage, ne veulent pas embarquer ! MURDOCH compense donc le manque en autorisant les hommes à monter une fois que les femmes ont embarqué. Malgré cela et malgré les consignes, le canot n°7 ne descend qu'avec 28 personnes à bord pour 65 places...

Valse Septembre.


À 0h55, une seconde fusée est tirée tandis que le canot n°6 est mis à l'eau à bâbord. 23 personnes à bord pour 65 places, dont quatre hommes d'équipage. LIGHTOLLER assurant le tri, les évacués ne sont que des femmes de Première Classe, dont Margaret BROWN. Parmi les marins, on compte le veilleur Frederick FLEET et le quartier-maître Robert HICHENS qui est bien décidé à garder la barre (on se rappelle pourtant que ça ne lui avait guère réussi une heure plus tôt...). Ne reste donc que trois rameurs seulement. Molly BROWN, alors que le canot descend, ordonne sèchement d'arrêter la descente et interpelle LIGHTOLLER (et SMITH à ses côtés) pour qu'il fasse monter un rameur en plus. C'est à ce moment qu'un passager italien de Troisième Classe, Philippo ZENNI, chute dans la chaloupe et s'y casse le bras, sans que l'on sache très bien s'il a sauté volontairement dedans où s'il est tombé en manœuvrant le bossoir lors de l'arrêt brutal intimé par Molly BROWN. Aux côtés du 2nd officier, le major PEUCHEN, yachtman, propose alors ses services. Notons que LIGHTOLLER lui avait sévèrement défendu l'accès au canot quelques minutes plus tôt. Alors que SMITH veut faire remonter le canot pour lui permettre d'embarquer, l'officier demande à PEUCHEN de faire ses preuves en descendant à la corde les huit mètres qui le sépare de l'embarcation. PEUCHEN ne se fait pas prier et y parvient... plantant là et sur le pont son ami (également yachtman) le banquier MOLSON qu'il avait invité sur le Titanic et qui, lui, n'a pas cherché à monter dans la chaloupe... Le canot n°6 touche finalement l'eau avec 25 personnes à bord.

fusee1.jpg
 

À 0h55 toujours, côté tribord, le canot n°5 est affalé. MURDOCH fait toujours face au refus des passagers d'embarquer. De même que pour le canot précédent, il fait monter les hommes mais malgré cela l'embarcation de 65 places n'est qu'à moitié remplie. Tous les rescapés sont de Première Classe à l'exception de deux hôtesses, placées de force par ISMAY (qui a pris le temps de passer un vêtement chaud par dessus son pyjama, puis de remettre sa robe de chambre, une écharpe et son chapeau...) qui s'en retourne aussi vite pour convaincre ses passagers de sauver leur vie. Le canot n°5 touche l'eau avec 36 personnes à bord seulement, dont huit membres d'équipage. C'est le 3ème officier "junior" Herbert PITMAN qui est chargé d'en prendre la direction.

Emperor Waltz.

William MURDOCH, s'embarrassant moins du tri homme/femme, gagne du temps et se montre plus efficace que Charles LIGHTOLLER, tant au nombre de passagers embarqués que sur la rapidité d'évacuation. Cinq minutes plus tard, à 1h00, le canot n°3 est affalé à tribord avec 40 personnes à bord pour 65 places.

Smoky Mokes.

 

Sur la passerelle, on s'interroge toujours sur l'absence de réponse du mystérieux navire aperçu au loin. Une troisième fusée est tirée. Ce manège ne passe cependant pas inaperçu. Le Californian, à 20 miles, s'il ne peut apercevoir les lumières du Titanic trop loin en voit néanmoins les fusées. Croyant que cela provient du navire qu'il aperçoit dans ses jumelles, le silencieux Samson, l'officier de quart tente de prendre contact par télégraphe optique sans succès. Il n'ose pas réveiller le radio mais réveille le capitaine, qui refuse de s'en inquiéter, interprétant les fusées comme un signal de compagnie pour l'arrêt au milieu des glaces et se rendort aussi sec.


Hunky Dory.

 

À 1h10, le canot n°8 est mis à l'eau à bâbord avec 28 personnes à bord pour 65 places. Que des femmes (dont la comtesse Lucy Noël Leslie Martha de Rothes [1878-1956]) à l'exception de quatre membres d'équipage, LIGHTOLLER se montre toujours aussi intransigeant. ISMAY se distingue lors de l'embarquement en voulant faire descendre le canot plus rapidement. Il s'empare d'un cordage et presse la manœuvre, s'attirant les foudres du 5ème officier "junior" Harold LOWE : "Nous ne pouvons pas aller plus vite ! Vous allez tous me les noyer ! Dégagez de là !". ISMAY, dans un sursaut de fierté, lui répond : "Savez-vous qui je suis ?" Ce qui lui vaut cette réplique pour le moins cinglante : "Un passager ! Et c'est mon poing sur la gueule si vous restez dans nos jambes !". ISMAY s'en va voir à tribord s'il y est... 


Granada.


 

Sur l'extrait de "Titanic" (1997) ci-dessous, on peut voir le canot n°8 à droite, celui au centre étant le n°6, sur lequel s'engage un vif débat entre HICHENS et Molly BROWN qui veut retourner embarquer plus de passagers alors que le matelot craint que trop de monde embarque et fasse chavirer la chaloupe ou que les remous du navire ne le fasse couler. Le canot se range à l'avis de HICHENS, qui servira néanmoins de bouc émissaire après coup...

Canot-6.jpg


À 1h10 également, à tribord, le canot n°1 (Canot de Secours) est mis à l'eau. C'est ISMAY qui le fait partir tandis que MURDOCH s'affaire plus loin. Seuls quelques passagers se trouvant aux environs, il ne part qu'avec 12 personnes à bord pour 40 places ! Cela n'échappe pas à ANDREWS qui prévient le commandant. Haut-parleur au poing et depuis la passerelle, celui-ci intime l'ordre au canot de revenir, en vain...


Oh You ! Beautiful Doll !


À 1h15, l'eau commence à déborder sur le pont de proue, les passagers peuvent alors constater de visu que le paquebot est bel et bien en train de sombrer. L'eau commence à envahir les ponts intérieurs C et D, poussant hors du salon les passagers de Troisième Classe qui finissent alors par affluer en masse sur le pont par des moyens détournés, une grille étant même enfoncée au Pont B directement dans un couloir de Première Classe.

20120329-titanic-la-mini-serie-TMC-info2tele.jpg


Le commandant en second Henry WILDE, craignant un mouvement de panique, se décide à distribuer les armes du bord aux officiers. Il cherche les armes. Ne les trouve pas. Va demander à Charles LIGHTOLLER qui lui dit d'aller voir William MURDOCH qui lui répond qu'elle sont dans sa cabine. À 1h20, tous les officiers supérieurs du Titanic, à l'exception de SMITH, sont armés de revolvers chargés.

Naufrage.jpg

Posté : 2012-05-08 17:44:20 par RÚmi Bouguet | avec 0 comments

Les passagers n'ont pour ainsi dire absolument rien vu ni senti. Pourtant, le Titanic est frappé à mort. Les moteurs sont stoppés, ce que remarquent les passagers encore éveillés et le commandant SMITH qui rejoint en toute hâte la passerelle. Mis au courant de la situation, il envoie le 6ème officier "junior" MOODY évaluer les dégâts. Celui-ci descend à 23h45 et fait une inspection rapide à l'avant. Il a la confirmation d'une voie d'eau mais se convainc que les portes étanches sécurisent la situation. Il remonte rassurer le commandant qui, les yeux sur l'inclinomètre, n'est pas convaincu. Le navire accuse une gîte croissante vers l'avant ainsi qu'une légère inclinaison sur tribord (droite). SMITH renvoie MOODY aux nouvelles. À peine parti, ce dernier croise le chef mécanicien Frederick BARRETT, les vêtements pleins de charbon et trempé jusqu'aux genoux qui lui annonce que la Chaufferie n°6 est évacuée car elle prend l'eau. (les images sont tirées du film "Atlantique, latitude 41°" [1958])
 

atlantique-latitude-41iaa-04-g.jpg


Cela va donc plus mal que prévu. L'architecte ANDREWS, qui a remarqué l'arrêt des moteurs et a été mis au courant de la situation, se joint au charpentier du bord pour une inspection approfondie. Il est 23h50. Les deux hommes ne peuvent que constater que la proue s'enfonce déjà de quatre mètres dans les flots, que la Chaufferie n°6 se remplit rapidement et que de l'eau commence à arriver dans la Chaufferie n°5 (il y a six chaufferies dans le Titanic, par numéros décroissants de la proue vers la poupe) en passant au-dessus des cloisons étanches... 
 

Naufrage.jpg


Les deux ingénieurs se piquent de courage et continuent leur exploration jusqu'aux compartiments de coque, n'hésitant pas à se mouiller, pour constater que la brèche n'est pas réparable. En remontant, ils croisent le commis à la cale postale, l'air navré et lui aussi trempé, qui leur annonce que le compartiment du courrier, à l'avant du Pont F, est inondé. De retour sur la passerelle, ANDREWS entraîne le commandant vers sa cabine. Tandis que l'architecte enfile des vêtements secs, il expose la situation à SMITH. Le R.M.S. Titanic est condamné. Il va sombrer, dans une heure ou deux, l'inclinaison croissante vers l'avant provoquant un effet de vase communiquant entre les compartiments, les cloisons étanches et les pompes ne pourront que gagner du temps. Avec l'autorisation du vieux commandant, ANDREWS part superviser la mise en place des opérations de pompage pour conserver une chaufferie au sec le plus longtemps possible afin que le Titanic conserve ses possibilités électriques. Quant à SMITH, il retourne informer ses officiers, croisant au passage un ISMAY passablement intrigué, en robe de chambre. Les officiers savent ce qu'ils ont à faire. ISMAY ne dit rien et retourne à sa suite. La dernière consigne donnée par SMITH, au vu du manque de chaloupes, est "Les femmes et les enfants d'abord.".

Sans-titre.png


Il est alors 0h05, le Lundi 15 Avril 1912. Moins d'une demi-heure s'est écoulée depuis la collision. Edward SMITH pénètre dans la cabine des communications et demande au radio Jack PHILLIPS d'envoyer un message de détresse en donnant la position du navire, 41°46'N - 50°14'O et en décrivant les circonstances à qui voudra répondre.
 

SOS-(1).jpg


Le message de détresse alors en vigueur à la White Star Line (les messages ne sont pas encore internationaux) est le C.Q.D. : Come Quickly ! Danger ! (Venez Vite ! Danger !). À 0h15, sur la bande des 600 mètres, commence alors la longue plainte en morse du Titanic : _._.  _ _._  _.. (tatitati-tatatita-tatiti). Voici la teneur du message tel que capté par tous les opérateurs radio de l'Océan Atlantique Nord : "CQD ! Besoin d'assistance ! Notre position : 41°46'N - 50°14'O. Avons heurté iceberg.".

CQD.jpg


Immédiatement des navires répondent, d'abord incrédules.

_Le R.M.S. Baltic, transatlantique de la White Star Line, tout d'abord, pourtant à 243 miles (450 kilomètres) à l'est. "Titanic ? Avez-vous fini avec Cape Race ?" Qui se fait répondre assez sèchement : "Nous coulons. Besoin d'assistance immédiate.". (télégramme) Le Baltic, trop loin, se charge de relayer le message aux navires alentours et joint ses plaintes à celles du Titanic.

