Mot de passe oublié

Il y a quelques mois, mon collègue Patrick Donovan vous faisait par de son expérience personnelle de l'examen de doctorat. Sans répéter ici le déroulement de cette épreuve académique, je peux maintenant confirmer que son anxiété était fondée et que cette épreuve est réellement difficile et jonchée de questionnements et de remises en question. Grosso modo, cette épreuve consiste en la lecture de 15 000 pages (livres et articles) touchant, dans mon cas, à l'histoire de la justice et de la criminalité au Québec ainsi qu'à l'histoire du contrôle du corps féminin. Cette épopée de lecture débuta à la mi-janvier à la suite de l'approbation d'une liste de lecture. Les semaines et mois suivants furent totalement consacrés à la lecture de ces pages, et ce, en plus de mon horaire habituel de travail de 4 jours semaine.
 
Ces lectures m'ont amenée à parcourir l'histoire de la justice, de la criminalité et du contrôle du corps féminin des XVIIIe et XIXe siècles au Québec, au Canada, aux États-Unis et en Grande-Bretagne. De la situation des mineurs à Timmins, en passant par la campagne antiavortement aux États-Unis et par l'établissement des premières cours de justice juvénile, mes lectures m'ont amenée à mieux comprendre la période touchée par mon sujet de thèse. Ces travaux d'historiens, de philosophes, de sociologues et d'anthropologues me forcèrent à me questionner et à me repositionner par rapport à mon propre projet afin de lui trouver une place dans cette historiographie.
 
L'évaluation académique en deux volets (écrit et oral) fut très stressante et demanda une bonne capacité d'analyse et de diffusion. Tout comme mon collègue, mon évaluation se déroula à merveille malgré un stress très visible de ma part. Il faut dire que les remises en question furent nombreuses avant la fameuse date de l'examen oral et que les doutes furent plus nombreux que les certitudes. Cette expérience est toutefois essentielle afin de bien se préparer à notre période de recherche et d'écriture. Passage obligé, mais nécessaire, cette étape du cheminement du futur historien permet de mieux connaître notre sujet, mais également de mieux connaître nos capacités et nos limites. Période de doute, de questionnements, de découragement, mais également de stimulation intellectuelle, de découvertes et d'ébahissement, cette dernière fut un excellent test afin de vérifier ma capacité de lecture et d'analyse. Les prochains mois seront sans doute moins intenses, mais tout aussi stimulant puisque je débuterai mes recherches en archives…
Posté : 2012-05-22 12:15:57 par Jade Cabana | avec 0 comments
L'automne est pour plusieurs synonymes de retour en classe, de nouveaux cours, de citrouilles et de boissons chaudes. Pour moi, il s'agit d'un moment particulièrement stressant puisque je dois terminer certaines demandes de bourses, des propositions de communications et d’affiches scientifiques ainsi que préparer une liste de lectures pour mon (futur) examen de doctorat.

Mon plus grand défi des dernières semaines fut la correction de mon article concernant les preuves médico-légales dans les causes de viol qui sera publié en février 2012 dans les Actes du 11e Colloque international étudiant du Département d'histoire de l'Université Laval. Cette correction me demanda beaucoup de concentration et de réflexion puisqu'il s'agit de mon premier article officiel! Malgré les quelques modifications et précisions demandées par l'éditeur, je dois avouer que j'ai bien aimé avoir un second avis (officiel) et de me faire guider dans l'amélioration de mon article.

J'entreprends actuellement la préparation de diverses propositions de communications pour l'A.C.F.A.S, la S.H.C et pour le 12e Colloque international étudiant du Département d'histoire de l'Université Laval. J’amorcerai également dans quelques semaines une chronique lecture sur ce présent site composé de comptes-rendus de nouveautés littéraires portant sur l'histoire du Québec et du Canada. Parallèlement à ces chroniques, j'entreprendrai la lecture de plus de 12 000 pages d'ouvrages et d'articles scientifiques pour préparer mon examen de doctorat. Nul doute que mes prochains billets porteront sur ces lectures et sur mes réflexions.
 
