Mot de passe oublié

De retour pour une nouvelle émission ! Aujourd'hui, vous aurez l'honneur de rencontrer notre troisième animateur, Anthony SAVARD-GOGUEN, de retour d'Irlande et qui assurera la permanence pendant l'été. Vous serez également les témoins privilégiés d'un duo mémorable entre Alex TREMBLAY et moi sur "Les yeux d’Émilie" (1977) de Joseph Ira "Joe" DASSIN (1938-1980). Vous connaîtrez enfin mon sujet de mémoire de maîtrise en Histoire. Vous sourirez devant un incident technique à la toute fin, qui m'a fait passer pour un con une andouille.

 

 

Mais surtout, vous découvrirez des idées de sorties historiques pour profiter du beau temps de l'été qui s'annonce !

 

Sur CHYZ 94.3, le blogue pour avoir tous les détails et quelques adresses, c'est . Quant à la rediffusion de l'émission d'hier, c'est . Rendez-vous tous les Mercredis de 20h30 à 21h30.

Posté : 2012-05-31 13:34:06 par RÚmi Bouguet | avec 0 comments

C'était un sacré manque à combler, comment voulez-vous faire une série historique sérieuse sans une bibliographie (aussi légère soit-elle, même si je me suis beaucoup documenté, j'y ai quand même passé moins de temps et avec moins de rigueur que mes recherches pour mon mémoire de Maîtrise/Master en Histoire ou même un travail précis de Licence/Baccalauréat en Histoire) ou des indications de lecture ?

 

Donc, je corrige ceci prestement.

 

I Les livres.

 

Promis, je vous épargne les romans à l'eau de rose et autres élucubrations prenant pour décor le R.M.S. Titanic.

 

_Walter John LORD Junior (1917-2002), "La nuit du Titanic" / "A night to remember" (1955). LORD était historien, et bien que son livre se lise comme un roman, il n'en reste pas moins un des ouvrages de référence. Détails profondément fouillés, évènements écrits tels que racontés par les témoins (particulièrement le 2nd officier LIGHTOLLER qui a beaucoup collaboré dans ses dernières années), c'est un incontournable. Même s'il a évidemment les défauts inhérents à son époque, notamment sur le fait que le navire s'est brisé, fait qui n'a été avéré qu'une fois l'épave découverte, nous avons expliqué pourquoi dans l'article sur le naufrage. À noter, pour ceux qui ont lu mes articles sur Pearl Harbor, que c'est le même Walter LORD qui a écrit "Pearl Harbour" en 1963.

_Élisabeth NAVRATIL, "Les enfants du Titanic" (1998). Élisabeth est la fille de Michel Marcel "Lolo" NAVRATIL qui avait quatre ans sur le Titanic et dont nous avons raconté l'histoire dans les articles précédents. Quelques erreurs et incohérences dans ce livre, que l'auteure avoue et pointe car elles ont simplement pour but de faire découvrir le navire au lecteur, ce qui pour des raisons scénaristiques obligeait Michel NAVRATIL père a se déplacer un peu trop librement entre les différentes classes et à se retrouver coincé en Troisième Classe, chose qui ne s'est jamais produite. En revanche, c'est toute la folle histoire de la famille NAVRATIL qui est racontée fidèlement dans ce livre, depuis "l'enlèvement" des enfants par le père, la fuite outre-Manche et bien entendu l'affaire des "orphelins du Titanic" à New York.

_"Daisy" Margaretta Corning SPEDDEN née STONE (1872-1950), "Polar, l'Ours du Titanic" (1994, écrit en 1913). Conte pour enfant qui raconte le naufrage par les yeux de l'ours en peluche Polar, appartenant au fils de l'auteure, Douglas Robert, pour qui le livre a été écrit. L'enfant n'en a pas profité longtemps, j'ai déjà eu l'occasion de revenir sur le destin tragique du garçonnet. Le livre en lui-même est emprunt de poésie et de dessins, idéal pour les enfants de 5 à 9 ans.

 

II Les films.

 

Il y en a pléthore. Mais je vais citer les plus intéressants.

 

_"A night to remember" / "Atlantique, latitude 41°" (1958), de Roy Ward BAKER (1916-2010). Pour les titanicophiles, ce film reste encore, un demi-siècle après sa sortie, la référence. Réalisé avec la collaboration de Walter LORD et de nombreux survivants (dont l'écrivain Lawrence BEESLEY), le film (hélas non encore colorisé) montre le Titanic dans tous ses aspects (classes sociales, passagers, machinistes, ambiance, etc...) et avec force détails historiques vérifiés. À l'exception notable du traitement des passagers de Troisième Classe, faute de témoins directs ayant accepté de participer au tournage (il s'en trouvera après la sortie du film pour contester la scène en question). L'histoire s'attache surtout à Charles LIGHTOLLER, incarné avec conviction par Kenneth MORE (1914-1982), parfois un peu trop, principal défaut. Mais c'est réellement un film à voir. Pour preuve, certaines scènes et certaines répliques sont calquées mots pour mots dans le "Titanic" de CAMERON.

_"Titanic" (1997), de James Francis CAMERON (1954- ). On ne le présente plus, d'autant qu'il vient de ressortir en 3D. Principal avantage : on est sur le R.M.S. Titanic. La maquette utilisée pour le tournage est d'une fidélité remarquable, les costumes magnifiques, l'attitude des acteurs est celle des gens de 1912. De ce point de vue là, rien à dire. En revanche, le scénario prend quand même quelques belles libertés avec l'Histoire, mais c'est pardonnable.

_"Titanic" (2012), mini-série. Je ne l'ai pas vue mais de ce que j'en sais, chaque épisode suit une personne en particulier, de l'embarquement au naufrage. Les critiques sont positives.

 

J'en cite rapidement deux autres.

_"Titanic" (1953), de Ioan NEGULESCU "Jean NEGULESCO" (1900-1993). Superproduction hollywoodienne très très libre avec l'Histoire, Oscar du meilleur scénario original, c'est dire... Personnellement, peu digne d'intérêt.

_"Le Titanic" (1996), de Robert LIEBERMAN. Téléfilm rassemblant une pléiade de grands acteurs du petit écran, avec des décors ma foi convenables, mais handicapé par un scénario d'une naïveté déconcertante. Complètement éclipsé par CAMERON, ce qui n'est pas plus mal. Dieu est comme un peu trop présent pour moi... Mais bon, ça peut faire passer un après-midi pluvieux.

 

Et une curiosité.

_"Titanic" (1943), de Herbert SELPIN (1902-1942) et de Karl Adolf Kurt Werner KLINGER (1903-1972). Film de propagande nazie, commandé par Paul Joseph GOEBBELS (1897-1945), Ministre de l’Éducation et de la Propagande du IIIème Reich d'Allemagne nazie en personne. Le tournage est surveillé de très près par l'armée et la Gestapo, à tel point que Herbert SELPIN s'en offusque, ce qui lui vaut de mourir en déportation. Historiquement, ça ne vaut rien. SMITH est présenté comme un larbin des Américains, ISMAY comme un Juif voulant à tout prix remporter le Ruban bleu, les Anglais comme des lâches abandonnant femmes et enfants pour sauter dans les chaloupes, etc... Heureusement qu'il se trouve à bord l'officier PETERSEN, un fier Teuton en lieu et place de MURDOCH, pour être efficace...Les scènes de panique sont en revanche convaincantes, à tel point que certaines sont reprises dans "Atlantique, latitude 41°" et qu'elles vaudront au film de ne pas être diffusé de crainte de démoraliser encore plus le peuple allemand déjà sous les bombes alliées en 1943...

À noter que le tournage a eu lieu sur le paquebot allemand S.S. Cap Arcona, transatlantique qui a fait la fierté de l'Allemagne dans l'entre-deux-guerres. Le Cap Arcona sera transformé en prison flottante en 1945 dans l'optique d'être sabordé au large le 4 Mai 1945 afin d'effacer les traces des camps de la mort. Le 3 Mai 1945, la Royal Air Force (R.A.F.) attaque la flotte allemande dans la Baie de Lübeck (Mer Baltique), le Cap Arcona est coulé avec 5.000 soldats et déportés à bord. Rien à envier au Titanic donc...

 

III Documentaires.

 

"Les fantômes du Titanic" (2003), de James CAMERON. Prises de vues de l'épave magnifiques, moments de vie à bord retracés de façon émouvante.

 

IV Sites Internet.

 

Ne mentons pas, c'est de là que je tire pas mal d'infos.