Baltic.jpg
Reponse-Baltic.jpg
 

_Le S.S. Birma en deuxième, à 70 miles (130 kilomètres) au sud-ouest. "Quel est votre problème ?" PHILLIPS répond "OK ! Nous avons heurté un iceberg et coulons par l'avant. Dites à votre capitaine de venir." (télégramme). Le Birma se déroute immédiatement pour se porter au secours du Titanic mais il est loin.

Birma.jpg
reponse-au-Birma.jpg

 

_Puis trois navires se signalent dans la même minute : le S.S. Virginian (170 miles, 315 kilomètres), photo du haut, qui est trop loin et relaie l'information ; le S.S. Frankfurt (153 miles, 285 kilomètres au sud-ouest), photo du centre, qui est très loin mais se déroute malgré tout ; et enfin un navire proche, le S.S. Mount Temple à 49 miles (90 kilomètres), photo du bas, au sud-ouest mais qui est hélas un vieux cargo, qui file péniblement 13 nœuds à pleine vitesse et qui ne compte pas arriver avant au moins cinq heures mais qui se déroute de toute la vitesse de son vénérable moteur.

Virginian.jpg

Frankfurt.jpg

Mount-Temple.jpg
 

À 0h45, BRIDE lance, moitié à la plaisanterie ("C'est peut-être ta dernière occasion de l'utiliser !"), à PHILLIPS qu'il peut utiliser ce nouveau signal qui s'internationalise alors, plus simple d'emploi : S.O.S., Save Our Souls (Sauvez Nos Âmes). La T.S.F. du Titanic change alors de musique : ...  _ _ _  ... (tititi-tatata-tititi). La position est toujours donnée, mais est cette fois assortie d'un message désespéré : "CQD ! SOS ! Avons heurté un iceberg et coulons rapidement ! Besoin d'assistance immédiate !" (télégramme du haut). Puis un autre message lorsque les opérateurs apprennent que l'évacuation a commencé sur le pont : "SOS ! SOS ! CQD ! CQD ! Nous coulons rapidement. Passagers conduits aux chaloupes." (télégramme du bas). La position n'est plus spécifiée.

CQD-SOS.jpg
SOS-CQD.jpg
 

Deux navires répondent.
_Le navire frère, le R.M.S. Olympic, celui qui avait vogué avec lui le 2 Avril lors des essais, qui a eu le temps de traverser l'Atlantique et qui vient juste de quitter Halifax. Le R.M.S. Olympic, à plus de 500 miles (930 kilomètres à l'ouest) ne peut absolument rien faire mais qui, sous l'impulsion de l'énergique capitaine James Herbert HADDOCK (véridique ^^) répond néanmoins à son jumeau "Poussons nos chaudières à fond ! Arrivons aussi vite que possible !" (télégramme du haut) et fait forcer la vapeur. Dans le même temps, il relaie l'information à Cape Race, qui transmet au continent nord-américain, qui prend donc connaissance des difficultés du Titanic pour ainsi dire en direct : "De l'Olympic. 23h, heure de New York. Le Titanic a envoyé un message de détresse. Avons répondu à son appel. Le Titanic a confirmé et donné sa position  41°46'N - 50°14'O et a dit "Avons heurté un iceberg". Nous sommes à 505 miles du Titanic." (télégramme du bas).

Reponse-Olympic.jpg
Olympic.jpg
Transmission-a-l-Olympic.JPG


_Enfin, le R.M.S. Carpathia, navire d'immigration de la Cunard Line en route pour la Mer Méditerranée, luxueux pour un navire de Troisième Classe, mais néanmoins vieux car il date de 1903. À 58 miles (107 kilomètres) au sud, il est avec le Mount Temple le navire le plus proche. Il est cependant plus rapide que le Mount Temple avec une vitesse de croisière de 15 nœuds. Faisant route à toute vapeur, il se détourne pour se porter à l'aide du navire en perdition mais ne compte pas arriver avant quatre heures.
 

RMS-Carpathia.jpg


Tous les navires de l'Océan Atlantique Nord se portent à la rescousse du Titanic. Tous sauf deux. Dommage, ce sont les deux plus proches.
 

Position-des-navires.jpg


Le S.S. Californian, cargo arrêté pour la nuit et cerné par les glaces, à 20 miles à peine (35 kilomètres) au nord du Titanic, mais dont l'unique opérateur radio et le commandant sont allés se coucher à 23h30 et n'entendent donc pas l'appel du paquebot.

SSCalifornian.jpg
 

Entre les deux, à environ 10 miles au nord du Titanic (18 kilomètres) le chalutier norvégien Samson. Ne disposant pas de la T.S.F., lui aussi cerné par les glaces et avec un équipage réduit ne permettant pas de quart efficace, il n'a aucun moyen de savoir ce qui se passe sur le transatlantique, dont il aperçoit pourtant les lumières.

samson3.jpg



Il est donc 0h45 à bord du R.M.S. Titanic. L'évacuation commence, mais l'espoir de sauver tous les passagers est inexistant, celui de voir arriver du secours à temps est très mince.

Posté : 2012-05-08 17:09:13 par RÚmi Bouguet | avec 0 comments

Le ciel est dégagé mais la nuit n'est pas claire pour autant. C'est presque la nouvelle Lune, il fait sombre. Pas un souffle de vent ne vient agiter les flots, la mer est d'huile, presque parfaitement lisse. Cela rend d'autant plus difficile le repérage d'obstacles car aucune vague ne vient s'y briser en créant cette écume blanche si caractéristique et visible de loin. Pire, l'absence de vent ne permet pas à la brume thermique de se disperser. Cette brume se crée à la surface de l'eau à cause du choc de température entre l'air et l'eau, qui refuse de geler malgré les -15°C extérieurs et les -2°C de la mer.

Perchés dans le nid de pie du mât avant, les veilleurs LEE et FLEET tentent d'être attentifs. Mais ils ne disposent pas de jumelles, oubliées à quai à Southampton. Sur la passerelle, le 1er officier MURDOCH, le 4ème officier "junior" BOXHALL et le 6ème officier "junior" MOODY sont de quart. Le quartier-maître HICHENS est à la barre. Le commandant est parti se coucher vers 22h45, demandant qu'on le réveille s'il se passe quoi que ce soit. Dans la cabine radio, PHILLIPS et BRIDE tentent de rattraper le retard, pris à cause de la panne de la journée, dans les messages privés à envoyer. Le R.M.S. Titanic, illuminé de toutes ses lumières, file à 22,5 nœuds marins (41,7 km/h) dans ces eaux dangereuses.
 

Titanic.jpg

 

À 23h39, les veilleurs FLEET et LEE n'en croient pas leurs yeux. Surgissant de la brume, un monstre de glace de près de trente mètres de haut (aussi haut que le navire !) se dresse droit devant le Titanic, à un peu plus de 500 mètres. La brume, le calme plat et le manque de jumelles ont empêché de le voir avant. (La photographie montre l'iceberg "assassin", cliché pris le lendemain par un autre navire.)
 

iceberg-coupable-naufrage-titanic-03.jpg

Titanic_iceberg.jpg


Lorsqu'on l'a retrouvé et identifié formellement deux semaines plus tard, il avait un peu diminué mais c'était bien lui, déchiré sur un flanc et portant des traces de peinture.
 

titanic-iceberg-Rehorek-592x375.jpg

titanic-iceberg.jpg

iceberg-coupable-naufrage-titanic-02.jpg


C'est LEE qui voit le danger en premier mais c'est FLEET qui réagit. Trois coups de cloche résonnent sinistrement dans la nuit sur le navire endormi.
 

Is-anyone-there-Yes-what-do-you-see-Iceberg.jpg
fleet_frederick.jpg


BOXHALL, qui prenait l'air sur la passerelle extérieure (dans "Titanic" de CAMERON, c'est MURDOCH), cherche à savoir ce qui se passe. MURDOCH, qui, lui, dispose de jumelles, scrute l'horizon.
 

mov_scene106.jpg
William-Murdoch.jpg


C'est MOODY qui répond au téléphone qui communique avec la vigie. C'est plus un cri qu'une réponse qui lui parvient. "Iceberg ! Droit devant !" On dit même qu'il l'a eu en stéréo, l'obstacle étant tellement proche que BOXHALL et MURDOCH l'ont vu au même instant, hurlant la même alerte dans la passerelle.
 

263089_1248346268049_500_227.jpg

James-Moody.jpg


Tout se passe alors très vite, trop vite. Le 1er officier MURDOCH est le plus gradé, c'est à lui de prendre une décision. Plusieurs choix s'offrent à lui.

_Se dire que c'est trop tard et prendre le risque de frapper l'iceberg de plein fouet par la proue, comptant sur les quatre compartiments avant étanches pour assurer la flottabilité du navire, mais en prenant le risque de dommages structurels importants suite à un choc frontal d'un paquebot de 50.000 tonnes lancé à 42km/h.

_Tenter de l'éviter en tournant.

Il choisit la deuxième option, craignant (avec raison) que le navire ne résiste pas au choc frontal avec un tel monstre. Mais il commet une erreur lors de la manœuvre.

MURDOCH agit en moins de dix secondes. "Barre à droite, toute !" (Note : en navigation et selon la conception des navires de l'époque, cela revenait à faire virer le navire... à gauche, à bâbord.) Puis il fait stopper les moteurs. MOODY affirme qu'il a fait mettre les machines en arrière, mais les mécaniciens et les autres officiers disent qu'il a bel et bien réglé le transmetteur d'ordres sur "Stop". Ce qui est probable car faire marche arrière n'aurait servi à rien sinon à annuler la vitesse du navire et à l'empêcher de tourner, un officier de la qualité de MURDOCH en était conscient. Ceci fait, il actionne la fermeture des portes étanches. Depuis l'alerte, il s'est écoulé seulement 12 secondes. Durant encore 25 secondes, tous les officiers retiennent leur souffle.
 

Iceberg-droit-devant.jpg

 

L'erreur de MURDOCH a été de faire stopper les machines. Le navire lutte maintenant contre sa propre inertie pour tourner, rendant la barre difficile à manœuvrer, ce que remarque à voix haute HICHENS qui pèse de tout son poids sur la barre. Brisé dans son élan, le Titanic tourne moins vite que si sa vitesse avait été constante. Mais de toute façon, son gouvernail est un peu court au vu de sa taille et de son poids, rendant hasardeux un virage d'urgence. Par ailleurs, le Titanic ne peut s'arrêter que sur trois fois sa longueur, il lui faut donc plus de 800 mètres pour s'immobiliser...
 

Tentative-d-evitement.jpg

titanic_collision01_fixed.jpg



Les secondes s'écoulent et semblent durer des heures. Le paquebot ne vire toujours pas, l'iceberg se rapproche rapidement. Alors que moins de 100 mètres séparent les deux géants, l'un de l'Homme et l'autre de la Nature, enfin la proue du Titanic semble vouloir tirer un peu à bâbord (à gauche). L'étrave s'éloigne de la glace. Lentement. Très lentement. Trop lentement. 37 secondes précisément après avoir été repéré, l'iceberg frappe le Titanic sur son flanc droit, des pans de glace tombant sur le pont. Il est 23h40, le Dimanche 14 Avril 1912. (L'image du dessus ci-dessous est extraite du téléfilm "Le Titanic" [1996])
 

120406_g08if_betcie_titanic_iceberg_sn635.jpg

titanic-hitting-an-ice-burg1.jpg


Petite scène de collision, extraite du film "Atlantique, latitude 41°" (1958), réalisé en partie grâce au témoignage oral de survivants venus eux-mêmes sur le plateau. Remarquez Frederick FLEET dans le nid de pie, celui qui cloche et qui appelle. Regardez maintenant "Titanic" (1997) de CAMERON. Faites attention au colonel GRACIE à qui Rose demande durant le naufrage s'il reste des canots et à qui elle met, sans écouter la réponse, un sacré vent. Bon, ben c'est le même acteur, Bernard FOX (1927- ), à quarante ans d'intervalle dans deux films sur le Titanic. Pas d'image, je n'en ai pas trouvé de satisfaisantes... Remarquez également la ressemblance de l'iceberg avec les photgraphies originales plus haut.
 