Bonne semaine à tous!
Posté : 2011-10-03 08:34:58 par Jade Cabana | avec 0 comments
Le jeudi 9 juin dernier, j'ai présenté à mes collègues du ministère de la Justice certains résultats issus de ma recherche de maitrise. Cette expérience des plus enrichissantes fut possible grâce à la collaboration de mon supérieur et à l'intérêt de nombreux intervenants. Cette courte conférence de 20 minutes (+ période d'échange) fut présentée devant une trentaine de personnes sur l'heure du diner. Il fut intéressant de partager mes découvertes avec un public non académique et d'échanger avec un auditoire provenant de divers horizons (techniciens et étudiants en droit, juristes, fonctionnaires). Les interventions diverses portant sur les lois et les procédures me permirent de discuter d'éléments plus techniques que ceux normalement abordés avec mes collègues historiens. Leurs questions étaient plus tournées vers l'expérience de la justice et l'interaction entre les différents intervenants que sur les données trouvées. Cette expérience sera normalement renouvelée dans quelques semaines avec d'autres juristes de l'État.

Il faut également mentionner que cette expérience de vulgarisation fut précédée par la soumission de mon premier article scientifique. Cet article fut soumis au Comité de rédaction des Actes du 11e Colloque international étudiant du Département d'histoire de l'Université Laval. La rédaction de cet article fut plaisante puisqu'elle me permit de me replonger dans mes données de maitrise après plusieurs mois d'inactivité. Elle me permit également de renouer avec la méthode scientifique et le milieu académique. Le protocole de rédaction avec ses normes strictes me rappela les belles années du baccalauréat ou je devais sans cesse me référer aux guides méthodologiques avant d'écrire des références ou de faire une mise en page. Je dois toutefois avouer que sans l'aide de plusieurs collègues, dont Alexandre Turgeon (Le nez de Maurice Duplessis. Le Québec des années 1940 tel que vu, représenté et raconté par Robert La Palme : analyse d’un système figuratif, 2009) et de plusieurs parents et amis (pour la correction) ma tâche aurait été beaucoup plus complexe. Il ne reste qu'à attendre l'automne afin de connaître le verdict du Comité. C'est une histoire à suivre…
Posté : 2011-06-13 10:24:49 par Jade Cabana | avec 0 comments
Chers lecteurs,
 
Voici enfin un compte-rendu de mon expérience de ''Poster Session'' lors du 11e Colloque international étudiant du Département d'histoire de l'Université Laval. Se déroulant du 1er au 3 février 2011, le Colloque d'Artefact laissait cette année une place aux affiches scientifiques. Ces affiches étaient visibles dans le hall d'entrée du Pavillon abritant les salles de conférences. Les conférenciers, auditeurs et étudiants pouvaient librement consulter les affiches pendant la journée et une séance dédiée exclusivement aux questions fut organisée le 2 février pendant près de 1h30 afin de permettre aux curieux de discuter directement avec les chercheurs. Ce type de rencontre, plus informelle que les présentations, offre un lieu privilégié pour discuter, échanger et diffuser ses résultats de recherches. Ce contact personnalisé fut très intéressant puisqu'il me permit d'exposer\diffuser mes résultats pour une première fois devant un large public et de collecter certaines questions pertinentes, pistes de recherches et critiques. La séance normalement prévue pour une heure fut finalement plus longue considérant le nombre important de questions qui fut soulevé. Le principe de questions-réponses-commentaires fut stimulant pour moi et pour mon auditoire puisqu'il permit un échange constant entre nous. Ces minutes passées avec un auditoire avide de réponses furent un moment de pure satisfaction après tant d'heures à confectionner mon affiche scientifique. Le seul point négatif fut le manque de temps pour répondre à l'ensemble des questions de l'auditoire qui étaient fort diversifiées.
 
Trois mois plus tard, je dois soumettre un premier article basé sur mon affiche scientifique. Cet article sera ensuite soumis à un comité de rédaction et pourrait être sélectionné et publié dans les Actes du 11e Colloque international étudiant du Département d'histoire de l'Université Laval qui devrait paraître en 2012. Cette première expérience d'article me rend quelque peu nerveuse, mais je suis consciente qu'il est de notre devoir de diffuser nos connaissances (même si je préfère les diffuser de manière verbale) et que ceci constitue une expérience importante pour tout scientifique.
 
