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Avril 1912 - Avril 2012 : Il y a cent ans... le R.M.S. Titanic. 17°) L'enquête.

ATTENTION ! DEUX PHOTOGRAPHIES (D’ÉPOQUE) DANS CET ARTICLE SONT SUSCEPTIBLES DE CHOQUER LES ÂMES SENSIBLES ET LES ENFANTS. ELLES MONTRENT EN EFFET L’ÉQUIPAGE DU MACKAY-BENNETT  (DE LOIN) EN TRAIN DE SORTIR UN CORPS DE L'EAU ET UN CADAVRE (EN ARRIÈRE-PLAN) SUR LE PONT DU NAVIRE.

 

Immédiatement après le dénombrement des victimes, une commission d'enquête est organisée, d'abord aux États-Unis d'Amérique, puis au Royaume-Uni de Grande-Bretagne. Joseph Bruce ISMAY, les officiers et matelots qualifiés sont forcés de témoigner, tandis que tous les passagers voulant faire une déposition sont les bienvenus.

 

La commission n'est pas tendre en Amérique, et ce d'autant plus qu'elle est dirigée par un sénateur incompétent dans les affaires maritimes, William Alden SMITH (1859-1932), à qui il faudra expliquer plusieurs fois que la proue c'est l'avant du navire...

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Les Américains se montrent très durs avec Bruce ISMAY, le jugeant responsable du naufrage et de toutes les vies perdues, alors même que tous les passagers prennent sa défense. Il faut que le gouvernement britannique menace l'Amérique d'un incident diplomatique pour éviter un procès expéditif à ISMAY et le rapatrier en Angleterre.

Une fois au pays, une nouvelle commission d'enquête, plus sérieuse et plus clémente, est mise en place. Elle est diligentée par John Charles BIGHAM, Lord Mersey (1840-1929).

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Elle a plus pour but de comprendre le naufrage et en tirer des leçons plutôt que de dégager des responsabilités. Bruce ISMAY est blanchi, des erreurs sont soulignés, mais aucun blâme ne tombe, c'est déjà assez dramatique comme ça. La construction du bateau n'est pas remise en question, au contraire elle est saluée. En effet, il est établi qu'à dommages comparables, un autre navire que le Titanic (l'Olympic ou le Mauretania) aurait coulé deux fois plus vite et aurait probablement chaviré. Le Titanic a coulé en trois petites heures, ce qui a laissé le temps d'évacuer correctement les passagers, même s'il aurait été possible d'en sauver 500 de plus si les canots avaient été remplis.

 

Suite à la commission d'enquête, des mesures sont prises pour renforcer la législation maritime sur la sécurité des paquebots. Ces mesures sont encore en vigueur aujourd'hui.

_Emport de fusées de détresse rouges en plus des fusées de signalement blanches.

_Emport de canots de sauvetage de manière à ce qu'il y ait 200 places disponibles de plus que le nombre maximum de passagers pouvant être transportés par le navire.

_Les canots de sauvetage devront tous être équipés de mâts à lanterne, de fusées de détresse vertes, d'un poste de T.S.F. fonctionnant sur batterie, de couvertures et de rations de survie.

_Les navires devront être équipés d'une double coque en acier renforcé. (Cela ne s'applique qu'aux paquebots, pas aux cargos... ceux qui se souviennent du naufrage du pétrolier Erika fin 1999 se souviendront ainsi qu'une des causes du naufrage vient du fait qu'il ne disposait que d'une coque simple... Ca évolue pas vite les règlements...)

_Internationalisation du signal de détresse "SOS".

 

Parallèlement, dès le Mercredi 17 Avril 1912, la White Star Line affrète un navire, le C.S. (Cable-Ship) Mackay-Bennett qui part de Halifax pour ramener autant de corps qu'il le pourra.

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Il croise pendant près d'une semaine sur les lieux de la catastrophe et sort 328 corps de l'eau, dont 116 sont rejetés à la mer faute d'être transportables tellement ils sont dévorés par les oiseaux de mer.

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Parmi les autres, rares sont ceux à être identifiables, et peu de familles réclament leurs proches. Sur les 212 corps ramenés, on parvient néanmoins à reconnaître Isidor STRAUS, mais pas son épouse. Est également repêché le corps de Michel NAVRATIL, le père. Dans sa poche, on retrouve son revolver. Il est enterré à Halifax sous le nom marqué sur son passeport d'emprunt : Louis HOFFMAN. La plaque sera changée à la demande de son épouse en 1916.

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Est également ramené un petit enfant de deux ans environ, visiblement de Troisième Classe. Les marins n'ont pas pu se résoudre à le rendre à l'océan. Il est enterré anonymement, grâce à une cotisation des matelots (intégralement remboursée par Molly BROWN par après) et sa tombe (photographie) sert alors de mémorial pour tous les enfants décédés dans le naufrage. Les corps ramenés sont enterrés au Canada, province de Nouvelle-Écosse, à Halifax, dans trois cimetières : Fairview Lawn (photographie), Mont des Oliviers et Baron de Hirsch.

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Posté : 2012-05-21 19:41:50 par RÚmi Bouguet | avec 0 commentaires
Filed under: Séries, Titanic


Rémi Bouguet

Né en 1991 à Tours, en France, Rémi Bouguet suit d'abord des études scientifiques au lycée avant de se tourner vers l'histoire à l'université. Arrivé au Québec en échange universitaire en 2010, il y reste pour effectuer sa maîtrise à l'Université Laval. Il travaille sur les Chemins du Roy de la rive sud.

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