On a longtemps cru que l'iceberg avait raclé la coque du paquebot sur 100 mètres en la déchirant. Une telle brèche aurait englouti le navire en 20 minutes, portes étanches ou pas...
 

3442969.jpg


On sait aujourd'hui qu'en réalité, l'iceberg a bel et bien raclé le Titanic sur 100 mètres mais sans déchirer la coque. Les tôles d'acier renforcé résistent bien au choc, choc qui par ailleurs n'est absolument pas ressenti. Seul HICHENS à la barre fait exception, du fait qu'il tient toute la superstructure du navire entre ses mains. Seuls quelques passagers de Troisième Classe sont réveillés par un bruit de tôle froissée. La faiblesse vient des rivets. Les fameux rivets dont une moitié a été faite en fer et non en acier par faute de temps. Les rivets en acier tiennent le choc, pas les rivets en fer. Ils cèdent, les uns après les autres sous l'impact. Les tôles ainsi désolidarisées laissent pénétrer l'eau, non par véritable perforation mais par écartement des plaques.
 

511px-Iceberg_and_titanic_(fr)-svg.png


Au total, la brèche dans la coque fait un peu plus d'un mètre au carré. Mais sous la pression de l'eau, ça fait quand même plusieurs milliers de litres qui se déversent chaque seconde dans les cales du Titanic. Mais surtout, la brèche s'étend au-delà du quatrième compartiment. Or, après celui-là, même s'il y a encore des portes étanches, les ponts ne le sont plus, ce qui permet à l'eau de se répandre par dessus les portes.
 

schema_Titanic_impacts-(1).png


MURDOCH fait rétablir la barre pour éviter que la poupe ne touche à son tour. Les passagers encore debout et sur le pont peuvent alors admirer l'iceberg frôler le Titanic. Comme aucune secousse n'ébranle le navire, personne ne s'inquiète. Sur la passerelle, l'ambiance est tendue. Le Titanic s'arrête finalement quelques centaines de mètres plus loin tandis que l'iceberg poursuit son bonhomme de chemin, porté par les courants. L'incident est relaté dans le journal de bord. Dimanche 14 Avril 1912, 23h40, le R.M.S. Titanic a heurté un iceberg par 41°46'N et 50°14'O.

 
Posté : 2012-05-08 15:24:08 par RÚmi Bouguet | avec 0 comments

Le ciel est dégagé mais la nuit n'est pas claire pour autant. C'est presque la nouvelle Lune, il fait sombre. Pas un souffle de vent ne vient agiter les flots, la mer est d'huile, presque parfaitement lisse. Cela rend d'autant plus difficile le repérage d'obstacles car aucune vague ne vient s'y briser en créant cette écume blanche si caractéristique et visible de loin. Pire, l'absence de vent ne permet pas à la brume thermique de se disperser. Cette brume se crée à la surface de l'eau à cause du choc de température entre l'air et l'eau, qui refuse de geler malgré les -15°C extérieurs et les -2°C de la mer.

Perchés dans le nid de pie du mât avant, les veilleurs LEE et FLEET tentent d'être attentifs. Mais ils ne disposent pas de jumelles, oubliées à quai à Southampton. Sur la passerelle, le 1er officier MURDOCH, le 4ème officier "junior" BOXHALL et le 6ème officier "junior" MOODY sont de quart. Le quartier-maître HICHENS est à la barre. Le commandant est parti se coucher vers 22h45, demandant qu'on le réveille s'il se passe quoi que ce soit. Dans la cabine radio, PHILLIPS et BRIDE tentent de rattraper le retard, pris à cause de la panne de la journée, dans les messages privés à envoyer. Le R.M.S. Titanic, illuminé de toutes ses lumières, file à 22,5 nœuds marins (41,7 km/h) dans ces eaux dangereuses.
 

Titanic.jpg

 

À 23h39, les veilleurs FLEET et LEE n'en croient pas leurs yeux. Surgissant de la brume, un monstre de glace de près de trente mètres de haut (aussi haut que le navire !) se dresse droit devant le Titanic, à un peu plus de 500 mètres. La brume, le calme plat et le manque de jumelles ont empêché de le voir avant. (La photographie montre l'iceberg "assassin", cliché pris le lendemain par un autre navire.)
 

iceberg-coupable-naufrage-titanic-03.jpg

Titanic_iceberg.jpg


Lorsqu'on l'a retrouvé et identifié formellement deux semaines plus tard, il avait un peu diminué mais c'était bien lui, déchiré sur un flanc et portant des traces de peinture.
 

titanic-iceberg-Rehorek-592x375.jpg

titanic-iceberg.jpg

iceberg-coupable-naufrage-titanic-02.jpg


C'est LEE qui voit le danger en premier mais c'est FLEET qui réagit. Trois coups de cloche résonnent sinistrement dans la nuit sur le navire endormi.
 

Is-anyone-there-Yes-what-do-you-see-Iceberg.jpg
fleet_frederick.jpg


BOXHALL, qui prenait l'air sur la passerelle extérieure (dans "Titanic" de CAMERON, c'est MURDOCH), cherche à savoir ce qui se passe. MURDOCH, qui, lui, dispose de jumelles, scrute l'horizon.
 

mov_scene106.jpg
William-Murdoch.jpg


C'est MOODY qui répond au téléphone qui communique avec la vigie. C'est plus un cri qu'une réponse qui lui parvient. "Iceberg ! Droit devant !" On dit même qu'il l'a eu en stéréo, l'obstacle étant tellement proche que BOXHALL et MURDOCH l'ont vu au même instant, hurlant la même alerte dans la passerelle.
 

263089_1248346268049_500_227.jpg

James-Moody.jpg


Tout se passe alors très vite, trop vite. Le 1er officier MURDOCH est le plus gradé, c'est à lui de prendre une décision. Plusieurs choix s'offrent à lui.

_Se dire que c'est trop tard et prendre le risque de frapper l'iceberg de plein fouet par la proue, comptant sur les quatre compartiments avant étanches pour assurer la flottabilité du navire, mais en prenant le risque de dommages structurels importants suite à un choc frontal d'un paquebot de 50.000 tonnes lancé à 42km/h.

_Tenter de l'éviter en tournant.

Il choisit la deuxième option, craignant (avec raison) que le navire ne résiste pas au choc frontal avec un tel monstre. Mais il commet une erreur lors de la manœuvre.

MURDOCH agit en moins de dix secondes. "Barre à droite, toute !" (Note : en navigation et selon la conception des navires de l'époque, cela revenait à faire virer le navire... à gauche, à bâbord.) Puis il fait stopper les moteurs. MOODY affirme qu'il a fait mettre les machines en arrière, mais les mécaniciens et les autres officiers disent qu'il a bel et bien réglé le transmetteur d'ordres sur "Stop". Ce qui est probable car faire marche arrière n'aurait servi à rien sinon à annuler la vitesse du navire et à l'empêcher de tourner, un officier de la qualité de MURDOCH en était conscient. Ceci fait, il actionne la fermeture des portes étanches. Depuis l'alerte, il s'est écoulé seulement 12 secondes. Durant encore 25 secondes, tous les officiers retiennent leur souffle.
 

Iceberg-droit-devant.jpg

 

L'erreur de MURDOCH a été de faire stopper les machines. Le navire lutte maintenant contre sa propre inertie pour tourner, rendant la barre difficile à manœuvrer, ce que remarque à voix haute HICHENS qui pèse de tout son poids sur la barre. Brisé dans son élan, le Titanic tourne moins vite que si sa vitesse avait été constante. Mais de toute façon, son gouvernail est un peu court au vu de sa taille et de son poids, rendant hasardeux un virage d'urgence. Par ailleurs, le Titanic ne peut s'arrêter que sur trois fois sa longueur, il lui faut donc plus de 800 mètres pour s'immobiliser...
 

Tentative-d-evitement.jpg

titanic_collision01_fixed.jpg



Les secondes s'écoulent et semblent durer des heures. Le paquebot ne vire toujours pas, l'iceberg se rapproche rapidement. Alors que moins de 100 mètres séparent les deux géants, l'un de l'Homme et l'autre de la Nature, enfin la proue du Titanic semble vouloir tirer un peu à bâbord (à gauche). L'étrave s'éloigne de la glace. Lentement. Très lentement. Trop lentement. 37 secondes précisément après avoir été repéré, l'iceberg frappe le Titanic sur son flanc droit, des pans de glace tombant sur le pont. Il est 23h40, le Dimanche 14 Avril 1912. (L'image du dessus ci-dessous est extraite du téléfilm "Le Titanic" [1996])
 

120406_g08if_betcie_titanic_iceberg_sn635.jpg

titanic-hitting-an-ice-burg1.jpg


Petite scène de collision, extraite du film "Atlantique, latitude 41°" (1958), réalisé en partie grâce au témoignage oral de survivants venus eux-mêmes sur le plateau. Remarquez Frederick FLEET dans le nid de pie, celui qui cloche et qui appelle. Regardez maintenant "Titanic" (1997) de CAMERON. Faites attention au colonel GRACIE à qui Rose demande durant le naufrage s'il reste des canots et à qui elle met, sans écouter la réponse, un sacré vent. Bon, ben c'est le même acteur, Bernard FOX (1927- ), à quarante ans d'intervalle dans deux films sur le Titanic. Pas d'image, je n'en ai pas trouvé de satisfaisantes... Remarquez également la ressemblance de l'iceberg avec les photgraphies originales plus haut.
 



On a longtemps cru que l'iceberg avait raclé la coque du paquebot sur 100 mètres en la déchirant. Une telle brèche aurait englouti le navire en 20 minutes, portes étanches ou pas...
 

3442969.jpg


On sait aujourd'hui qu'en réalité, l'iceberg a bel et bien raclé le Titanic sur 100 mètres mais sans déchirer la coque. Les tôles d'acier renforcé résistent bien au choc, choc qui par ailleurs n'est absolument pas ressenti. Seul HICHENS à la barre fait exception, du fait qu'il tient toute la superstructure du navire entre ses mains. Seuls quelques passagers de Troisième Classe sont réveillés par un bruit de tôle froissée. La faiblesse vient des rivets. Les fameux rivets dont une moitié a été faite en fer et non en acier par faute de temps. Les rivets en acier tiennent le choc, pas les rivets en fer. Ils cèdent, les uns après les autres sous l'impact. Les tôles ainsi désolidarisées laissent pénétrer l'eau, non par véritable perforation mais par écartement des plaques.
 

511px-Iceberg_and_titanic_(fr)-svg.png


Au total, la brèche dans la coque fait un peu plus d'un mètre au carré. Mais sous la pression de l'eau, ça fait quand même plusieurs milliers de litres qui se déversent chaque seconde dans les cales du Titanic. Mais surtout, la brèche s'étend au-delà du quatrième compartiment. Or, après celui-là, même s'il y a encore des portes étanches, les ponts ne le sont plus, ce qui permet à l'eau de se répandre par dessus les portes.
 

schema_Titanic_impacts-(1).png


MURDOCH fait rétablir la barre pour éviter que la poupe ne touche à son tour. Les passagers encore debout et sur le pont peuvent alors admirer l'iceberg frôler le Titanic. Comme aucune secousse n'ébranle le navire, personne ne s'inquiète. Sur la passerelle, l'ambiance est tendue. Le Titanic s'arrête finalement quelques centaines de mètres plus loin tandis que l'iceberg poursuit son bonhomme de chemin, porté par les courants. L'incident est relaté dans le journal de bord. Dimanche 14 Avril 1912, 23h40, le R.M.S. Titanic a heurté un iceberg par 41°46'N et 50°14'O.