J'ai eu la chance de pouvoir profiter de la mise en ligne gratuite de 200.000 documents d'archives de la White Star Line, de l'Amirauté britannique, photographies et autres documents privés ayant trait au Titanic, ce qui m'a permis de citer quelques détails croustillants ainsi que l'enquête. Hélas, il s'agit d'un site de généalogie, et la plupart des documents mis en ligne seront retirés dès demain Vendredi 1er Juin 2012.

http://www.ancestry.co.uk

 

Je me suis également basé sur plusieurs sites de titanicophiles compulsifs, qui généralement sont quand même digne d'une certaine confiance. Voici celui que j'ai le plus utilisé.

Posté : 2012-05-31 13:07:00 par RÚmi Bouguet | avec 0 comments

Et nous revoilà sur CHYZ (94.3) pour une nouvelle édition de "3.600 secondes d'Histoire", tous les mercredis soir de 20h30 à 21h30.

 

Aucun accroc à déplorer cette fois-ci, nous avons pu dérouler notre thème Histoire et Cinéma correctement.

 

Tous les détails , et la rediffusion ici.

 

Qu'est-ce qu'on s'amuse, avec Alex TREMBLAY, dans les studios de CHYZ (94.3) !

 

 

Rendez-vous mercredi prochain, de 20h30 à 21h30, sur CHYZ (94.3).

Posté : 2012-05-24 14:36:14 par RÚmi Bouguet | avec 0 comments

Car oui ! Ca y'est ! C'est officiel ! C'est même déjà fait à l'heure où j'écris : je fais de la radio, avec mon grand ami Alex TREMBLAY (également blogueur pour ce site). Sur CHYZ (94.3), la radio du campus de l'Université Laval. Notre émission, une chronique historique et culturelle d'une heure : "3.600 secondes d'Histoire". Tous les mercredis de 20h30 à 21h30. À ne surtout pas manquer !

 

 

Bon, la première émission a été... heu... disons... laborieuse. Un problème technique dû à notre inexpérience sur la console, entraînant un long silence de deux minutes en onde, une chanson lancée à l'improviste, des chroniques raccourcies, du temps perdu, bref, on a pas eu le temps de tout dire !

 

Pour plus de détails, voici le lien qui mène à notre blogue sur le site de votre radio préférée : CHYZ (94.3). Allez-y voir car j'explique plus précisément ce qui s'est passé, ce qu'on a pas eu le temps de dire, les chansons qui ont été diffusées, et les références des livres et films cités et décrits dans notre chronique culturelle. Donc, allez voir !

 

http://www.chyz.ca/emissions/3600-secondes-dhistoire/

 

Dans la colonne de droite, sous l'intitulé "Contenu lié", vous trouverez un bouton "Podcasts" qui vous mènera aux rediffusions... dont je vous donne quand même le lien. Et n'oubliez pas chers amis de la région de Québec, tous les mercredis soir de 20h30 à 21h30 sur la fréquence 94.3.

 

http://extranet.chyz.ulaval.ca/podcast/3600secondesdhistoire/


Et n'oubliez pas chers amis de la région de Québec, tous les mercredis soir de 20h30 à 21h30 sur la fréquence 94.3.

Posté : 2012-05-24 12:42:00 par RÚmi Bouguet | avec 0 comments
Déjà, je tiens à vous présenter mes excuses pour la longue coupure dans la série sur le R.M.S. Titanic. Ce n'était que du copier-coller de mes autres blogs, mais j'ai rencontré des problèmes techniques et informatiques, doublés d'un manque de temps chronique, pour achever.

Donc ça, c'est fait.

Cela étant, pour achever "scientifiquement"cette série, il lui manque une petite bibliographie, que je m'engage à faire dans les prochains jours.

Toujours dans les prochains jours, je m'engage à rajouter quelques articles sur le Titanic et le Canada, rien que pour vous, sans copier-coller, ni rien, du 100% original ! Cela traitera des rapports particuliers du paquebot avec le Canada, Montréal, Ottawa, Halifax, les Canadiens, etc... Oh, il y en aura assez peu et ils seront brefs (mais instructifs), mais voilà.

Maintenant, si vous avez été charmés par mon style décontracté, impressionnés par ma rigueur scientifique et époustouflés par la taille de mes articles et leur richesse iconographique (Comment ça, je me flatte ? Pas du tout ! ^^), je ne peux que vous conduire vers mes deux autres séries historiques déjà existantes mais qui ne concernent pas le Canada, d'où leur absence de ce blogue-ci.
_L'attaque japonaise sur Pearl Harbor le Dimanche 7 Décembre 1941, provoquant l'entrée des États-Unis d'Amérique dans la Seconde Guerre mondiale (1939-1945). J'ai rédigé cette courte série (8 articles) en Décembre 2011, à l'occasion des 70 ans de l'évènement. Ça se passe ici ou .
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_La Commune de Paris, révolte à caractère socialiste qui a eu lieu du 18 Mars au 28 Mai 1871 à Paris, dans le flou politique qui a suivi l'effondrement du Second Empire français (1851-1870) et l'invasion de la France par les forces coalisées des États allemands. Cette série est assez longue (88 articles) puisque j'ai écrit un article par jour pour célébrer les 140 ans. Ça se passe ici ou .
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J'en profite pour vous annoncer les prochaines séries à venir.
_Sur mes deux autres blogues, un hommage historique et littéraire pour célébrer les 150 ans de publications du roman "Les Misérables" (1862) de Victor Marie HUGO (1802-1885), les 210 ans de naissance du Poète, et du même coup les 180 ans d'un des évènements centraux de l'œuvre : l'Insurrection républicaine de Juin 1832.
Ici et .
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_Sur ce blogue-ci et les deux autres, le début d'une série à épisodes très écartés les uns des autres puisqu'elle suivra de loin en loin les évènements marquants de la Guerre de 1812.
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_Sur ce blogue et les deux autres, une mini-série historique en Août sur le débarquement raté de Dieppe en 1942, où furent surtout engagés (et sacrifiés) des Canadiens.
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Voilà. Bien entendu, ce blogue n'est pas qu'une suite de séries. Je vous tiendrai également au courant des évènements culturelles et historiques de l'actualité.

Bien à vous, chers lecteurs.

Le modeste auteur : Rémi BOUGUET
Posté : 2012-05-21 22:24:49 par RÚmi Bouguet | avec 0 comments

Le naufrage du R.M.S. Titanic, s'il n'eut pas de conséquences économiques internationales, décapita néanmoins une bonne partie de la gente masculine de la haute-société et du patronat américain et britannique. Les successions se firent assez bien, ce sont les héritiers qui ont dû être contents... La Banque Molson et la Société Protectrice Canadienne des Animaux (SPCA) ont toutes les deux perdu leur président. L'inauguration du Château Laurier à Ottawa (Canada) n'a jamais eu lieu, par respect pour celui qui devait en être le président d'honneur, Charles Melville HAYS, décédé dans le naufrage. L'industrie du rail est-américain et est-canadien a également souffert.

 

Une des affaires les plus retentissantes est celle de ceux qui furent connus comme "les orphelins du Titanic" : les frères NAVRATIL. Français, trop jeunes pour connaître leur nom de famille, leur père visiblement décédé et ayant voyagé sous un faux nom, personne ne les réclame. Recueillis par une Américaine francophone et une passionnée de la France, ils sont photographiés et la photo part sur le premier bateau en direction de la France pour être publiée dans tous les journaux. Remarquez les prénoms sur la photo... "Louis et Lola ?" Le point d'interrogation est éloquent. C'est un garçon et pourtant... Le fait est que Michel (l'aîné) était presque tout le temps appelé "Lolo", son surnom, qui est devenu "Louis". Le cadet, Edmond, était surnommé "Momo", ce qui prononcé par un enfant de quatre ans, avec un bon accent franco-italien du sud de la France de 1912 a dû sonner dans les oreilles américaines comme "Lola"...

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L'autre photographie est également éloquente, et ma foi assez triste. Remarquez les jouets que tiennent les bambins. La petite automobile miniature que tient le petit Edmond dans sa main (à gauche) et le modèle réduit de bateau (le Titanic...) entre les jambes de Michel (à droite). Ces deux jouets étaient des gracieusetés de la White Star Line aux enfants de Seconde Classe du Titanic et ont été offerts par le 5ème officier "junior" LOWE aux deux garçons à leur embarquement à Southampton. Leur père a pris soin de leur donner avant de les emmener au canot D, mais c'est tout ce qu'ils ont sauvé du naufrage...

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Les photographies paraissent dans les journaux en France, et Marcelle NAVRATIL, leur mère,  tombe dessus en lisant le Figaro du Dimanche 21 Avril 1912. La White Star Line lui offre un aller-retour sur le R.M.S. Oceanic et la famille se trouve réunie dix jours après le drame.

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La famille SPEDDEN, rescapée, se fera connaître bien plus tard. Daisy SPEDDEN écrira en 1913 pour son fils Douglas un conte mettant en scène son ours en peluche, Polar. Conte aujourd'hui édité sous le nom de "Polar, l'ours du Titanic" (1994).

