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Avril 1912 - Avril 2012 : Il y a cent ans... le R.M.S. Titanic. 12°) Lundi 15 Avril 1912 : détresse.

Les passagers n'ont pour ainsi dire absolument rien vu ni senti. Pourtant, le Titanic est frappé à mort. Les moteurs sont stoppés, ce que remarquent les passagers encore éveillés et le commandant SMITH qui rejoint en toute hâte la passerelle. Mis au courant de la situation, il envoie le 6ème officier "junior" MOODY évaluer les dégâts. Celui-ci descend à 23h45 et fait une inspection rapide à l'avant. Il a la confirmation d'une voie d'eau mais se convainc que les portes étanches sécurisent la situation. Il remonte rassurer le commandant qui, les yeux sur l'inclinomètre, n'est pas convaincu. Le navire accuse une gîte croissante vers l'avant ainsi qu'une légère inclinaison sur tribord (droite). SMITH renvoie MOODY aux nouvelles. À peine parti, ce dernier croise le chef mécanicien Frederick BARRETT, les vêtements pleins de charbon et trempé jusqu'aux genoux qui lui annonce que la Chaufferie n°6 est évacuée car elle prend l'eau. (les images sont tirées du film "Atlantique, latitude 41°" [1958])
 

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Cela va donc plus mal que prévu. L'architecte ANDREWS, qui a remarqué l'arrêt des moteurs et a été mis au courant de la situation, se joint au charpentier du bord pour une inspection approfondie. Il est 23h50. Les deux hommes ne peuvent que constater que la proue s'enfonce déjà de quatre mètres dans les flots, que la Chaufferie n°6 se remplit rapidement et que de l'eau commence à arriver dans la Chaufferie n°5 (il y a six chaufferies dans le Titanic, par numéros décroissants de la proue vers la poupe) en passant au-dessus des cloisons étanches... 
 

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Les deux ingénieurs se piquent de courage et continuent leur exploration jusqu'aux compartiments de coque, n'hésitant pas à se mouiller, pour constater que la brèche n'est pas réparable. En remontant, ils croisent le commis à la cale postale, l'air navré et lui aussi trempé, qui leur annonce que le compartiment du courrier, à l'avant du Pont F, est inondé. De retour sur la passerelle, ANDREWS entraîne le commandant vers sa cabine. Tandis que l'architecte enfile des vêtements secs, il expose la situation à SMITH. Le R.M.S. Titanic est condamné. Il va sombrer, dans une heure ou deux, l'inclinaison croissante vers l'avant provoquant un effet de vase communiquant entre les compartiments, les cloisons étanches et les pompes ne pourront que gagner du temps. Avec l'autorisation du vieux commandant, ANDREWS part superviser la mise en place des opérations de pompage pour conserver une chaufferie au sec le plus longtemps possible afin que le Titanic conserve ses possibilités électriques. Quant à SMITH, il retourne informer ses officiers, croisant au passage un ISMAY passablement intrigué, en robe de chambre. Les officiers savent ce qu'ils ont à faire. ISMAY ne dit rien et retourne à sa suite. La dernière consigne donnée par SMITH, au vu du manque de chaloupes, est "Les femmes et les enfants d'abord.".

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Il est alors 0h05, le Lundi 15 Avril 1912. Moins d'une demi-heure s'est écoulée depuis la collision. Edward SMITH pénètre dans la cabine des communications et demande au radio Jack PHILLIPS d'envoyer un message de détresse en donnant la position du navire, 41°46'N - 50°14'O et en décrivant les circonstances à qui voudra répondre.
 

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Le message de détresse alors en vigueur à la White Star Line (les messages ne sont pas encore internationaux) est le C.Q.D. : Come Quickly ! Danger ! (Venez Vite ! Danger !). À 0h15, sur la bande des 600 mètres, commence alors la longue plainte en morse du Titanic : _._.  _ _._  _.. (tatitati-tatatita-tatiti). Voici la teneur du message tel que capté par tous les opérateurs radio de l'Océan Atlantique Nord : "CQD ! Besoin d'assistance ! Notre position : 41°46'N - 50°14'O. Avons heurté iceberg.".

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Immédiatement des navires répondent, d'abord incrédules.

_Le R.M.S. Baltic, transatlantique de la White Star Line, tout d'abord, pourtant à 243 miles (450 kilomètres) à l'est. "Titanic ? Avez-vous fini avec Cape Race ?" Qui se fait répondre assez sèchement : "Nous coulons. Besoin d'assistance immédiate.". (télégramme) Le Baltic, trop loin, se charge de relayer le message aux navires alentours et joint ses plaintes à celles du Titanic.

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_Le S.S. Birma en deuxième, à 70 miles (130 kilomètres) au sud-ouest. "Quel est votre problème ?" PHILLIPS répond "OK ! Nous avons heurté un iceberg et coulons par l'avant. Dites à votre capitaine de venir." (télégramme). Le Birma se déroute immédiatement pour se porter au secours du Titanic mais il est loin.