 
Posté : 2012-05-08 15:24:08 par RÚmi Bouguet | avec 0 comments

Dimanche 14 Avril 1912, quatrième jour de la traversée. Le R.M.S. Titanic a presque effectué les deux tiers du trajet vers New York et a parcouru près de 1.450 miles marins, environ 2.650 kilomètres. Il entame la partie la plus périlleuse de son voyage. Le voici rendu à la latitude de Terre-Neuve, non loin de l'Océan glacial Arctique, zone connue pour ses champs de glace flottante venus tout droit de la fonte printanière de la calotte polaire.
 

Trajet.jpg

 

À bord, rien ne laisse présager du drame qui se prépare. L'équipage sait qu'il pénètre en zone dangereuse et se prépare donc à naviguer en conséquence, c'est-à-dire en accélérant. ISMAY n'est absolument pour rien dans la décision de maintenir une vitesse élevée. Sans que cela soit écrit noir sur blanc dans les manuels de navigation, il est admis à l'époque que cette zone doit être traversée le plus vite possible pour limiter les risques.

Par conséquent, le Titanic, sans pour autant forcer la vitesse de pointe de 24 nœuds très consommatrice de charbon, délaisse sa vitesse de croisière de 21 nœuds pour atteindre une vitesse rapide de 22,5 nœuds marins, soit 41,7 km/h et ce dès le milieu de la matinée du 14 Avril. En revanche, la possibilité que le navire puisse battre le record de traversée de son jumeau l'Olympic est grande, admettons que cela ait pu influer sur la décision d'accélérer.

Le principal danger dans cette zone est, je l'ai déjà dit, les champs de glace. Ces champs dérivants sont d'autant plus traîtres qu'ils sont composés de deux types de glace. Les glaces flottantes, simples plaques de glace inoffensives à la dérive. Mais il y a aussi les icebergs, morceaux de glaciers détachés. Parfois à peine plus haut que des glaces flottantes, ils n'en sont pas moins beaucoup plus dangereux car ce sont, pour résumer, des glaçons. Mettez un glaçon dans un verre d'eau et vous verrez pourquoi. Les 9/10èmes de leur volume sont immergés. Un iceberg de deux mètres de haut peut ainsi s'étendre jusqu'à 18 mètres sous la surface, et il est impossible de savoir de quelle façons est taillée la glace. Leur partie émergée peut atteindre parfois des dizaines de mètres de hauteur. Par ailleurs, l'année 1912 a été chaude, l'hiver moins froid, par conséquent une plus grande partie de la calotte a fondu et les champs de glace sont plus nombreux.
 

Iceberg4.jpg



De nombreux navires croisent alors la route du Titanic dans la journée du 14 Avril. Tous prennent contact avec le Titanic par télégraphe.

À 8h30, le paquebot grec S.S. Athinaï signale des glaces par 42° de latitude nord, sans préciser de longitude. SMITH en prend acte. À 9h, c'est le R.M.S. Caronia (photographie) qui signale un grand champ de glace à 42°N et s'étendant de 49° de longitude ouest à 51°O. SMITH prend de nouveau acte du message et modifie sa route en conséquence. Sa trajectoire suivait une ligne comprise entre 43°N et 42°N, il l'infléchit vers le sud pour prendre l'axe de 41°N.

Caronia.jpg

 

Entre 12h30 et 14h15, de multiples signalement arrivent à la cabine radio du Titanic, BRIDE ne cesse de faire l'aller-retour entre son poste et la salle à manger de Première Classe puis la passerelle, pour remettre en personne les messages au commandant. Le R.M.S. Baltic (l'un des très populaires paquebots de la White Star Line de la classe "Big Four"), le S.S. Amerika et le S.S. Noordam avertissent de nouveau le Titanic qu'un champ de glace s'étend à 42°N 50°O et qu'ils ont dû infléchir sévèrement leur route pour le contourner. SMITH prend connaissance des messages mais ne change pas d'itinéraire. Les photographies sont, de haut en bas, le Baltic, l'Amerika et le Noordam.

Baltic.jpg

Amerika.jpg

Noordam.jpg

 

À 14h30, le télégraphe du Titanic tombe en panne. Il faut plusieurs heures aux deux opérateurs et aux électriciens du navire pour trouver le problème et y remédier. Le tout est réparé peu après 19h, mais la quantité de messages privés à transmettre a considérablement augmenté car la plupart des passagers, considérant que le navire arrivera le lendemain, demande à télégraphier des consignes ou des messages en Amérique en vue de leur arrivée. À 19h15, le Titanic recommence à émettre et inonde littéralement les ondes de messages privés, souvent longs d'ailleurs, à envoyer avant le lendemain.

 

À 19h30, c'est un nouveau navire qui entre dans le jeu des communications. Il s'agit du cargo S.S. Californian, de la Leyland Line, qui suit une route parallèle (légèrement au nord) et inverse à celle du Titanic et s'apprête à le croiser à environ 20 miles marins de distance (37 kilomètres) seulement. L'opérateur du Californian transmet pas moins de trois messages à la suite au Titanic. Le premier pour signaler le champ de glace habituel. Le second pour dire que le cargo y pénètre faute d'avoir pu changer de trajectoire avant mais que franchement il ne le sent pas, et le troisième que le champ est parsemé de très grands icebergs. Le commandant en est informé et infléchit de nouveau sa route vers le sud, sans pour autant ralentir.
 

S-S--Californian.jpg


À 21h40, la température chute assez brutalement et l'eau salée est près d'atteindre son point de gel. C'est le S.S. Mesaba qui signale des glaces entre 42°N et 40°N vers 50°O, en plein sur la trajectoire du Titanic. Il alerte également les autres navires qu'un petit cargo, le S.S. Rappahanoc (photo), a heurté un iceberg à l'extrémité nord du champ de glace et qu'il se dirige tant bien que mal vers Terre-Neuve. Les officiers de quart en sont informés, pas le commandant, mais les veilleurs si.

Rappahannock.jpg

 

À 22h00, les veilleurs Frederick FLEET et Reginald LEE prennent leur tour de veille mais leurs prédécesseurs ne transmettent pas l'information sur la présence de glaces.

À 22h55, le Californian envoie un message d'alerte : "De S.S. Californian à qui voudra entendre, danger d'icebergs, nous arrêtons pour la nuit, cernés par les glaces. 42°03'N - 50°58'O". Le message est capté par PHILLIPS, qui le note et le met de côté. Il est encore en train de communiquer la pile de télégrammes privés à Cape Race, station-relais de Terre-Neuve. À l'opérateur du Californian qui insiste en transmettant la position du S.S. Parisian (photo) qui vient de se signaler, PHILLIPS répond ce bref message dont la clarté le cède à la politesse : "La ferme ! Dégagez ! Suis en communication avec Cape Race !" Message qui, vu la puissance de l'émetteur du Titanic, est capté par tous les navires de cette régions de l'Atlantique Nord...
 

Parisian.jpg


Un peu dépité, l'unique opérateur radio du Californian éteint son appareil à 23h30 et va se coucher. PHILLIPS et BRIDE, débordés, oublieront jusqu'à l'existence et le contenu du dernier message du Californian, message qui ne parviendra jamais à la passerelle. Les officiers du Titanic ignoreront toujours qu'un cargo croise dans les parages immédiats.
 

Telegramme.JPG


Entre 23h15 et 23h30, alors qu'une fête improvisée bat son plein en Troisième Classe, que les hommes des classes supérieurs profitent des fumoirs tandis que leurs épouse dorment (fatiguées par trois jours de voyage), le R.M.S. Titanic pénètre dans ce vaste piège qu'est le champ de glace dont on l'a averti toute la journée...

Titanic,-champ-de-glace.jpg

Posté : 2012-05-07 20:29:44 par RÚmi Bouguet | avec 0 comments

Les passagers de la Troisième Classe sont pour la plupart des immigrants de trente nationalités différentes (Europe, Asie, Moyen-Orient), pauvres voulant refaire leur vie en Amérique, parfois des familles entières (et nombreuses). La famille la plus nombreuse à bord est la famille SAGE, avec onze membres, suivie par la famille GOODWIN avec huit membres (il en manque un sur la photographie, Sydney Leslie, pas encore né...). L'autre photographie (en bas) montre la famille GOLDSMITH, également à bord mais dont le bébé que l'on voit est décédé en 1911. Un interprète polyglotte, MÜLLER, est chargé de faciliter les communications. Inutile de dire que l'Histoire a retenu peu de noms et encore moins de visage de ces immigrants, méprisés par la société mirobolante de la Belle Époque... En tout, il y avait 714 passagers de Troisième Classe, 464 hommes, 167 femmes et 83 enfants.
 

Famille-Goodwin-(7-sur-8).jpg

Famille-Golsmith.png


La Troisième Classe offre des installations confortables et s'inscrit dans la mouvance du début du XXème siècle qui, voyant le nombre d'immigrants en Amérique augmenter, veut améliorer les conditions de la traversée.
 

Sans-titre.png

Sans-titre1.png
 

Ainsi, la Troisième Classe du Titanic est-elle composée de cabines à deux, quatre ou six couchettes superposées et équipées d'un lavabo. Elle se distingue ainsi de la plupart des navires en service qui n'offrent que des dortoirs communautaires, tout en coûtant à peine plus cher, entre 2£ (15$) et 7£ (40$) de 1912 (100£/350£ d'aujourd'hui, environ 150€/500€, 200$/550$), ce qui représente bien souvent une grande part des économies des immigrants qui laissent tout derrière eux, vendent tous leurs biens, dans l'espoir d'une vie meilleure au Nouveau Monde. Comme dans les classes supérieures, la Troisième Classe est équipée de douches communautaires et de cabinet de toilettes, un stewart étant chargé d'en montrer le fonctionnement aux passagers ! Les cabines sont séparés en plusieurs compartiments. Deux pour les émigrants solitaires, un pour les familles (v. plan).
 

Cabine.jpg

 

La salle à manger de la Troisième Classe est à l'arrière. Reprenant le principe des grandes tables communautaires en usage à l'époque, elle innove néanmoins en confort en offrant aux passagers des chaises fixes  tournantes à dossier au lieu des grands bancs. En-dessous se trouvent les cuisines, réservées à la Troisième Classe. Plus petites que celle des classes supérieures alors qu'elles doivent servir un plus grand nombre de passagers, il faut organiser deux services. Un pour l'avant du navire et un pour l'arrière, à quarante-cinq minutes d'intervalle.
 

Salle-a-Manger.jpg



Pour prendre l'air, les passagers peuvent se rendre sur le Pont de Poupe, où débouche l'escalier principal de la Troisième Classe. Il leur est strictement défendu de se mêler aux autres classes, et ce à cause de la législation américaine sur l'immigration sanitaire. Les immigrants de Troisième Classe devront en effet se soumettre à un contrôle sanitaire à leur arrivée à New York... ainsi que tout passager et membre d'équipage en contact avec eux ! Par conséquent, la Troisième Classe est séparée des autres compartiments du navire par des grilles, qui doivent être ouvertes en cas d'urgence. Il n'y avait là rien d'anormal, mais cela compliquait l'accès aux canots sur le Pont supérieur et à l'avant qui plus est. L'accès le plus simple étant par le Pont de Poupe, accéder aux couloirs de l'équipage menant au Pont B et au Pont C qu'il fallait alors traverser pour rejoindre l'avant...
 