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Le manuscrit a été retrouvé en 1982 seulement. Douglas SPEDDEN est mort à l'âge de dix ans, en 1915, renversé par une camionnette alors qu'il courait après une balle.

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N'ayant eu qu'un seul enfant, ses parents conservèrent sa chambre comme un sanctuaire jusqu'à leur mort, Polar trônant sur le lit, avant de finir dans la même malle que le manuscrit, au grenier, après le décès des parents. En 1983, le cousin qui avait rouvert la malle, après avoir lu le conte, demanda l'ouverture du caveau familial dans le Maine (États-Unis) et alla déposer la peluche dans le cercueil blanc du petit Douglas, où l'enfant et son ours reposent encore aujourd'hui, désormais unis comme autrefois.

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En 2002, le bébé inconnu enterré à Halifax est exhumé pour procéder à des tests génétiques, sans grand espoir. Pourtant, grâce à des descendants, il est identifié. Il fait en effet partie d'une des familles "connues" de la Troisième Classe, les GOODWIN, la famille nombreuse en photo dans l'article sur la Troisième Classe, bien qu'il soit absent du cliché (pris en 1909) faute d'être déjà né ! Il s'agit du petit Sidney Leslie GOODWIN (1910-1912).

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Beaucoup de passagers de Seconde Classe demandèrent le remboursement de leurs biens ou de leur billet, rarement les deux (après tout, ils étaient arrivés en Amérique, ce qu'ils voulaient), mais la plupart s'arrangèrent avec les assurances sauf pour les objets à valeur sentimentale. Les Troisième Classe se firent oublier assez vite, ils avaient atteint le continent américain, une nouvelle vie commençait pour eux. En revanche, deux comportements s'opposent en Première Classe. Il y a ceux qui ont exigé le remboursement de tous leurs biens et de leur billet, jusqu'au moindre centime et parfois en gonflant les estimations ou en attentant des procès à la White Star Line. D'autres jouèrent la carte de l'humilité et ne demandèrent qu'un remboursement symbolique ou pour des choses particulières. William Ernest CARTER, déjà bien aise pour avoir survécu en étant un homme, ne demanda que le remboursement de ses deux chiens restés sur le navire et d'un tiers de sa Renault 1912, les autres deux-tiers étant couverts par son assurance.

 

Margaret BROWN fonda une société regroupant les survivants afin d'aider au remboursement des plus démunis et de rendre hommage aux victimes. Elle-même ne demanda que le remboursement du quart de son billet qu'elle versa à la Cunard puisqu'après tout c'est avec cette compagnie qu'elle avait fini la traversée. Le milliardaire Archibald GRACIE fut un membre actif de son association mais ne se remit jamais du naufrage. Perché avec LIGHTOLLER sur le radeau B, il a passé une partie de la nuit dans l'eau. Il commence à réunir des témoignages dans le but d'écrire un livre sur le naufrage mais est gêné dans ses travaux par les maladies à répétition. Il passe de coups de froid en maux pulmonaires sans jamais véritablement guérir malgré l'action de nombreux médecins. Une pneumonie l'emporte finalement le 4 Décembre 1912, il avait 53 ans. Son livre sortira à titre posthume en 1913, "Rescapé du Titanic".

 

Charles LIGHTOLLER demande sa mutation dans la marine militaire, où il finit par commander un navire, et publie ses mémoires au début des années 1930 afin de se renflouer financièrement. À sa retraite, il achète et restaure un yacht, le Sundowner, avec lequel il "racheta une partie des vies perdues sur le Titanic". En Juin 1940, âgé de 66 ans, il répond à l'appel de la Royal Navy pour aider à l'évacuation des militaires britanniques encerclés par les Allemands à Dunkerque. Il en sauve 130. À la fin des années 1940, il rencontra plusieurs historiens pour livrer d'ultimes témoignage sur la catastrophe, notamment John Walter LORD Junior (1917-2002). Il meurt en 1952. Les autres officiers du Titanic restèrent dans la marine marchande... et n'obtinrent jamais un commandement.

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Le commandant Charles LIGHTOLLER.

 

La carrière du capitaine Stanley LORD, commandant du S.S. Californian, est brisée. Certes, il n'était pas aussi proche qu'on l'a pensé au début, ce qu'a reconnu l'enquête britannique. Néanmoins, il aurait pu porter secours au Titanic dans ses derniers instants. En ne se montrant pas intrigué par les fusées et en refusant de réveiller le radio, LORD a commis une grave faute professionnelle. Il est démis de son commandement, licencié de sa compagnie et cassé de la marine marchande. Le Californian continue sa carrière. Transport de troupes pendant la Grande Première Guerre mondiale (1914-1918) est torpillé le 9 Novembre 1915 et coule par 5.000 mètres au fond au large de la Grèce. Son épave n'a jamais été retrouvée.

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Le capitaine Stanley LORD.

 

La possibilité que le Samson soit le navire mystérieux aperçu par le Californian et le Titanic n'a été évoqué que lors d'une révision générale des archives des capitaineries des ports d'Islande en 1924. L'équipage jure ses grands dieux qu'ils n'ont rien vu. En 1992, la théorie est confirmée.

 

En revanche, la carrière du capitaine Sir Arthur Henry ROSTRON prend une tournure héroïque. Salué partout, fait chevalier, acclamé comme le héros du Titanic, décoré de la Médaille d'Honneur du Congrès par les États-Unis, il est l'un des hommes les plus admirés de la marine. Fin 1912, Molly BROWN lui offre, au nom des survivants, une coupe pour le remercier. La Cunard Line le remercie également en lui donnant des commandements de plus en plus importants, l'apothéose étant le superbe R.M.S. Mauretania, orgueil de la flotte. Il le commande de 1918 à 1928 et fait honneur à sa réputation non seulement en conservant le Ruban Bleu mais en augmentant régulièrement le record. Il prend sa retraite en 1931, unanimement salué comme le commandant le plus apprécié (et le mieux payé ^^) de l'époque, comme le fut SMITH en son temps.

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Le R.M.S. Carpathia resta sous le feu des projecteurs et l'on se battait pour voyager à son bord, alors qu'il n'était au départ qu'un vieux paquebot d'immigration. ROSTRON laissa la coupe de Molly BROWN dans une vitrine sur la passerelle de commandement. Bien que vieux et pas particulièrement rapide, son prestige était tel qu'il fut chef de file de tous les convois auxquels il participa durant la Grande Guerre... Le 15 Juillet 1918, il est torpillé par trois fois et coule en deux heures et demi, entraînant avec lui la coupe du Titanic. L'épave repose au large de l'archipel des Sorlingues, entre l'Irlande et l'Angleterre, par 155 mètres de fond. Elle est découverte en 1999 et depuis souvent visitée toujours avec le plus grand respect. Des objets sont régulièrement remontés et restaurés mais la coupe n'a pas encore été retrouvée.

 

La White Star Line peine à se remettre du naufrage. En plus des sommes abyssales à verser à l'assurance, du remboursement des passagers, elle doit affronter une chute des ventes compréhensible et la mise en chantier de sa flotte pour correspondre aux nouvelles normes. Elle s'en sort pourtant. Le R.M.S. Olympic, qui n'attire plus personne, est profondément modifié, sa coque renforcée, son personnel changé, son nombre de canots triplé mais HADDOCK en garde le commandement, certain que ça va revenir. Ca revient en effet, mais après la guerre. L'Olympic a redoré son blason durant la guerre 14-18, a gagné son surnom de "Vieux Fidèle" et a suivi une brillante carrière.

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Pourtant ça avait mal commencé dès sa mise à l'eau en 1911. En partant de Liverpool pour sa troisième traversée, il est heurté par le croiseur britannique H.M.S. (His Majesty Ship) Hawk (à droite).

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Pendant la guerre, le jumeau du Titanic est peinturluré avec un beau camouflage digne d'une œuvre d'art et sert comme transport de troupes en Atlantique, transportant parfois jusqu'à 7.000 hommes d'un coup. Chacune de ses arrivée à Halifax est saluée par un triomphe et il devient l'un des navires les plus populaires au Canada.

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Mieux, le 12 Mai 1918, il est menacé par le sous-marin allemand impérial Unterseeboot U-103 qui tente de le torpiller et de l'achever au canon. Plutôt que de fuir, comme sa vitesse le lui permettait, l'Olympic fait face à son adversaire et, usant de sa méthode favorite, le coule en le heurtant. Il reste à ce jour le seul navire marchand désarmé à avoir coulé un navire de guerre, qui plus est un sous-marin.