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_Puis trois navires se signalent dans la même minute : le S.S. Virginian (170 miles, 315 kilomètres), photo du haut, qui est trop loin et relaie l'information ; le S.S. Frankfurt (153 miles, 285 kilomètres au sud-ouest), photo du centre, qui est très loin mais se déroute malgré tout ; et enfin un navire proche, le S.S. Mount Temple à 49 miles (90 kilomètres), photo du bas, au sud-ouest mais qui est hélas un vieux cargo, qui file péniblement 13 nœuds à pleine vitesse et qui ne compte pas arriver avant au moins cinq heures mais qui se déroute de toute la vitesse de son vénérable moteur.

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À 0h45, BRIDE lance, moitié à la plaisanterie ("C'est peut-être ta dernière occasion de l'utiliser !"), à PHILLIPS qu'il peut utiliser ce nouveau signal qui s'internationalise alors, plus simple d'emploi : S.O.S., Save Our Souls (Sauvez Nos Âmes). La T.S.F. du Titanic change alors de musique : ...  _ _ _  ... (tititi-tatata-tititi). La position est toujours donnée, mais est cette fois assortie d'un message désespéré : "CQD ! SOS ! Avons heurté un iceberg et coulons rapidement ! Besoin d'assistance immédiate !" (télégramme du haut). Puis un autre message lorsque les opérateurs apprennent que l'évacuation a commencé sur le pont : "SOS ! SOS ! CQD ! CQD ! Nous coulons rapidement. Passagers conduits aux chaloupes." (télégramme du bas). La position n'est plus spécifiée.

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Deux navires répondent.
_Le navire frère, le R.M.S. Olympic, celui qui avait vogué avec lui le 2 Avril lors des essais, qui a eu le temps de traverser l'Atlantique et qui vient juste de quitter Halifax. Le R.M.S. Olympic, à plus de 500 miles (930 kilomètres à l'ouest) ne peut absolument rien faire mais qui, sous l'impulsion de l'énergique capitaine James Herbert HADDOCK (véridique ^^) répond néanmoins à son jumeau "Poussons nos chaudières à fond ! Arrivons aussi vite que possible !" (télégramme du haut) et fait forcer la vapeur. Dans le même temps, il relaie l'information à Cape Race, qui transmet au continent nord-américain, qui prend donc connaissance des difficultés du Titanic pour ainsi dire en direct : "De l'Olympic. 23h, heure de New York. Le Titanic a envoyé un message de détresse. Avons répondu à son appel. Le Titanic a confirmé et donné sa position  41°46'N - 50°14'O et a dit "Avons heurté un iceberg". Nous sommes à 505 miles du Titanic." (télégramme du bas).

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_Enfin, le R.M.S. Carpathia, navire d'immigration de la Cunard Line en route pour la Mer Méditerranée, luxueux pour un navire de Troisième Classe, mais néanmoins vieux car il date de 1903. À 58 miles (107 kilomètres) au sud, il est avec le Mount Temple le navire le plus proche. Il est cependant plus rapide que le Mount Temple avec une vitesse de croisière de 15 nœuds. Faisant route à toute vapeur, il se détourne pour se porter à l'aide du navire en perdition mais ne compte pas arriver avant quatre heures.
 

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Tous les navires de l'Océan Atlantique Nord se portent à la rescousse du Titanic. Tous sauf deux. Dommage, ce sont les deux plus proches.
 

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Le S.S. Californian, cargo arrêté pour la nuit et cerné par les glaces, à 20 miles à peine (35 kilomètres) au nord du Titanic, mais dont l'unique opérateur radio et le commandant sont allés se coucher à 23h30 et n'entendent donc pas l'appel du paquebot.

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Entre les deux, à environ 10 miles au nord du Titanic (18 kilomètres) le chalutier norvégien Samson. Ne disposant pas de la T.S.F., lui aussi cerné par les glaces et avec un équipage réduit ne permettant pas de quart efficace, il n'a aucun moyen de savoir ce qui se passe sur le transatlantique, dont il aperçoit pourtant les lumières.

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Il est donc 0h45 à bord du R.M.S. Titanic. L'évacuation commence, mais l'espoir de sauver tous les passagers est inexistant, celui de voir arriver du secours à temps est très mince.

Posté : 2012-05-08 17:09:13 par RÚmi Bouguet | avec 0 commentaires
Filed under: Séries, Titanic


Rémi Bouguet

Né en 1991 à Tours, en France, Rémi Bouguet suit d'abord des études scientifiques au lycée avant de se tourner vers l'histoire à l'université. Arrivé au Québec en échange universitaire en 2010, il y reste pour effectuer sa maîtrise à l'Université Laval. Il travaille sur les Chemins du Roy de la rive sud.

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