Pont.jpg

Escalier.jpg


La Troisième Classe avait également son salon communautaire où tout le monde se retrouvait en soirée pour faire la fête. Il était situé à l'avant alors que la majorité des cabines étaient à l'arrière.

Salon.jpg

Posté : 2012-05-07 19:52:41 par RÚmi Bouguet | avec 0 comments

La Seconde Classe du Titanic a ébloui les passagers par le luxe et le confort qu'elle offrait, comparable à celui d'un hôtel de luxe. Les passagers sont certes moins connus que ceux de la Première Classe, néanmoins quelques-uns se distinguent. Il y avait 285 passagers de Seconde Classe sur le Titanic : 168 hommes, 93 femmes et 24 enfants.

 

À noter que la Seconde Classe partage le barbier, le Café parisien, le Restaurant à la Carte, les cuisines et le gymnase avec la Première Classe, ils ont même un créneau horaire pour la piscine. Les passagers de ces deux classes pouvaient donc aisément se mêler. Ne serait-ce que parce que certains des passagers de Seconde Classe étaient du personnel de compagnie de certains passagers de Première Classe, où encore des employés de l'entreprise d'un grand patron de Première Classe, la croisière étant un moyen de discuter dans un autre contexte et de se faire bien voir. Les passagers de Seconde Classe sont souvent membres de la moyenne et petite bourgeoisie, tiennent parfois boutique à leur compte et peuvent avoir pour client régulier des gens de la haute société. La perméabilité entre les deux classes était donc souhaitée mais uniquement pendant la journée et sur les ponts ou lieux communs. Aucun passager de Seconde Classe ne fut admis dans les suites de luxe et encore moins dans la salle à manger ou au fumoir.. Sa présence aurait par ailleurs été remarquée, tout le monde se connaissant dans la haute société, un inconnu aurait attiré l'attention.
 

Sans-titre.png

Sans-titre1.png


La Seconde Classe aussi dispose de son Grand Escalier avec ascenseurs. Richement décoré, il s'étend du Pont B au Pont F. L'ascenseur est actionné par six jeunes garçons d'ascenseur âgés de 12 à 16 ans qui se relaient.

 

02-Escalier.jpg

 

Les hommes de Seconde Classe peuvent aller le soir dans un grand fumoir (photographie) à l'arrière du Pont B, moins luxueux que celui de Première Classe mais très apprécié, où des jeux de dames, de domino, d'échecs et de cartes sont à disposition. Au Pont C, juste sous le fumoir se trouve une bibliothèque qui sert aussi de salon, où les dames passent généralement la soirée quand leurs époux sont au fumoir. Ce lieu fut, paraît-il, très fréquenté durant la traversée.
 

03-Fumoir.jpg



La cuisine est commune à la Première et à la Seconde Classe, même si les menus de Seconde Classe sont plus simples. La salle à manger est située au Pont D. Assez richement décorée, les chaises ne sont néanmoins pas déplaçables. Elles sont tournantes et vissées au sol.
 

04-Salle-a-Manger.jpg

 

Les cabines valent des chambres d'hôtel. Elles sont situées à l'avant et à l'arrière, entre les Ponts D et F. Moins spacieuses que celles de Première Classe, elles sont néanmoins assez grandes et disposent d'un meuble permettant de faire ses ablutions matinales. Comme en Première Classe, chaque pont est équipé d'une salle de bain commune et d'un cabinet de toilette. Le prix d'une cabine est de 13£ de 1912 (650£ d'aujourd'hui, quelque chose comme 700€, 750$).
 

01-Cabine.jpg


À l'arrière du Pont B, les passagers peuvent circuler en intérieur (photographie) et en extérieur.
 

escalier.jpg


Ils sont tolérés sur le Pont supérieur (Pont des Embarcations) où ils peuvent se mêler à la Première Classe et accéder au gymnase.
 

9BDF611DA661434EFB167466AEA86.jpg


Citons quelques passagers.

Je vous ai déjà parlé de Lawrence BEESLEY (1877-1967), enseignant et écrivain photographié dans le gymnase sur un vélo d'appartement.
 

Lawrence-Beesley.jpg


 

Eva Miriam HART (1905-1996), âgée de sept ans à l'époque, future chanteuse et membre du Parti Conservateur britannique, qui voyage alors avec un grand ours en peluche (qui coula avec le navire, Eva ne s'en remit jamais et n'eut plus jamais aucun autre ours en peluche) avec qui le commandant SMITH, bonhomme sympathique, eut une grande discussion au hasard d'une coursive. Il fit également l'honneur de discuter avec Eva.

Eva-Hart.jpg
 

Un cas particulier. Michel NAVRATIL (1880-1912), qui voyage avec ses enfants Michel Marcel "Lolo" NAVRATIL (1908-2001) et Edmond Roger "Momo" NAVRATIL (1910-1953). Il les a enlevés à leur mère Marcelle CARETTO, dont il s'était séparée après qu'elle l'ait trompé, qui avait le droit de garde. Tailleur à Marseille, ayant fait faillite, il avait décidé de refaire sa vie en Amérique avec ses enfants. Un ami lui avait alors prêté son passeport pour qu'il puisse voyager incognito. C'est ainsi que sur le Titanic Michel NAVRATIL était connu sous le nom de Louis Michel HOFFMAN. Craignant d'être arrêté par le police pour l'enlèvement de ses enfants, il traverse la Manche et embarque à Southampton. Très inquiet durant toute la traversée, il ne se séparait jamais de son revolver (chargé) qu'il gardait toujours en poche et qu'on retrouva sur son cadavre après le naufrage. On pense également que sa "couverture" était compromise, deux clients réguliers de sa boutique étant aussi à bord.
 

Michel-Navratil.jpg



Enfin, nommons les trois seuls passagers noirs du paquebot. Joseph Philippe LEMERCIER-LAROCHE (1886-1912), ingénieur, son épouse blanche Juliette LAFARGUE, et leurs deux filles métis Simonne Marie Anne Andrée LAROCHE (née en 1909) et Louise LAROCHE (1910-1998). Bien qu'étant une famille aisée avec un père ingénieur et lié à la haute politique de la République de Haïti, ils sont rejeté par la société française alors très coloniale et raciale. Ils retournent donc en Haïti.

07-Laroche.jpg

Posté : 2012-05-07 19:37:36 par RÚmi Bouguet | avec 0 comments

C'est toute la haute société du début du XXème siècle et des deux bords de l'Océan Atlantique qui se retrouve à bord du Titanic, certains ayant même retardé leur départ d'Europe pour pouvoir effectuer la traversée inaugurale du plus grand et du plus luxueux paquebot du monde. Quand je dis la haute-société, ça va des hommes d'affaires plus ou moins multimillionnaires à gens aisés de la haute-bourgeoisie. De par la position sociale des passagers de Première Classe, l'Histoire a retenu le nom, le destin et souvent même les visages de chacun, ce que je ne peux pas couvrir sur ce blogue. J'en resterai donc aux passagers les plus connus et à ceux qui ont eu un destin particulier.

En Première Classe, il y avait en tout 325 passagers (175 hommes, 144 femmes et 6 enfants) lors de la traversée inaugurale.


Vous avez déjà pu apercevoir la famille SPEDDEN sur le Pont A du Titanic en train de jouer au Shuffleboard. La voici au grand complet : le père Frederic Oakley SPEDDEN (1867-1947), la mère Margaretta Corning "Daisy" STONE-SPEDDEN (1872-1950), et leur fils unique Robert Douglas SPEDDEN (1905-1915), que l'on revoit en photographie en dessous (âgé de neuf ans, sur la photo du dessus il en a quatre. Il avait six ans et demi à bord du Titanic). Sur la photo de famille, remarquez l'ours blanc en peluche (devant le fauteuil de l'enfant, au niveau de ses jambes). Il s'agit de sa peluche favorite, Polar, nous en reparlerons... Ils ont embarqué sur le Titanic à Cherbourg pour rentrer chez eux dans le Maine, aux États-Unis, après une série de voyages transatlantiques et une visite de l'Europe qui dure depuis 1911.
 

Spedden.jpg

Douglas-Spedden.jpg


Voici maintenant William Ernest CARTER (1875-1940), heureux propriétaire d'une Renault 1912 voyageant dans les cales du Titanic. Il fallait oser transporter une automobile par bateau tant ces engins étaient précieux à l'époque.

 

William-Ernest-Carter.jpg

Renault-1912.jpg

 

Les deux principaux concepteurs du navire étaient à bord.
Joseph Bruce ISMAY (1862-1937), président de la White Star Line en personne. Il voyage gratuitement dans la suite multimillionnaire B-52/54/56, dont les deux premiers locataires se sont désistés. Il n'est à bord que pour vanter les mérites de la compagnie et du navire. S'il a beaucoup fréquenté le capitaine durant la traversée, il n'a jamais mis les pieds dans la passerelle et n'a jamais influé sur aucune décision, pour la simple raison qu'il ne connaissait rien à la navigation. En revanche, il a bien demandé des essais de vitesse, approuvés par ANDREWS, pour la journée du 15 Avril, certainement pas en pleine nuit. Il ne fut pas l'arrogant inconscient que l'Histoire a dépeint.

Ismay.jpg
 

L'architecte naval Thomas ANDREWS (1873-1912) est aussi du voyage, comme pour chaque traversée inaugurale de ses créations. Il en profite pour prendre en note l'avis des passagers, visiter le navire, voir comment il se comporte et ce qui pourrait être améliorer sur le navire suivant, en l'occurrence le Gigantic en construction. Mais lui, il paye son billet.
 

Thomas-Andrews-(1).jpg
 

Quelques militaires et hommes d'affaires influents sont à bord.

Le major américain Archibald Willingham BUTT (1865-1912), attaché militaire à la Maison blanche, parti se reposer six semaines en Europe sur les conseils de son ami Francis David MILLET (également à bord) pour s'éloigner de la campagne électorale qui oppose deux de ses amis. Il revient à bord du Titanic.
 

archibald-butt.jpg


Le colonel américain Archibald GRACIE IV (1859-1912), de retour d'un voyage en solitaire en Europe, il va retrouver son épouse.

Gracie.jpg
 

Le colonel américain et homme d'affaires John Jacob ASTOR IV (1864-1912), à la fortune colossale, qui a récemment divorcé (en 1909) pour épouser (en 1911) une jeune femme de 17 ans, Madeleine Talmage FORCE qu'il s'est empressé de mettre enceinte. Pour échapper aux ragots et aux rumeurs, ils sont partis quelques mois en Europe et en reviennent.
 

Astor.jpg


L'aviateur français Pierre MARÉCHAL, embarqué à Cherbourg.

Pierre-Marechal.jpg
 

Le major canadien Arthur Godfrey PEUCHEN (1859-1929), homme d'affaires montréalais, yachtman confirmé qui a déjà traversé l'Atlantique plusieurs fois à bord de son propre bateau.
 

Peuchen.jpg


Arthur PEUCHEN voyage en compagnie de son ami le célèbre banquier montréalais Harry Markland MOLSON (1856-1912), amateur comme lui de navigation et directeur/fondateur de la Société Protectrice Canadienne des Animaux (SPCA). À noter que PEUCHEN a convaincu son ami MOLSON de retarder son voyage de retour en Amérique de près de trois semaines pour effectuer la prestigieuse traversée inaugurale du Titanic.
 