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Il vient aussi plusieurs fois en aide à des navires en difficulté suite à des torpillages, qu'importe les risques. Sa gloire est faite. J'ai parlé de méthode favorite en citant la collision car l'Olympic a toujours eu une fâcheuse tendance à se heurter à d'autres navires... En 1924, c'est avec le S.S. Fort Saint-George. En 1929, il est secoué par un séisme sous-marin en pleine océan ! Il termine sa carrière en beauté en éperonnant et en coulant, en 1934, le bateau-feu LV-117 de l'Île de Nantuket...

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En 1934, la Cunard et la White Star fusionnent et dégraissent. Les plus vieux navires sont envoyés à la casse. Photographie magnifique. Le dernier départ de Southampton du R.M.S. Olympic (à gauche) et du R.M.S. Mauretania (à droite), envoyés à la casse le même jour, en 1937... Sur le quai, un vieux capitaine de presque 70 ans les regarde partir en pleurant, Arthur ROSTRON.

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La White Star Line a tout de même réussi à mettre à l'eau le Gigantic, troisième jumeau de la Classe Olympic. Renommé Britannic pour faire moins pompeux après le naufrage du Titanic, il sort des chantiers en 1914, sans inauguration et est immédiatement réquisitionné pour la guerre. C'est alors le navire le plus sûr de son temps, sept compartiments étanches, double coque, il est même encore plus luxueux que le Titanic bien qu'un peu moins grand.

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Brièvement transport de troupes, il est transformé en navire hôpital en 1915. Le 12 Novembre 1916, au large de l'île de Kéa, en Grèce, une explosion interne secoue le H.M.H.S. (His Majesty Hospital Ship) Britannic.

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Vraisemblablement, il transportait une cargaison de munitions malgré son statut de navire-hôpital... Le R.M.S. Lusitania de la Cunard, torpillé en 1915, était également illégalement chargé de munitions. Manque de bol pour le Lusitania, la torpille a frappé en plein dans les munitions, provoquant une deuxième explosion qui a ouvert une brèche gigantesque dans la coque et a englouti le navire en 18 minutes... Pour le Britannic, l'explosion (d'origine interne et encore indéterminée) a aussi causé des dégâts considérables mais il semble à la hauteur de sa réputation d’insubmersibilité. Il penche mais ne coule pas, ni ne chavire. Le personnel hospitalier est évacué (heureusement, le navire était à vide) et le commandant tente d'échouer le navire sur l'île, broyant au passage une chaloupe et ses 30 occupants qui n'avaient pas pu s'éloigner assez vite des hélices en marche. Non, ce qui a perdu le Britannic, c'est qu'en prévision de l'accueil des blessés, le navire était en pleine aération, tous les hublots ouverts. La gîte a fini par faire renter l'eau par les hublots, condamnant le navire qui coule par 100 mètres de fond.

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L'épave sera localisée par le commandant Jacques-Yves COUSTEAU (1910-1997) en 1975.

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L'épave du R.M.S. Titanic, quant à elle, est retrouvée en 1985 par Robert Duane BALLARD (1942- ).

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Quartiers du commandant SMITH.
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Restes du Grand Escalier.
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Toute tentative de renflouement est vaine, déjà parce que c'est compliqué par la séparation de l'épave en deux, ensuite parce que le Titanic est attaqué par une bactérie, Titanicae Halmonas, qui s'agglutine en espèces de stalactites qui peuvent atteindre des tailles impressionnantes (oui, oui, c'est bien les concrétions bien visibles sur l'épave...), qui ronge l'acier et le transforme en poudre de rouille. Le navire perd 165 kilogrammes par an, d'ici cinquante ans il n'en restera plus grand chose. La bonne nouvelle, c'est que ça nettoie naturellement le fond des océans de toutes les cochonneries en métal que les humains ont pu y mettre, épaves ou déchets.

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En 1963 est fondé la Titanic Historical Society qui tente de racheter les souvenirs et les objets remontés du Titanic ou à tout ce qui s'y rapporte.

Dans les années qui suivent le naufrage, à Halifax (Canada), à Belfast (Irlande), aux États-Unis et en Angleterre, des stèles, des statues, des plaques sont bâties pour rendre hommage aux victimes du Titanic. Aux hommes qui se sont sacrifiés pour les femmes et les enfants, pour les musiciens de l'orchestre, pour le commandant SMITH, pour les machinistes...

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Monument en hommage aux musiciens de l'Orchestre du Titanic, à Southampton (Angleterre).

 

L'histoire du Titanic a profondément marqué les esprits. Il reste à ce jour une des plus grandes catastrophes maritimes de l'histoire, l'une des plus meurtrières. Bien sûr, il n'atteint pas les dix-mille morts des paquebots allemands coulés en Mer Baltique en 1945 à la fin de la guerre. Le nombre de passagers décédés est même battus dès 1914 par le naufrage de l'Empress of Irland face à Rimouski, au Québec, dans le fleuve Saint-Laurent. Mais tous ces chiffres rentrent dans les horreurs de la guerre, et surtout aucun de ces navires n'avait le prestige d'être le plus grand et le plus beau navire du monde. Témoin de la fin d'une époque, de la fin d'un monde, le Titanic passionne toujours autant un siècle plus tard. Il n'y a qu'à voir le chambardement pour son centenaire et les 2.213 fanatiques qui ont refait une traversée en suivant ses traces. C'est également le seul navire pour lequel les sirènes des navires sonnent en hommage chaque fois qu'ils passent dans la zone du naufrage. James CAMERON y a été pour beaucoup dans le renouveau de la légende en se croyant obligé de sortir un chef d’œuvre en 1997, qu'il ressort en 3D maintenant, pour faire bonne mesure.

 

"Hymn to the Sea" (1997), James HORNER (1953- ).


Ainsi s'achève ma série historique sur le R.M.S. Titanic. Jamais je n'ai dû écrire autant et aussi vite. Je ne recommencerai pas ça tous les ans, même si je suis satisfait de mon travail. J'espère que vous avez pris autant de plaisir à lire que moi à écrire. Je remercie encore une fois mes nombreux lecteurs de ces dernières semaines.
 

Posté : 2012-05-21 20:39:33 par RÚmi Bouguet | avec 0 comments

ATTENTION ! DEUX PHOTOGRAPHIES (D’ÉPOQUE) DANS CET ARTICLE SONT SUSCEPTIBLES DE CHOQUER LES ÂMES SENSIBLES ET LES ENFANTS. ELLES MONTRENT EN EFFET L’ÉQUIPAGE DU MACKAY-BENNETT  (DE LOIN) EN TRAIN DE SORTIR UN CORPS DE L'EAU ET UN CADAVRE (EN ARRIÈRE-PLAN) SUR LE PONT DU NAVIRE.

 

Immédiatement après le dénombrement des victimes, une commission d'enquête est organisée, d'abord aux États-Unis d'Amérique, puis au Royaume-Uni de Grande-Bretagne. Joseph Bruce ISMAY, les officiers et matelots qualifiés sont forcés de témoigner, tandis que tous les passagers voulant faire une déposition sont les bienvenus.

 

La commission n'est pas tendre en Amérique, et ce d'autant plus qu'elle est dirigée par un sénateur incompétent dans les affaires maritimes, William Alden SMITH (1859-1932), à qui il faudra expliquer plusieurs fois que la proue c'est l'avant du navire...

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Les Américains se montrent très durs avec Bruce ISMAY, le jugeant responsable du naufrage et de toutes les vies perdues, alors même que tous les passagers prennent sa défense. Il faut que le gouvernement britannique menace l'Amérique d'un incident diplomatique pour éviter un procès expéditif à ISMAY et le rapatrier en Angleterre.

Une fois au pays, une nouvelle commission d'enquête, plus sérieuse et plus clémente, est mise en place. Elle est diligentée par John Charles BIGHAM, Lord Mersey (1840-1929).

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Elle a plus pour but de comprendre le naufrage et en tirer des leçons plutôt que de dégager des responsabilités. Bruce ISMAY est blanchi, des erreurs sont soulignés, mais aucun blâme ne tombe, c'est déjà assez dramatique comme ça. La construction du bateau n'est pas remise en question, au contraire elle est saluée. En effet, il est établi qu'à dommages comparables, un autre navire que le Titanic (l'Olympic ou le Mauretania) aurait coulé deux fois plus vite et aurait probablement chaviré. Le Titanic a coulé en trois petites heures, ce qui a laissé le temps d'évacuer correctement les passagers, même s'il aurait été possible d'en sauver 500 de plus si les canots avaient été remplis.

 

Suite à la commission d'enquête, des mesures sont prises pour renforcer la législation maritime sur la sécurité des paquebots. Ces mesures sont encore en vigueur aujourd'hui.

_Emport de fusées de détresse rouges en plus des fusées de signalement blanches.