Molson.jpg


Se trouve aussi à bord le magnat du cuivre, héritier de l'empire industriel et commerical de son père, l'un des hommes les plus riches de la planète, Benjamin GUGGENHEIM (1865-1912), qui voyage seul bien qu'étant marié... Très bel homme, sa réputation de séducteur n'est plus à faire.
 

Gugenheim.jpg


Du voyage aussi le propriétaire de la chaîne de magasins Macy's, Isidor STRAUS (1845-1912) et son épouse Rosalie Ida BLUN-STRAUS (1849-1912).

Straus.jpg
 

L'homme d'affaires George Dunton WIDENER (1861-1912), qui voyage en compagnie de son épouse Eleanor ELKINS et de leur fils aîné Harry ELKINS-WIDENER (1885-1912).
 

George-Widener.jpg

eleanor-elkins.JPG

harry-widener.jpg


Deux magnats du chemin de fer nord-américain sont sur le Titanic.

Charles Melville HAYS (1856-1912), directeur général de la Compagnie de chemin de fer du Grand Tronc du Canada, et son épouse. Il doit inaugurer le Château Laurier à Ottawa.
 

Charles-Hays.jpg

 

John Borland THAYER Junior (1862-1912), vice-président de la Pennsylvania Railroad, qui voyage avec son épouse Marian Longstreth MORRIS et leur jeune fils de 17 ans John Borland "Jack" THAYER III Junior (1894-1945).

Thayer.jpg

Thayer-jr.jpg
 

La famille ALLISON, s'il y a une famille de Première Classe qui a connu un destin tragique sur le Titanic, c'est bien celle-là ! Hudson Joshua Creighton ALLISON (1881-1912) mène une carrière florissante dans le secteur bancaire à Toronto. Il voyage avec son épouse Bessie "Bess" Waldo DANIELS-ALLISON (1886-1912), de leur femme de chambre Sarah "Sallie" DANIELS et de leurs enfants Loraine ALLISON (1909-1912) et Trevor ALLISON (1911-1929), gardés par la gouvernante récemment engagée Alice Catherine CLEAVER (1889-1984), que l'on voit sur la photo avec les enfants.
 

Allison.jpg

Petits-Allison.jpg


Des femmes de caractère étaient sur le paquebot.

Helen Churchill CANDEE (1858-1949), décoratrice et écrivaine américaine. Elle fut beaucoup en compagnie de l'écrivain Jacques FUTRELLE durant la traversée... Féministe fervente et activiste dans ses écrits.

Helen-Churchill-Candee.jpg
 

Margaret Tobin "Molly" BROWN (1867-1932). Sans fortune, elle est devenue riche en même temps que son mari James BROWN suite à la découverte d'or au Colorado (États-Unis d'Amérique). Même en entrant dans la haute-société, elle garda son franc-parler, ses expressions et surtout n'oublia jamais d'où elle venait. Elle ne manquait jamais de défendre les démunis et était redoutable dans les débats à table en Première Classe. Elle n'était pas très bien vue mais elle était très riche, ce qui compensait et faisait qu'on la supportait à sa table. Elle était appréciée de l'équipage car elle décrassait sévèrement sa classe ! Féministe convaincue et activiste enragée.

Molly-Brown.jpg


Lady Lucy Noël Leslie Martha, Comtesse de Rothes (1878-1956), en voyage de découverte en Amérique, elle occupe une cabine moyenne et voyage pour l'agrément et pour le prestige. Elle sera surtout connue par après pour son courage dans les canots de sauvetage.
 

Comtesse-de-Rothes.jpg


Des sportifs rentraient également en Amérique. Deux tennismen ! Richard Norris WILLIAMS (1891-1968), à gauche sur la photo, vainqueur de l'US Open 1912 en double mixte et rentrant d'un tournoi en Europe. Karl Howell BEHR (1885-1949), à droite, avocat de formation qui se trouve sur le Titanic car il se livre depuis près d'un an à un jeu de séduction auprès d'une jeune fille, Helen NEWSON (photo du dessous), dont la famille refuse obstinément qu'elle l'épouse. Aussi depuis 1911 s'invente-t-il des prétextes pour suivre la famille NEWSON, selon la bonne vieille méthode dite du "Tiens ? Vous aussi vous allez là ? Quelle coïncidence !". La famille NEWSON s'étant rendue à Paris pour affaire, le voilà qui la suit pour aller disputer un tournoi de seconde zone en hiver à Paris. Ils retournent aux États-Unis sur le Titanic, lui aussi ! Cela étant, les deux tennismen se connaissent et sont amis mais n'allez pas imaginer un mauvais téléroman ou une situation vaudevillesque, WILLIAMS n'a jamais approché Helen, qui a fini par épouser BEHR en 1913.
 

Williams---Behr-(1).jpg

Helen-Newson.jpg

 

Citons quelques artistes pour terminer.

Rien de moins que le peintre Francis David MILLET (1846-1912), qui accompagne son ami le major BUTT et dont les toiles se vendent à prix d'or autant en 1912 qu'aujourd'hui.

David-Millet.jpg


Le sculpteur français Paul-Romain Marie Léonce CHEVRÉ (1866-1914), l'artiste auteur de la statue de Samuel de CHAMPLAIN devant le Château Frontenac (1896-1898) et de la statue de François-Xavier GARNEAU devant le Parlement de Québec (1911). Très connu et très apprécié au Canada (où il passe la moitié de sa vie), il est à peine rentré en France après l'inauguration de la statue de GARNEAU qu'il est contacté par Charles Melville HAYS qui l'invite à l'accompagner à l'inauguration du Château Laurier à Ottawa.

Paul-Chevre.jpg
 

Le journaliste et écrivain pacifiste William Thomas STEAD (1849-1912). Invité à New-York pour une conférence sur la paix dans le monde, un peu mystique sur les bords, sa compagnie est néanmoins appréciée car c'est un grand conteur. Il fait partie de ces passagers qui n'acceptent de voyager qu'avec le commandant SMITH, dont il est devenu un ami. Ironie, il avait écrit en 1886 une nouvelle qui s'intitulait "Comment le Paquebot postal sombra au milieu de l'Atlantique, par un survivant" et qui racontait le naufrage (causé par un iceberg) désastreux, meurtrier mais fictif du R.M.S. Majestic de la White Star Line, commandé par SMITH, qui transporte 916 passagers alors qu'il n'y a que 390 places dans les canots de sauvetage... De là à dire qu'il a eu une prémonition... Il militait également auprès des compagnies pour qu'elles emportent un nombre adéquat de canots.
 

William-Stead.jpg


 

Pour en terminer avec les artistes et cette brève revue des passagers de Première Classe, nommons l'écrivain américain Jacques FUTRELLE (1875-1912). Dans la journée du Mercredi 10 Avril 1912, il discute sur le Pont supérieur avec le photographe Francis BROWNE qui l'immortalise devant le gymnase. Voilà donc (photo du bas) l'aspect extérieur du gymnase et du Pont supérieur du Titanic, doublé du dernier cliché que l'on a de Jacques FUTRELLE en vie.
 

Jacques-Futrelle.jpg

Futrelle-Titanic.jpg

Posté : 2012-05-07 19:09:23 par RÚmi Bouguet | avec 0 comments

C'est en Première Classe que les différences entre le R.M.S. Titanic et le R.M.S. Olympic sont les plus flagrantes. Thomas ANDREWS, prenant en compte toutes les remarques des passagers de l'Olympic et ayant eu de nouvelles idées, s'est surpassé pour embellir le navire, faisant du Titanic le navire le plus luxueux de son temps.

 

Voyons tout d'abord les luxueuses installations de la Première Classe. Déjà, petite note sur les ponts pour s'y retrouver. Le Titanic est divisé huit ponts, un pont équivalent à un étage. De haut en bas :

_Pont supérieur ou Pont des Embarcations. Où se trouvent le gymnase, les cabines des officiers, la passerelle.

_Pont A, le pont de Première Classe.

_Pont B.

_Pont C.

_Pont D, là on rentre dans la coque en elle-même.

_Pont E.

_Pont F, dernier pont de cabines.

_Pont G, sur plusieurs étages, se trouvent là les chaudières et les cales.
 

Sans-titre.png

Sans-titre1.png


Commençons par ce que les passagers voyaient en premier en arrivant sur le navire : le Grand Escalier avant. Surplombé d'une coupole de verre dans le plus pur style Belle Époque, l'escalier en lui même est tout en bois, en laque et en dorure. Le palier entre le Pont A et le Pont B est orné d'une magnifique horloge, tandis que la rampe au Pont B est décoré avec un ange en bois sculpté. Cet escalier descend jusqu'au Pont F et aux installations sportives, tout en s’étrécissant. Les marches sont en marbres. À l'arrière un autre escalier de luxe un peu plus étroit et un peu moins grand descend jusqu'au Pont D. Il est moins décoré. Le Grand Escalier dispose, sur son côté, de trois ascenseurs pour descendre jusqu'aux installations sportives de l'entrepont. Ces photographies ont été prises sur l'Olympic en 1913, après que la White Star Line eut eut profité du renforcement du navire pour reconstruire l'escalier à l'identique de celui du Titanic.

 

02_tit12.jpg

stairs2.jpg

1_le_grand_escalier.jpg

290px-RMS_Olympic_aft_grand_staircase.jpg


Tiens, parlons-en un peu, des installations sportives.

Le R.M.S. Titanic dispose d'un gymnase, sis derrière la cabine de télégraphe sur le Pont supérieur. Il était également accessible aux passagers de Seconde Classe. Un moniteur de sport, équivalent de ce qu'on appellerait aujourd'hui un coach est chargé d'organiser des sessions "cardio". Il s'agit de Thomas McCAWLEY (1876-1912).

Extérieurement, il ressemblait à ça et donnait directement sur le Pont supérieur (ou Pont des Embarcations).
 

22978693gymnase-fenetres-jpg.jpg


Et intérieurement, il ressemblait à ça. Remarquez la carte sur le mur. Les amateurs d'Histoire géopolitique ne manqueront pas de remarquer les zones plus sombres qui correspondent à l'Empire britannique et au Commonwealth en 1912 (Canada, Inde, Afrique, Australie, possessions en Chine, etc...). C'est toujours amusant ce genre de détail, non ?
 

gym10.jpg


Les deux clichés où l'on voit du monde ont été pris par le photographe irlandais Francis "Franck" BROWN (1880-1960), embarqué à Southampton et débarqué à Queenstown, celui à qui nous devons la photographie de BRIDE à son poste et celle du Titanic quittant Queenstown. Il a également pris de nombreux clichés de la vie à bord durant le premier jour de la traversée. Les autres clichés ont été pris durant la construction du navire.

Le brave homme sur le rameur est vraisemblablement un passager de Première Classe. Sous réserve, je dirais bien qu'il s'agit du major Archibald BUTT, mais je n'en suis pas sûr. L'homme en arrière-plan est trop loin pour être identifié.
 

gymnase_titanic.jpg


Les gens qui pédalent sur les vélos d'appartement sont un passager de Seconde Classe, l'écrivain Lawrence BEESLEY (1877-1967), et une amie venue lui dire au-revoir. La photographie a vraisemblablement été prise à Southampton le Mercredi 10 Avril 1912 à 9h10 (regardez la pendule) car c'est la seule heure qui correspond à une période d'embarquement.

 

gymnase3.jpg


Le Titanic est également équipé au Pont F (on y accède par le Grand Escalier) d'une piscine, de Bains turcs et d'un court de squash.