_Emport de canots de sauvetage de manière à ce qu'il y ait 200 places disponibles de plus que le nombre maximum de passagers pouvant être transportés par le navire.

_Les canots de sauvetage devront tous être équipés de mâts à lanterne, de fusées de détresse vertes, d'un poste de T.S.F. fonctionnant sur batterie, de couvertures et de rations de survie.

_Les navires devront être équipés d'une double coque en acier renforcé. (Cela ne s'applique qu'aux paquebots, pas aux cargos... ceux qui se souviennent du naufrage du pétrolier Erika fin 1999 se souviendront ainsi qu'une des causes du naufrage vient du fait qu'il ne disposait que d'une coque simple... Ca évolue pas vite les règlements...)

_Internationalisation du signal de détresse "SOS".

 

Parallèlement, dès le Mercredi 17 Avril 1912, la White Star Line affrète un navire, le C.S. (Cable-Ship) Mackay-Bennett qui part de Halifax pour ramener autant de corps qu'il le pourra.

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Il croise pendant près d'une semaine sur les lieux de la catastrophe et sort 328 corps de l'eau, dont 116 sont rejetés à la mer faute d'être transportables tellement ils sont dévorés par les oiseaux de mer.

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Parmi les autres, rares sont ceux à être identifiables, et peu de familles réclament leurs proches. Sur les 212 corps ramenés, on parvient néanmoins à reconnaître Isidor STRAUS, mais pas son épouse. Est également repêché le corps de Michel NAVRATIL, le père. Dans sa poche, on retrouve son revolver. Il est enterré à Halifax sous le nom marqué sur son passeport d'emprunt : Louis HOFFMAN. La plaque sera changée à la demande de son épouse en 1916.

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Est également ramené un petit enfant de deux ans environ, visiblement de Troisième Classe. Les marins n'ont pas pu se résoudre à le rendre à l'océan. Il est enterré anonymement, grâce à une cotisation des matelots (intégralement remboursée par Molly BROWN par après) et sa tombe (photographie) sert alors de mémorial pour tous les enfants décédés dans le naufrage. Les corps ramenés sont enterrés au Canada, province de Nouvelle-Écosse, à Halifax, dans trois cimetières : Fairview Lawn (photographie), Mont des Oliviers et Baron de Hirsch.

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Posté : 2012-05-21 19:41:50 par RÚmi Bouguet | avec 0 comments

Dans la journée du Jeudi 18 Avril 1912, sous une pluie battante, le R.M.S. Carpathia arrive finalement à New York. Sur les quais, une foule immense qui ne sait si elle doit acclamer ou garder le silence. Du R.M.S. Olympic sont parties les premières nouvelles du naufrage et des rescapés. Mais la plupart des annonces sont fausses. Il a d'abord été annoncé que le R.M.S. Titanic, en difficulté, était remorqué vers Halifax par son jumeau l'Olympic. Puis, qu'il avait bel et bien coulé mais que le Carpathia, arrivé à la rescousse, avait pu sauver tout le monde. Le radio du Carpathia rétablit en partie la vérité dans la journée du Mercredi 17 Avril 1912, d'abord en annonçant officiellement le naufrage sous la dictée de ISMAY (télégramme) : "J'ai le regret de vous aviser que le Titanic a coulé au matin du 15 suite à une collision avec un iceberg, occasionnant la perte de nombreuses vies, particulièrement en Troisième Classe.".

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Ensuite en publiant une première liste des pertes d'une centaine de noms... dont certains sont pourtant bien vivants ! Le journal ci-dessous titre "Tout le monde sauvé du Titanic après la collision !".

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Bref, c'est une foule un peu anxieuse qui attend sur les quais de la Grosse Pomme et devant le siège de la White Star Line.

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Le Carpathia s'arrête une heure devant le quai de la White Star Line pour y déposer les canots du Titanic.

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Puis, le vieux paquebot se dirige vers le quai de la Cunard Line pour y débarquer les rescapés. Le terrible verdict tombe. Ils sont peu, si peu... Ici, Harold BRIDE, le radio survivant, débarque. Il a les jambes gelées, n'oublions pas qu'il a passé la nuit dans l'eau sur le radeau B qui s'était retourné...

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Ci-dessous, un petit montage de films d'époque. Dommage, les 3/4 du temps, c'est le R.M.S. Olympic qui est filmé, à l'exception du chargement des bagages et du départ de Southampton (près du quai, l'image de loin c'est encore l'Olympic). Même le commandant Edward John SMITH (car c'est bien lui) est filmé sur la passerelle extérieure de l'Olympic. En revanche, c'est bel et bien le R.M.S. Carpathia, le capitaine Arthur ROSTRON et un survivant du naufrage qui distribue... des autographes ! Notez le petit mousse qui fait l'andouille tellement il est content. Remarquez que les jeunes sont plus à l'aise devant la caméra, question de génération sûrement. SMITH et ROSTRON sont un peu... figés et mal à l'aise, non ?

 

Bruce ISMAY se précipite au siège new-yorkais de la White Star Line et télégraphie officiellement la nouvelle du naufrage ainsi qu'une première liste des victimes, non exhaustive mais qui dépasse déjà le nombre des survivants. Deux jours plus tard, la liste est officialisée : 711 survivants, 1.502 morts et disparus (67,8% des 2.213 embarqués).

_Première Classe : 123 morts sur 325 passagers (38,6%). 114 hommes sur 175, 4 femmes sur 144 (dont Bess ALLISON et Ida STRAUS), et un seul enfant sur les six (la petite Loraine ALLISON).

_Seconde Classe : 167 morts sur 285 passagers (58,6%). 154 hommes sur 168, 13 femmes sur 93, les 24 enfants ont été sauvés.

_Troisième Classe : 536 morts sur 714 passagers (74,8%). 389 hommes sur 464, 91 femmes sur 167, 56 enfants sur 83.

Au total, 826 passagers sur 1.324 (62,2%) ont péri.

_Équipage : 677 membres sur 889 ont trouvé la mort, ce qui en fait la "classe" la plus touchée avec 76% de décès. Le commandant Edward SMITH (on ne sait trop s'il est mort sur le navire ou s'il a été précipité à la mer... certains occupants du canot A jurent l'avoir reconnu en train d'aider un enfant à nager vers le radeau) et le commandant en second Henry WILDE (peut-être suicidé) figurent parmi les victimes, mais ce sont surtout des machinistes, des chauffeurs et l'intégralité du personnel de service masculin à l'exception notable du boulanger Charles JOUGHIN). Officiellement, 3 femmes sur les 23 sont mortes, et 674 hommes sur les 866 ont péri. Pas d'enfants évidemment, mais il est à noter que les garçons d'ascenseurs et garçons de cabines étaient tous âgés de 12 à 17 ans et qu'aucun n'a survécu, ils sont comptés comme des hommes...

 

Pour achever sur une larme, le "Nearer my God to Thee" ou "Plus près de toi mon Dieu" tel que repris comme musique d'apocalypse dans tous les films.

Posté : 2012-05-21 19:31:08 par RÚmi Bouguet | avec 0 comments

Tout est terminé. Trois heures après avoir heurté l'iceberg, le R.M.S. Titanic a sombré au fond de l'Océan Atlantique Nord. Pour ceux qui n'ont pas coulé avec le navire, il faut maintenant survivre. Les cris des malheureux tombés à l'eau dans les dernières minutes du naufrage déchirent la nuit et parviennent jusqu'aux canots, regroupés à quelques centaines de mètres. À bord du canot n°6, un nouveau débat assez vif éclate entre Margaret BROWN qui veut retourner sur les lieux et le barreur Robert HICHENS qui ne veut pas. Une fois de plus, le canot se range du côté du quartier-maître. Sur le canot n°8, la comtesse de Rothes fait la même demande auprès du jeune matelot qualifié Thomas JONES, chargé de la chaloupe. Le jeune homme y accède mais ce sont alors les passagers du canot qui s'y opposent avec énergie et proposent plutôt de ramer vers une lumière aperçue au nord, celle du mystérieux chalutier Samson qui a assisté au naufrage sans le savoir. La comtesse et le jeune matelot entretiendront une relation épistolaire régulière durant le reste de leur vie.

 

Pourtant, les secours s'organisent. Les canots n°2 et 14 hissent leurs mâts et y accrochent des lanternes pour être vus. Un arrimage commun est réalisé entre les canots n°10, 12 et 14. Des passagers sont transférés du canot n°14 vers le n°12 afin que le 14 puisse retourner sur les lieux et aider les gens dans l'eau. Le canot n°14 porte alors assistance au canot pliable A, rempli d'eau jusqu'au banc de nage et dont trois occupants sont déjà morts d'hypothermie. Les corps sont abandonnés et le radeau laissé à la dérive. Le n°14 retourne alors porter les occupants du A au canot n°12 avant de revenir à vide sur les lieux du naufrage, 40 minutes après la catastrophe. Le mer est à -2°C et le temps de survie dans une eau à cette température n'excède pas 20 minutes. Lorsqu'il parvient sur place, le canot n°14 ne peut que constater qu'il arrive trop tard, naviguant dans un champ de cadavres gelés maintenus à la surface par leurs gilets de sauvetage (même le moniteur de sport Thomas McCAWLEY est retrouvé mort juché sur un transat, sans gilet car ça le gênait pour nager). Il ne peut plus alors que prendre le canot pliable D en remorque et l'arrimer avec le 12, le 10 et le 4 arrivé entretemps.

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Car de son côté, le canot n°4 est retourné rapidement sur les lieux et est parvenu à sortir sept personnes de l'eau, dont trois meurent de froid dans les minutes qui suivent. Il vient ensuite en aide au canot pliable B, retourné et dont les passagers se tiennent debout en équilibre sur la coque pour éviter de chavirer. Quelques uns sont déjà morts, dont le radio Jack PHILLIPS. D'autres sont en bonne santé comme le boulanger Charles JOUGHIN qui barbote joyeusement dans l'eau, l'alcool lui tenant chaud... Trois personnes embarque dans la canot n°4 mais l'équilibre devient trop instable et le radeau est finalement pris en remorque est arrimé avec les canots 10, 12, D et 14. Quelques personnes montent encore sur le canot n°12 (alors en surcharge avec 70 personnes) mais le 2nd officier Charles LIGHTOLLER, le radio Harold BRIDE et Archibald GRACIE restent sur leur coque de noix.

 

À peine tout ceci est-il fait qu'une fusée éclate au loin. Il est 3h20. Puis une autre, encore une autre, encore une. Les veilleurs du S.S. Californian, au loin, remarquent de nouveaux des fusées mais cela les conforte dans l'idée qu'il s'étaient faits quelques heures plus tôt, il s'agit d'un signal de compagnie et le radio n'est toujours pas réveillé. Pour les rescapés du Titanic, c'est l'espoir qui renaît. Des passagères brûlent leurs chapeau pour faire des signaux, tout le monde crie et tente de se faire repérer. Ces fusées sont celles du R.M.S. Carpathia, arrivé une heure trop tard, qui signale son approche. Pourtant, le vieux paquebot de la Cunard Line n'a pas ménagé sa peine. Le capitaine Arthur Henry ROSTRON (1869-1940), apprenant la détresse du Titanic, n'a pas regardé aux risque pour lui venir en aide. Consignant les passagers dans leurs cabines, libérant les ponts pour les rescapés, il a fait couper l'eau chaude et l'électricité afin que "chaque goutte de vapeur soit utilisée pour avancer plus vite". Soupapes de sécurité fermées, le vaillant navire prévu pour une vitesse de pointe de 15,5 nœuds pulvérise cette nuit son record de vitesse avec 17,5 nœuds. Tous les hommes d'équipage étaient sur le pont, armés de jumelles. Précaution utile, le Carpathia dû a contourner pas moins de huit icebergs sans ralentir l'allure cette nuit-là. À 3h30, les mâts du navire sont aperçus par les rescapés.

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Le premier canot à atteindre le Carpathia est le Canot n°2, à 4h10, qui a dérivé loin au sud faute de bras à la rame. En revanche, c'est lui qui attiré l'attention du navire en tirant des fusées de détresse vertes.

À 6h00, l'évacuation des autres canots commence. Tous les passagers montent à bord, les uns après les autres. Le canot n°7 et le canot n°5, arrimés, arrivent en premier. En descendent notamment deux français, l'aviateur Pierre MARÉCHAL et son ami Paul CHEVRÉ (1866-1914), le sculpteur de la statue de Samuel de Champlain et de celle de François-Xavier GARNEAU à Québec, et qui devait assister à l'inauguration du Château LAURIER à Ottawa avec Charles Melville HAYS mort sur le Titanic. Leur partie de bridge au fumoir a été interrompue et ils ont encore leurs cartes en poche. Hélas, l'un des membres du quatuor manque à l'appel, resté sur le navire... Les deux canots sont hissés à bord du Carpathia.

Le canot n°6 ensuite, où Molly BROWN, seule femme à la rame, se dispute toujours avec le major Arthur PEUCHEN et Robert HICHENS. Le canot est hissé à bord.

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Le canot n°3. Juste avant que le canot n'atteigne le Carpathia, un jeune garçon s'éveille à bord. La famille SPEDDEN y est réfugiée et leur fils Douglas a dormi pendant tout le naufrage, serrant Polar, son ours en peluche, dans les bras. Lorsque le petit Douglas, six ans et demi, ouvre les yeux, voyant la lumière de l'aube, il s'écrie "Regardez le beau Pôle Nord sans Père Noël dessus !" ce qui fait sourire les rescapés. Le jeune garçon monte ensuite l'échelle de coupée presque sans aide et est accueilli par le capitaine ROSTRON en personne. Son ours polaire reste dans le canot et il craint pendant un temps l'avoir perdu, ce qui ne plaît guère non plus à ses parents car il s'agissait d'une pièce unique artisanale, articulée et en poil véritable, fabriquée en Allemagne. La peluche est retrouvée lorsque le canot est hissé sur le navire. En 1913, Daisy SPEDDEN écrira pour son fils un conte sur le naufrage mettant en scène Polar. Le manuscrit, retrouvé en 1982, n'est publié qu'en 1994 et devient un livre à succès pour enfants : "Polar, l'ours du Titanic". Douglas SPEDDEN ne vivra pas jusqu'à l'âge adulte. En 1915, âgé de dix ans, il sera renversé par une automobile près de chez lui.

Les canots n°8, 1 (photo ci-dessous), 10 et 9 arrivent à leur tout et sont hissés à bord.

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Le canot n°12 en surcharge est à son tour hissé à bord.

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Puis le canot n°13, où se trouve Lawrence BEESLEY. Celui-ci décèdera en 1967 à 89 ans. À noter une tentative de suicide pour le moins originale... Demandé comme témoin historique sur le tournage du film "Atlantique, latitude 41°" en 1958, il tente, lors du tournage de la scène du naufrage du Titanic, de se faire oublier sur la grande maquette coulée pour l'occasion afin de s'y noyer ! Le canot n°15 arrive juste après. En revanche, seul le n°13 est hissé sur le Carpathia, le n°15 est laissé à la dérive.
Le canot n°11, avec Alice CLEAVER et Trevor ALLISON (qui mourra d'une intoxication alimentaire en 1929, âgé de dix-huit ans) est déchargé est laissé à la dérive, tandis que le canot n°16 est hissé à bord.

Le canot n°16.

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Arrive alors le canot n°14, prenant en remorque le canot pliable D. Le 14 est laissé à la dérive tandis que le radeau est hissé sur le bateau. Sur le canot D, les deux orphelins NAVRATIL sont vite devenus la coqueluche des femmes à bord, dont une seule parle français. Il apparaît, au dire du petit Michel, que la mère est à la maison et le père sur le Titanic... Leur situation est donc connue, mais en revanche les petits ne savent pas leur nom de famille ! À l'arrivée au Carpathia, Michel (l'aîné) veut escalader l'échelle de coupée tandis que son frère est hissé par un sac de toile. Mais l'enfant est trop petit pour l'échelle, au bout de trois essais, il voyage à son tour dans le sac de toile, ce qu'il trouve très insultant. À bord Arthur ROSTRON, ayant été mis au courant de la situation, décore Michel NAVRATIL de la Médaille du Courage, aucun des deux enfants ne montrant de faiblesse lors même que le désastre s'étale autour d'eux.

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C'est au tour du radeau C d'être secouru et embarqué. ISMAY en sort, est reconnu et conduit devant ROSTRON. L'air absent, il répète simplement "Je suis ISMAY...". Le médecin du bord lui donne un sédatif et lui prête sa cabine.

Enfin, le canot n°4 remorquant le radeau B retourné. Les deux canots sont laissés à la dérive. Le 2nd officier Charles LIGHTOLLER, l'officier le plus gradé à avoir survécu au naufrage, monte à bord en dernier et présente ses respects et la situation au capitaine ROSTRON.

 

Sur le pont du Carpathia, les rescapés s'organisent. Molly BROWN, gagnant son surnom de "Insubmersible Molly BROWN", s'occupe d'une bonne part des soins et des installations... des passagers de Seconde et Troisième Classe !

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Les autres navires commencent à arriver. C'est d'abord le vieux S.S. Mount Temple dont le moteur poussif est néanmoins parvenu à le faire avancer à 14 nœuds. Il arrive vers 6h15. L'évacuation étant déjà en cours, il est entendu que le Carpathia s'occupe des chaloupes pendant que les autres navires croiseront sur les lieux du naufrage à la recherche d'éventuels survivants.