La piscine est une installation nouvelle mais qui existe déjà sur plusieurs paquebots. Mais celle du Titanic, de 10 mètres de long, 4,3 mètres de large et 1,8 mètre de profondeur est la plus grande du moment et la plus luxueuse, toute de marbre. Elle est remplie d'eau de mer, vidée par gros temps. Des cabines de change sont à disposition des passagers. Des créneaux horaires sont instaurés en journée suivant le sexe (les lieux de baignade n'était pas mixtes dans la société de 1912) et les cabines afin d'éviter la surpopulation, il y a même un créneau pour la Seconde Classe en début d'après-midi. Les hommes de Première Classe y ont tous accès entre 6h30 et 8h30 le matin, ce qui leur fait deux créneaux.
 

piscine25.jpg


À côté de la piscine se trouvent les Bains turcs (équivalent du Spa actuel), équipés pour le repos et de caissons-vapeurs électriques.
 

turkish_bath.jpg

 

bains_turcs1.jpg
170698078_small.jpg


Enfin, le court de squash. Nouveauté très populaire sur l'Olympic, l'organisation en a été améliorée sur le Titanic. Il faut prendre un ticket auprès du Commissaire de Bord Herbert McELROY (au poste du Pont D au Grand Escalier), valable une heure, bien que l'on puisse rester plus longtemps si personne n'attend son tour, ce qui apparemment n'est jamais arrivé tant l'installation était populaire. Un moniteur de squash, Frederick WRIGHT (1888-1912), est chargé de veiller aux rotations mais également de dispenser des cours ou de servir de partenaire.

Les cabines de Première Classe, si elles sont toutes luxueuses, sont assez variées. Les prix varient de 30£ à 870£ de 1912 (1.500£ à 45.000£ d'aujourd'hui, quelque chose comme 2.000€/60.000€, 2.200$/65.000$). En effet, certaines familles très aisées ne le sont pas au point de s'offrir des suites de luxe. La décoration des lambris varie suivant le style, le bois et les couleurs utilisées en dépendant. Il y a le style Adam (acajou blanc), Régence (acajou doré), Louis XVI (noyer, chêne et sycomore doré et blanc), Louis XV (chêne sculpté gris), Louis XIV (chêne sculpté), Géorgien (noyer moulé), Empire (blanc doré et soieries), Hollandais (chêne et sycomore), Queen Anne (acajou et soie), et Renaissance (citronnier). Cela influe fortement sur le choix des cabines pour la haute société !

Rappelons que l'hygiène n'est pas encore une activité quotidienne de l'époque, et dans un tel étalage de luxe l'absence de salles de bain et de toilettes pourrait choquer notre éthique du XXIème siècle. Même les suites les plus luxueuses ne disposent que d'un lavabo permettant les ablutions nécessaires. Cela étant, le Titanic est en avance sur son temps car il dispose d'une salle de bain au centre du Pont B, où l'on peut réserver une baignoire pour une heure ou une cabine de douche. Il y a même des cabinets de toilette à chaque pont, ce qui limite l'usage des pots de chambre à vider par le hublot (en usage à l'époque). Deux cabinets au Pont B, un au Pont A.

odxtf9tb.jpg
Pot de chambre du Titanic, remonté de l'épave.
 

Il y a les suites pour multimillionnaires, pour 870£, au Pont B à l'avant. Elles sont au nombre de deux et occupent tout l'espace qui leur est attribué. Elles sont divisées en trois parties et disposent d'un pont promenade privé ouvert de 15 mètres de long (en bas à gauche). Elles sont partagées en trois parties, trois cabines en une. Il s'agit de la Suite B-52/54/56 et de la Suite B-51/53/57. Pour l'anecdote, dans le film "Titanic" (1997) de James CAMERON, Rose DEWITT-BUKATER, sa mère et son fiancé occupent l'une de ces suites, la B-52/54/56, qui était en réalité celle de Joseph Bruce ISMAY en personne ! Sur cette photo il s'agit du salon de la Suite B-51/53/57, mais les deux étaient très semblables.


b-51.jpg

93438050l3036large-jpg.jpg
 

Il y a les suites et cabines luxueuses, qui ne sont néanmoins pas celles pour les multimillionnaires. Elles couvrent généralement deux ou trois cabines habituelles, parfois d'un pont promenade intérieur. Elles s'étendent au centre du Pont B et leur prix est compris entre 200£ et 500£ suivant la possession ou non de pont privé. Enfin, les cabines les plus modestes, entre 30£ et 150£ suivant l'éloignement des salons, une pièce ou deux, richement décorées néanmoins, à l'avant du Pont C.

3961436_PhoDoc3_05_titanic_1st_class_stat_0M2BDRCX.JPG

74994472.jpg

3042923087_1_5_LLkHHfed.jpg
 

La Première Classe dispose également d'un barbier-coiffeur, partagé avec la Seconde Classe, près des cuisines et de l'Escalier arrière, au Pont E.
 

twitter-titanicrealtime.jpg


Extérieurement, les passagers de Première Classe disposent du Pont A pour prendre l'air. Ce pont longe les superstructures du navire et est équipé de nombreux transats pour se prélasser durant la croisière. Tous ces clichés ont été pris par Francis BROWNE. J'ignore qui est le marin moustachu que l'on voit. Le couple, je parierais sur les époux HAYS, sous réserve, ce n'est qu'une supposition étayée par d'autres photographies. En revanche, je suis sûr et certain de l'identité du garçon qui joue au shuffleboard (sorte de curling se jouant sur le pont d'un navire), il s'agit de Robert Douglas SPEDDEN (1905-1915), qui s'amuse avec son père Frederic Oakley SPEDDEN (1867-1947).
 

Titanic-Interieur.jpg

couple-sur-pont-titanic.jpg

doug-spedden-playing-on-deck2.jpg
 

Le Pont supérieur, libre d'embarcations, était également disponible pour la promenade, voir la passerelle de commandement et accéder au gymnase depuis l'extérieur.
 

pont_tribord.jpg
 

La Première Classe se distingue également par ses grands salons.

Le fumoir du Pont A, gigantesque et magnifique, où se réunissaient les hommes après le souper pour y discuter et jouer aux cartes, parfois jusqu'à des heures avancées dans la nuit. Les épouses étaient priées de ne pas y mettre les pieds. Étiquette de la haute-société oblige, même s'il semble que Molly BROWN et Helen Churchill CANDEE, féministes activistes y aient fait une apparition remarquée au soir du Vendredi 12 Avril 1912 pour "souhaiter bonne nuit à ces hommes" tout en leur rappelant que leurs épouses se languissent dans leurs suites... Le fumoir était également équipé d'une fausse cheminée en vrai marbre, surplombée d'un tableau représentant le port de New York.

1_fumoi9.jpg

fumoir10.jpg

fumoir-1192444.jpg
 

Le Grand Salon du Pont A, lieu de réunion pour discuter et se rencontrer durant la journée, lieu de vie donc, qui pouvait se transformer en église les jours de messe. Il était attenant au Salon de Lecture et d’Écriture, garni d'une belle bibliothèque, où l'on pouvait lire en silence et à son aise, ou rédiger son courrier.

1_loung5.jpg

090823021335790416.jpg
 

Enfin, le Salon de Réception du Pont D (en bas à droite), parfois appelé Salon de Thé car... c'est à ça qu'il servait ! Le thé y était servi entre 16h et 17h00 et l'orchestre y jouait dans les mêmes horaires puis de 20h à 21h15 quand ces dames y revenaient pour le transformer en une sorte de fumoir au féminin. C'était la seule salle du Titanic équipée d'un piano à queue (Stainway). Il était attenant à la Salle à Manger.
 

Titanic-first-class-reception-room2.jpg
 

De l'autre côté de la Salle à Manger se trouvait le Salon du Personnel. Les domestiques se mêlaient ici au personnel de l'équipage à leurs heures perdues.
 

Il y a une Salle à Manger en Première Classe, au Pont D, les repas sont compris dans le prix du billet. D'une capacité de 554 personnes, avec 115 tables pour 2 à 12 convives, c'est là que des dîners d'honneur sont organisés ou que le commandant fait honneur à une table. Les enfants de moins de 12 ans n'y sont admis que s'il y a de la place (les gouvernantes les font en général manger en cabine).

84C8F73F3A4DE597A8C33CD6461D0.jpg
 

Sinon, les passagers de Première Classe peuvent se restaurer à leurs frais au Café-Véranda du Pont A (sur la photo, avant que l'on y installe les plantes) qui offre un cadre exotique assez plaisant avec de nombreuses plantes tropicales sous serre.

090815125117105197.jpg
 

De même, ils peuvent se mêler aux passagers de Seconde Classe dans le Restaurant à la Carte (en haut) ou le traverser pour atteindre le charmant Café parisien (en bas, avant que l'on y installe les plantes grimpantes) très prisé à l'arrière du Pont B.

Titanic_lacarte.jpg

cafe-parisien-1183008.jpg
 

La nourriture de toutes ces salles est fournies par les cuisines du Pont D, ultramodernes pour l'époque, qui sont communes à la Première et à la Seconde Classe. Le cliché où les mitrons sont à l’œuvre est encore pris par Francis BROWNE.
 

cuisine_1-2cl.jpg

cuisine_1-2cl_1.jpg

Posté : 2012-05-07 17:11:10 par RÚmi Bouguet | avec 0 comments

C'est en Première Classe que les différences entre le R.M.S. Titanic et le R.M.S. Olympic sont les plus flagrantes. Thomas ANDREWS, prenant en compte toutes les remarques des passagers de l'Olympic et ayant eu de nouvelles idées, s'est surpassé pour embellir le navire, faisant du Titanic le navire le plus luxueux de son temps.

 

Voyons tout d'abord les luxueuses installations de la Première Classe. Déjà, petite note sur les ponts pour s'y retrouver. Le Titanic est divisé huit ponts, un pont équivalent à un étage. De haut en bas :

_Pont supérieur ou Pont des Embarcations. Où se trouvent le gymnase, les cabines des officiers, la passerelle.

_Pont A, le pont de Première Classe.

_Pont B.

_Pont C.

_Pont D, là on rentre dans la coque en elle-même.

_Pont E.

_Pont F, dernier pont de cabines.

_Pont G, sur plusieurs étages, se trouvent là les chaudières et les cales.
 

Sans-titre.png

Sans-titre1.png


Commençons par ce que les passagers voyaient en premier en arrivant sur le navire : le Grand Escalier avant. Surplombé d'une coupole de verre dans le plus pur style Belle Époque, l'escalier en lui même est tout en bois, en laque et en dorure. Le palier entre le Pont A et le Pont B est orné d'une magnifique horloge, tandis que la rampe au Pont B est décoré avec un ange en bois sculpté. Cet escalier descend jusqu'au Pont F et aux installations sportives, tout en s’étrécissant. Les marches sont en marbres. À l'arrière un autre escalier de luxe un peu plus étroit et un peu moins grand descend jusqu'au Pont D. Il est moins décoré. Le Grand Escalier dispose, sur son côté, de trois ascenseurs pour descendre jusqu'aux installations sportives de l'entrepont. Ces photographies ont été prises sur l'Olympic en 1913, après que la White Star Line eut eut profité du renforcement du navire pour reconstruire l'escalier à l'identique de celui du Titanic.

 

02_tit12.jpg

stairs2.jpg

1_le_grand_escalier.jpg

290px-RMS_Olympic_aft_grand_staircase.jpg


Tiens, parlons-en un peu, des installations sportives.