À 7h10, c'est le S.S. Californian, enfin, qui rattrape le Carpathia et lui propose son assistance, ce que ROSTRON décline. Le radio du Californian, Cyril EVANS, réveillé vers 5h30, a finalement intercepté un message du S.S. Frankfurt annonçant le naufrage. Effrayé, le commandant Stanley LORD ne veut pas croire qu'il était aussi près et qu'ils n'ont rien fait. Il donne l'ordre de se diriger vers la dernière position connue du Titanic. Il faut néanmoins près d'une heure et quart pour que le Californian s'extraie du champ de glace qui le cernait. Moins d'une heure après, il est sur les lieux. Il aurait donc pu assister le Titanic dans ses derniers instants et sauver quelques vies supplémentaires...

Entre 7h25 et 8h00, le S.S. Birma et le S.S. Frankfurt arrivent à leur tour. Mais il n'y a plus d'espoir de retrouver des survivants. La mer n'est qu'un vaste champ de cadavres flottants, à demi-gelés. Spectacle sinistre qui hantera longtemps la mémoire des équipages... À 9h00, les navires reprennent leur route.

 

Toujours le Lundi 15 Avril 1912, le Carpathia fait donc demi-tour pour revenir à New York déposer les rescapés. Vers 14h30, le télégraphe s'anime. C'est le R.M.S. Olympic, jumeau du Titanic, qui s'apprête à croiser la route du R.M.S. Carpathia et dont le commandant (le capitaine HADDOCK pour ceux qui l'aurait oublié) propose d'embarquer les rescapés à son bord afin que le Carpathia puisse poursuivre sa route. Arthur ROSTRON décline l'offre en arguant que les survivants du Titanic ne sont probablement pas psychologiquement en état d'embarquer sur un paquebot en tous points semblable à celui qui venait de couler sous leurs pieds. Avis plein de bon sens auquel HADDOCK se range, infléchissant sa route pour que les deux navires ne se croisent pas, même de loin...

Posté : 2012-05-21 19:15:56 par RÚmi Bouguet | avec 0 comments

À 1h20, l'évacuation s'accélère. Partent simultanément le canot n°10 à bâbord et le canot n°9 à tribord, tous deux de 65 places mais respectivement chargés de 45 et 34 personnes (LIGHTOLLER refuse toujours de laisser monter les hommes à bâbord).


Sphinx.


À 1h25, mouvement de panique à bâbord. Tout le monde (de toutes les classes) se presse autour du canot n°12. LIGHTOLLER ne parvient pas à contenir la foule, par ailleurs en grande partie dirigée là par ISMAY qui ratisse le plus de monde possible pour évacuer. Quand un homme force le passage pour embarquer, c'en est trop pour l'officier qui fait affaler le canot alors qu'il n'y a que 24 personnes à bord. Au même instant à tribord, un même mouvement de foule se produit autour du canot n°11, mais qui ne dégénère pas du fait que MURDOCH laisse embarquer tout le monde un temps soit peu que les femmes et les enfants passent d'abord. Alice CLEAVER, tenant le petit Trevor ALLISON avec elle, embarque ainsi, séparée de ses employeurs dans la première confusion. Finalement, le canot n°11 est affalé au même instant que le canot n°12 mais avec 58 personnes à son bord, presque plein.


Gold and Silver Waltz.


À 1h30, c'est le canot n°14 qui est affalé à bâbord. Le mouvement de foule du n°12 s'étant déplacé d'un bossoir, LIGHTOLLER n'a pas pu suivre et c'est le 5ème officier "junior" Harold LOWE avec le 6ème officier "junior" James MOODY qui se chargent de l'embarquement, sans pour autant se montrer plus clément envers la gente masculine que leur supérieur. Néanmoins, les deux officiers sont jetés dans le canot. MOODY parvient à s'extraire mais ne peut empêcher les gens de se jeter dans la chaloupe. Une femme manque de passer par-dessus bord. MOODY laisse passer une femme avec un châle... qui se révèle être un homme. Un autre monte en forçant le passage. MOODY ordonne alors d'affaler, LOWE n'ayant pas réussi à remonter sur le navire, il prend la direction de la chaloupe. Durant la descente, des passagers et des passagères sautent du pont directement dans le canot. LOWE dissuade ceux qui seraient tentés de les imiter de trois coups de revolver qui vont claquer sur le bossoir au-dessus de la foule. Fin du mouvement de panique. Le canot n°14 touche finalement l'eau avec 42 personnes à bord. Aucun passager ne fut tué par balle sur le Titanic, n'en déplaise aux différents films.


Maple Leaf Rag.


À 1h35 à tribord, deux canots sont affalés en même temps. Le n°13 et le n°15. L'évacuation s'accélérant, de plus en plus de passagers montent sur le pont et tentent d'atteindre les embarcations. MURDOCH décide de faire confiance à la galanterie de ces messieurs pour laisser passer ces dames. Lawrence BEESLEY est invité par une de ses amies à prendre place de le canot n°13, ce qu'il fait. Ce sont surtout des passagers de Seconde Classe qui montent à bord des deux canots. Frederick BARRETT, le chef mécanicien est chargé du canot n°13 et, le jugeant assez rempli avec 60 personnes, ordonne d'affaler. Moins d'une minute plus tard, c'est le canot n°15 à pleine charge (65 personnes) qui affale.

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Cette simultanéité empressée manque de provoquer un accident. Le canot n°13 peine à se dégager de ses cordages et dérive un peu vers l'arrière... juste sous le bossoir n°15 en train d'affaler son canot. Il faut toute l'énergie d'un cri de détresse pour alerter MURDOCH au milieu de la cohue qui règne sur le pont. Le canot n°15 est arrêté à moins d'un mètre au-dessus du n°13 qui parvient à se dégager de justesse avant que le canot n°15 ne touche l'eau. À tribord, tous les canots "Standard" de 65 places sont partis de même que le Canot de Secours de 40 places.

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À bâbord, le calme rétabli, l'embarquement du canot n°16 commence en même temps que celui des n° 13 et 15. LIGHTOLLER se montre toujours aussi intransigeant, aussi ce sont surtout des femmes de Troisième Classe qui embarquent. À 1h35, le canot n°16 est affalé avec 40 personnes pour 65 places... La gîte prise par le navire sur bâbord gêne un peu la descente, la chaloupe racle la coque et doit en être éloignée à coups de rames.


Spanish Dance op. 12 n°1.


À tribord, MURDOCH, ayant chargé tous ses canots, peste un temps sur ISMAY qui a fait partir le canot n°1 à vide, puis se dirige vers la proue qui commence à être immergée. En effet, il est temps de tenter quelque chose avec les canots pliables Engelhardt sur le toit de la passerelle. D'un type nouveau, le personnel de la White Star Line n'est pas formé à leur usage. C'est donc en tâtonnant que les officiers, ISMAY (toujours volontaire malgré les brimades) et quelques passagers se préparent à les mettre à l'eau. Déjà, il faut le faire descendre sur le pont. C'est chose faite pour le canot pliable C avec deux avirons en guise de rail. Le radeau est ensuite bossé comme-on-peut sur le bossoir du Canot de Secours n°1. En découvrant la bâche et en dépliant les bords, les marins ont la surprise de trouver quatre passagers de Troisième Classe qui s'y étaient réfugiés ! Sonnés par la descente un peu brutale, ils sont néanmoins indemnes et sont mis à contribution pour manœuvrer le bossoir. Tous les passagers alentours sont de la Troisième Classe, dont beaucoup d'enfants de moins de 12 ans. Le temps que les femmes et leurs enfants embarquent, les hommes sont allés s'affairer à bâbord emmenés par le second WILDE. MURDOCH est pour ainsi dire seul à la manœuvre avec un marin et ISMAY. Le radeau peut contenir 49 personnes, il est chargé de 42 passagers et hommes d'équipage. Au moment où la descente commence, le courage (à défaut du sang-froid) de Bruce ISMAY l'abandonne et il saute dans la chaloupe. Une fois le radeau à l'eau, le président de la White Star Line prit une rame et tourna le dos au Titanic. Il pleura durant tout le reste du naufrage, sans jamais plus oser regarder en arrière. Le canot C fut le dernier mis à la mer correctement à tribord, tandis que l'eau submerge définitivement la proue, accélérant de plus en plus l'inondation du navire et son naufrage, tout en se rapprochant de la passerelle où se trouvent les derniers canots.

Naufrage-canot-pliable.jpg


Du côté bâbord, LIGHTOLLER est toujours aussi revêche à laisser monter les hommes. Pourtant, il ne reste presque plus que ça sur le pont. Résultat, à 1h45, le Canot de Secours n°2 part sans être guère plus rempli que son collègue le n°1, avec seulement 18 personnes pour 40 places, dirigé par le 4ème officier "junior" Joseph BOXHALL. C'est alors qu'on se souvient du canot n°4, toujours suspendu à son bossoir avec 35 passagers à son bord depuis le début de l'évacuation... Il est finalement affalé à 1h55, une heure après son chargement. C'est alors que certaines personnes, ne voyant plus aucun canot sur le pont, décident de tenter leur chance à la nage. Quatre mécaniciens et deux passagers sautent ainsi à la mer et rejoignent avec succès le canot n°4 qui est alors le plus proche du Titanic.


Schön Rosmarin.


Charles LIGHTOLLER imite ensuite William MURDOCH et tente sa chance avec le canot pliable D. Usant du même système d'avirons en guise de rail et le bossant au bossoir n°2, il parvient à le charger correctement, toujours en ne laissant monter que des femmes et des enfants de Troisième Classe, et deux enfants de Seconde Classe : Michel et Edmond NAVRATIL, que leur père a placé aux bons soins des dames à bord tandis qu'il reste sur le navire. À 2h05, le canot D s'éloigne avec seulement 24 personnes à bord pour 49 places.


Canzonetta.


Mais l'eau monte, toujours plus vite. La proue est totalement sous l'eau, et la mer s'engouffre ainsi par toutes les ouvertures, créant des remous dangereux. À 2h10, SMITH relève les opérateurs BRIDE et PHILLIPS de leurs fonctions. Jack PHILLIPS se permet d'envoyer un dernier message, résigné, signalant l'arrêt de mort du Titanic aux autres navires venant à son secours : "Femmes et enfants à bord des chaloupes. Les derniers instants ne tarderont plus. Priez pour nous.".

SOS.jpg


Sur le pont, le désespoir gagne les passagers encore sur le navire. Tous les canots sont partis. Le boulanger Charles JOUGHIN s'illustre. Passablement imbibé d'alcool (pour se tenir chaud) ingurgité au cours des nombreux aller-retours entre le pont et sa cabine jusqu'à ce que cette dernière soit inondée, il jette les transats et les meubles à la mer, radeaux flottants pour ceux qui veulent tenter leur chance dans les eaux glacés. Pour l'instant, ils ne sont pas nombreux. Trois de mieux se jettent à la mer et sont recueillis par le radeau D. Sur le pont, la plupart des hommes discutent, ayant refusé d'embarquer. John Jacob ASTOR parvient à faire rire le fumoir en commandant au bar (encore en service) un whisky sans iceberg. Benjamin GUGGENHEIM quant à lui a revêtu ses plus beaux atours, a aidé à l'embarquement des canots à tribord et attend désormais la mort dans le Grand Escalier avec son secrétaire Victor GIGLIO. Isidor STRAUS et Ida STRAUS sont vus enlacés sur un transat, Ida ayant refusé de quitter son mari. Une famille en perdition se mêle à cette sereine résignation. Les ALLISON. Bess ayant été prise de panique dès l'annonce du naufrage alors que Hudson allait au nouvelle, elle fut séparée d'Alice CLEAVER et de son fils Trevor dans la confusion. Alice a pu embarquer sur un canot, mais Bess et Hudson, ignorant le sort de leur enfant, ont refusé d'embarquer tant qu'ils ne l'auraient pas retrouvés. Ils se retrouvent donc coincés sur le Titanic avec la petite Loraine.


Gavotta des Baisers.


Sur le haut de la passerelle, on s'affaire toujours à essayer de bosser les deux derniers radeaux avant que l'eau ne monte. SMITH est passé donner ses derniers ordres : "Messieurs, le navire est perdu. Abandonnez le navire. Chacun pour soi et Dieu pour tous. Mais surtout, soyez Britanniques !". Le 1er officier MURDOCH parvient malgré tout à bosser à peu près bien le canot pliable A au bossoir n°1, mais le 2nd officier LIGHTOLLER a moins de chance car le canot pliable B se retourne. Harold BRIDE et Jack PHILLIPS, après avoir dû se battre (et probablement tuer) un chauffeur tentant de leur voler un gilet de sauvetage dans leur cabine, sont désormais sur le pont. En compagnie d'Archibald GRACIE qui, bien que gentleman ayant laissé sa place dans les canots, est bien décidé à tenter sa chance, ils vont aider les officiers avec les radeaux.


A Waltz Dream.


C'est alors que le naufrage s'accélère véritablement. L'eau pénétrant par toutes les ouvertures, le Titanic prend soudainement une gîte importante sur l'avant-bâbord. L'eau rejoint les bossoirs. C'est à ce moment qu'un officier se serait suicidé par balle. Si c'est vrai, ce ne peut être que le commandant en second Henry WILDE, dernier officier supérieur à être armé et dont on n'ait plus de nouvelles par après. MURDOCH et le 6ème officier MOODY sont précipités à la mer et donnent leurs ordres d'en bas. Il faut couper les cordes qui retiennent le canot A au bossoir, et vite ! C'est fait, péniblement, le radeau est rempli d'eau jusqu'au banc de nage et 17 personnes parviennent à se hisser à bord et à s'éloigner du remous causés par le navire. Au passage, on tente de retrouver William MURDOCH et James MOODY... sans succès, probablement morts noyés aspirés par le paquebot. Charles LIGHTOLLER a plus de chance. Le canot B n'étant pas encore bossé, il part à la dérive, ventre à l'air. Les deux opérateurs radio, le 2nd officier et Archibald GRACIE parviennent à l'atteindre à la nage, de même que 24 autres personnes qui se tiennent en équilibre précaire sur ce radeau improvisé.

Navire-s-enfonce.JPG


C'est le début de la fin pour le Titanic. Il est environ 2h15. Toujours adossé au gymnase, le vaillant orchestre fait résonner un dernier hymne alors que la poupe commence à se soulever. Il ne s'agit pas du "Plus près de toi mon Dieu", certes approprié et donc joué dans les films, mais de "Songe d'Automne", pas du tout guilleret celui-là, il est vrai assez proche du "Nearer my God to Thee", et qui salue en quelque sorte la mort du géant des mers. Aucun des membres de l'orchestre ne s'en sortit vivant.
 

Titanic-3D-Movie-Sinking.jpg


À 2h17, Thomas ANDREWS est vu seul au fumoir, calé dans un fauteuil fixé au sol derrière une table qui l'est aussi, résigné à couler avec sa création. À 2h18, dans un claquement strident, les câbles de la première cheminée lâchent et le conduit de 12 mètres de haut s'affaisse dans la mer. À 2h19, la verrière de la coupole se brise, laissant entrer l'eau dans le Grand Escalier. À 2h24, les lumières clignotent une dernière fois puis s'éteignent, le naufrage passe de la lumière à l'ombre, la mer illuminée devient soudain lisse et noire comme l'ébène. À 2h30, l'eau a dépassé la troisième cheminée et la poupe est alors surélevée de 11° par rapport à la surface. Les passagers encore à bord tentent de s'agripper à ce qu'ils peuvent, réfugiés sur l'arrière du navire.

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À 2h33, un craquement se fait entendre. C'est tout. Les passagers ne voient rien sinon la quatrième cheminée s'affaisser. Seul BRIDE, sur le canot B, affirme que le navire vient de se briser, ce que dément LIGHTOLLER et le reste des témoins au grand complet. Pour eux, le Titanic coule d'un bloc, tout juste a-t-il versé sur bâbord à la fin. Pourtant, le navire s'est bel et bien coupé en deux derrière la troisième cheminée, mais pas de la façon spectaculaire vue par CAMERON (photo). En fait, par un effet de pression/contre-pression, sa partie basse serait restée solidaire suffisamment longtemps pour mettre la poupe à la verticale sans qu'il y ait affaissement, qui aurait été vu par les rescapés. La faille se serait d'ailleurs produite sous l'eau et non pas à plusieurs mètres au-dessus de la surface. Une fois la poupe à la verticale, la proue se serait détachée. (vidéo)

Casse.jpg



À 2h36, la poupe, à son tour, s'enfonce dans les flots, entraînant avec elle ou précipitant à l'eau les quelques 1.400 personnes encore à bord, dont les cris déchirent la nuit. À 2h40, l'Union Jack de poupe disparaît de la surface des flots. Quelques minutes plus tard, après un voyage de 3.823 mètres à grande vitesse, qui arrache en grande partie les structures arrières, l'orgueilleux paquebot touche le fond de l'Océan Atlantique Nord, en deux parties séparées par environ trois cents mètres.

C'en est fini du R.M.S. Titanic.

Posté : 2012-05-09 11:06:43 par RÚmi Bouguet | avec 0 comments
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