Le R.M.S. Titanic dispose d'un gymnase, sis derrière la cabine de télégraphe sur le Pont supérieur. Il était également accessible aux passagers de Seconde Classe. Un moniteur de sport, équivalent de ce qu'on appellerait aujourd'hui un coach est chargé d'organiser des sessions "cardio". Il s'agit de Thomas McCAWLEY (1876-1912).

Extérieurement, il ressemblait à ça et donnait directement sur le Pont supérieur (ou Pont des Embarcations).
 

22978693gymnase-fenetres-jpg.jpg


Et intérieurement, il ressemblait à ça. Remarquez la carte sur le mur. Les amateurs d'Histoire géopolitique ne manqueront pas de remarquer les zones plus sombres qui correspondent à l'Empire britannique et au Commonwealth en 1912 (Canada, Inde, Afrique, Australie, possessions en Chine, etc...). C'est toujours amusant ce genre de détail, non ?
 

gym10.jpg


Les deux clichés où l'on voit du monde ont été pris par le photographe irlandais Francis "Franck" BROWN (1880-1960), embarqué à Southampton et débarqué à Queenstown, celui à qui nous devons la photographie de BRIDE à son poste et celle du Titanic quittant Queenstown. Il a également pris de nombreux clichés de la vie à bord durant le premier jour de la traversée. Les autres clichés ont été pris durant la construction du navire.

Le brave homme sur le rameur est vraisemblablement un passager de Première Classe. Sous réserve, je dirais bien qu'il s'agit du major Archibald BUTT, mais je n'en suis pas sûr. L'homme en arrière-plan est trop loin pour être identifié.
 

gymnase_titanic.jpg


Les gens qui pédalent sur les vélos d'appartement sont un passager de Seconde Classe, l'écrivain Lawrence BEESLEY (1877-1967), et une amie venue lui dire au-revoir. La photographie a vraisemblablement été prise à Southampton le Mercredi 10 Avril 1912 à 9h10 (regardez la pendule) car c'est la seule heure qui correspond à une période d'embarquement.

 

gymnase3.jpg


Le Titanic est également équipé au Pont F (on y accède par le Grand Escalier) d'une piscine, de Bains turcs et d'un court de squash.

La piscine est une installation nouvelle mais qui existe déjà sur plusieurs paquebots. Mais celle du Titanic, de 10 mètres de long, 4,3 mètres de large et 1,8 mètre de profondeur est la plus grande du moment et la plus luxueuse, toute de marbre. Elle est remplie d'eau de mer, vidée par gros temps. Des cabines de change sont à disposition des passagers. Des créneaux horaires sont instaurés en journée suivant le sexe (les lieux de baignade n'était pas mixtes dans la société de 1912) et les cabines afin d'éviter la surpopulation, il y a même un créneau pour la Seconde Classe en début d'après-midi. Les hommes de Première Classe y ont tous accès entre 6h30 et 8h30 le matin, ce qui leur fait deux créneaux.
 

piscine25.jpg


À côté de la piscine se trouvent les Bains turcs (équivalent du Spa actuel), équipés pour le repos et de caissons-vapeurs électriques.
 

turkish_bath.jpg

 

bains_turcs1.jpg
170698078_small.jpg


Enfin, le court de squash. Nouveauté très populaire sur l'Olympic, l'organisation en a été améliorée sur le Titanic. Il faut prendre un ticket auprès du Commissaire de Bord Herbert McELROY (au poste du Pont D au Grand Escalier), valable une heure, bien que l'on puisse rester plus longtemps si personne n'attend son tour, ce qui apparemment n'est jamais arrivé tant l'installation était populaire. Un moniteur de squash, Frederick WRIGHT (1888-1912), est chargé de veiller aux rotations mais également de dispenser des cours ou de servir de partenaire.

Les cabines de Première Classe, si elles sont toutes luxueuses, sont assez variées. Les prix varient de 30£ à 870£ de 1912 (1.500£ à 45.000£ d'aujourd'hui, quelque chose comme 2.000€/60.000€, 2.200$/65.000$). En effet, certaines familles très aisées ne le sont pas au point de s'offrir des suites de luxe. La décoration des lambris varie suivant le style, le bois et les couleurs utilisées en dépendant. Il y a le style Adam (acajou blanc), Régence (acajou doré), Louis XVI (noyer, chêne et sycomore doré et blanc), Louis XV (chêne sculpté gris), Louis XIV (chêne sculpté), Géorgien (noyer moulé), Empire (blanc doré et soieries), Hollandais (chêne et sycomore), Queen Anne (acajou et soie), et Renaissance (citronnier). Cela influe fortement sur le choix des cabines pour la haute société !

Rappelons que l'hygiène n'est pas encore une activité quotidienne de l'époque, et dans un tel étalage de luxe l'absence de salles de bain et de toilettes pourrait choquer notre éthique du XXIème siècle. Même les suites les plus luxueuses ne disposent que d'un lavabo permettant les ablutions nécessaires. Cela étant, le Titanic est en avance sur son temps car il dispose d'une salle de bain au centre du Pont B, où l'on peut réserver une baignoire pour une heure ou une cabine de douche. Il y a même des cabinets de toilette à chaque pont, ce qui limite l'usage des pots de chambre à vider par le hublot (en usage à l'époque). Deux cabinets au Pont B, un au Pont A.

Il y a les suites pour multimillionnaires, pour 870£, au Pont B à l'avant. Elles sont au nombre de deux et occupent tout l'espace qui leur est attribué. Elles sont divisées en trois parties et disposent d'un pont promenade privé ouvert de 15 mètres de long (en bas à gauche). Elles sont partagées en trois parties, trois cabines en une. Il s'agit de la Suite B-52/54/56 et de la Suite B-51/53/57. Pour l'anecdote, dans le film "Titanic" (1997) de James CAMERON, Rose DEWITT-BUKATER, sa mère et son fiancé occupent l'une de ces suites, la B-52/54/56, qui était en réalité celle de Joseph Bruce ISMAY en personne ! Sur cette photo il s'agit du salon de la Suite B-51/53/57, mais les deux étaient très semblables.


b-51.jpg

93438050l3036large-jpg.jpg
 

Il y a les suites et cabines luxueuses, qui ne sont néanmoins pas celles pour les multimillionnaires. Elles couvrent généralement deux ou trois cabines habituelles, parfois d'un pont promenade intérieur. Elles s'étendent au centre du Pont B et leur prix est compris entre 200£ et 500£ suivant la possession ou non de pont privé. Enfin, les cabines les plus modestes, entre 30£ et 150£ suivant l'éloignement des salons, une pièce ou deux, richement décorées néanmoins, à l'avant du Pont C.

3961436_PhoDoc3_05_titanic_1st_class_stat_0M2BDRCX.JPG

74994472.jpg

3042923087_1_5_LLkHHfed.jpg
 

La Première Classe dispose également d'un barbier-coiffeur, partagé avec la Seconde Classe, près des cuisines et de l'Escalier arrière, au Pont E.
 

twitter-titanicrealtime.jpg


Extérieurement, les passagers de Première Classe disposent du Pont A pour prendre l'air. Ce pont longe les superstructures du navire et est équipé de nombreux transats pour se prélasser durant la croisière. Tous ces clichés ont été pris par Francis BROWNE. J'ignore qui est le marin moustachu que l'on voit. Le couple, je parierais sur les époux HAYS, sous réserve, ce n'est qu'une supposition étayée par d'autres photographies. En revanche, je suis sûr et certain de l'identité du garçon qui joue au shuffleboard (sorte de curling se jouant sur le pont d'un navire), il s'agit de Robert Douglas SPEDDEN (1905-1915), qui s'amuse avec son père Frederic Oakley SPEDDEN (1867-1947).
 

Titanic-Interieur.jpg

couple-sur-pont-titanic.jpg

doug-spedden-playing-on-deck2.jpg
 

Le Pont supérieur, libre d'embarcations, était également disponible pour la promenade, voir la passerelle de commandement et accéder au gymnase depuis l'extérieur.
 

pont_tribord.jpg
 

La Première Classe se distingue également par ses grands salons.

Le fumoir du Pont A, gigantesque et magnifique, où se réunissaient les hommes après le souper pour y discuter et jouer aux cartes, parfois jusqu'à des heures avancées dans la nuit. Les épouses étaient priées de ne pas y mettre les pieds. Étiquette de la haute-société oblige, même s'il semble que Molly BROWN et Helen Churchill CANDEE, féministes activistes y aient fait une apparition remarquée au soir du Vendredi 12 Avril 1912 pour "souhaiter bonne nuit à ces hommes" tout en leur rappelant que leurs épouses se languissent dans leurs suites... Le fumoir était également équipé d'une fausse cheminée en vrai marbre, surplombée d'un tableau représentant le port de New York.

1_fumoi9.jpg

fumoir10.jpg

fumoir-1192444.jpg
 

Le Grand Salon du Pont A, lieu de réunion pour discuter et se rencontrer durant la journée, lieu de vie donc, qui pouvait se transformer en église les jours de messe. Il était attenant au Salon de Lecture et d’Écriture, garni d'une belle bibliothèque, où l'on pouvait lire en silence et à son aise, ou rédiger son courrier.

1_loung5.jpg

090823021335790416.jpg
 

Enfin, le Salon de Réception du Pont D (en bas à droite), parfois appelé Salon de Thé car... c'est à ça qu'il servait ! Le thé y était servi entre 16h et 17h00 et l'orchestre y jouait dans les mêmes horaires puis de 20h à 21h15 quand ces dames y revenaient pour le transformer en une sorte de fumoir au féminin. C'était la seule salle du Titanic équipée d'un piano à queue (Stainway). Il était attenant à la Salle à Manger.
 

Titanic-first-class-reception-room2.jpg
 

De l'autre côté de la Salle à Manger se trouvait le Salon du Personnel. Les domestiques se mêlaient ici au personnel de l'équipage à leurs heures perdues.
 

Il y a une Salle à Manger en Première Classe, au Pont D, les repas sont compris dans le prix du billet. D'une capacité de 554 personnes, avec 115 tables pour 2 à 12 convives, c'est là que des dîners d'honneur sont organisés ou que le commandant fait honneur à une table. Les enfants de moins de 12 ans n'y sont admis que s'il y a de la place (les gouvernantes les font en général manger en cabine).

84C8F73F3A4DE597A8C33CD6461D0.jpg
 

Sinon, les passagers de Première Classe peuvent se restaurer à leurs frais au Café-Véranda du Pont A (sur la photo, avant que l'on y installe les plantes) qui offre un cadre exotique assez plaisant avec de nombreuses plantes tropicales sous serre.

090815125117105197.jpg
 

De même, ils peuvent se mêler aux passagers de Seconde Classe dans le Restaurant à la Carte (en haut) ou le traverser pour atteindre le charmant Café parisien (en bas, avant que l'on y installe les plantes grimpantes) très prisé à l'arrière du Pont B.

Titanic_lacarte.jpg

cafe-parisien-1183008.jpg
 

La nourriture de toutes ces salles est fournies par les cuisines du Pont D, ultramodernes pour l'époque, qui sont communes à la Première et à la Seconde Classe. Le cliché où les mitrons sont à l’œuvre est encore pris par Francis BROWNE.
 

cuisine_1-2cl.jpg

cuisine_1-2cl_1.jpg

Posté : 2012-05-07 17:11:10 par RÚmi Bouguet | avec 0 comments
Affichage des résultats 11-20 (de 26)
 |<  <  1 - 2 - 3  >  >| 
Support history Right Now! Donate
© Histoire Canada 2016
Feedback Form
Feedback Analytics