Parlant de diffusion! Je prépare présentement une courte présentation portant sur le sujet de mon affiche pour le ministère de la Justice. Cette nouvelle expérience de diffusion, cette fois devant un public n'ayant pas de lien avec le milieu universitaire sera sans doute une nouvelle occasion d'obtenir des commentaires sur mon sujet et de voir ce dernier sous un autre angle. Les intervenants judiciaires qu'ils soient avocats, procureurs, juges, notaires ou greffiers ont souvent des connaissances rudimentaires de leur histoire juridique et il sera intéressant de confronter leur perception de la justice d'autrefois avec des données concrètes issues de sources d'époque. Ce sera une histoire à suivre !
Posté : 2011-05-09 14:08:15 par Jade Cabana | avec 0 comments

Contrairement à plusieurs idées reçues, je peux maintenant vous confirmer qu'une affiche scientifique en histoire est réalisable et même très intéressante à condition de prévoir du temps de confection et de l'espace. Voici un retour sur mon expérience créatrice en matière d’affiche scientifique.

Il y a quelques semaines, je vous mentionnais ma participation au 11e Colloque international étudiant du Département d'histoire de l'Université Laval. Lors de ce colloque, une ''poster session'' est prévue afin de permettre aux chercheurs de diffuser leurs résultats de manière visuelle. Les 6 participants de cette première édition sont principalement des archéologues auxquels s'ajoutent une ethnologue, une spécialiste en science des religions (visée archéologique) et moi-même.

Normalement destinées aux étudiants en sciences pures et aux recherches à caractère statistique ou nominatif, les affiches scientifiques semblent effectivement destinées à présenter des tableaux, des graphiques ou des schémas de molécules. En sciences humaines, des disciplines comme l'archéologie toutefois se prêter plus facilement au jeu considérant la nature de leurs données et la présence de graphiques, de relevés métriques ou d'artefacts\écofacts. Plusieurs collègues historiens en raison de leur conservatisme (?) étaient alors réticents envers l'idée. Il est vrai que dans le cadre de recherches telles que les miennes, c'est-à-dire à caractère plus descriptif que quantitatif, il est plus difficile d'obtenir des graphiques ou des schémas, mais je crois qu'une affiche scientifique reste quand même un outil fort intéressant afin de diffuser mes recherches, et ce, en captivant le lecteur visuellement.

Lorsque j'ai accepté de faire une affiche scientifique, je me suis engagée à produire un document accessible à tous (éviter les jargons) et surtout de rendre intéressant un sujet tabou soit celui du viol. Je voulais un format d’affiche très large afin de permettre au plus de gens possible de examiner mes recherches sans devoir se coller le nez au document. Les normes du Colloque étaient alors parfaites puisqu'elles permettaient un poster d'une dimension maximale de 1,50m x 1,50m. Le document final fait maintenant 1,42m x 1,42m et permet une lecture parfaite et agréable dans un périmètre de 2 à 3 mètres. La taille impressionnante de l’affiche permet aussi aux lecteurs de s'approcher du document et de contempler des archives avec une qualité de reproduction excellente. Cet élément était pour moi essentiel puisque les archives sont au centre de ma recherche et je voulais que ces dernières soient présentées dans le meilleur contexte possible et non pas confinées dans de petits coins illisibles.

Malgré les nombreux problèmes de mises en page et le manque de ressources pour créer ce genre de document en sciences humaines, je dois dire que le résultat me satisfait amplement. Il est certain que plusieurs modifications seront apportées à un document futur, mais le tout correspond à mes attentes initiales. Mon affiche est constituée d'un titre, d'une ligne du temps représentant la répartition des causes de viol étudiées ainsi que de 3 colonnes de textes agrémentées d'archives, de schémas et d'extraits de journaux. La ligne du temps occupant la partie supérieure de l'affiche, bien que complexe à créer, est très intéressante puisqu'elle situe dans le temps l'ensemble des causes étudiées ainsi que les causes contenant des témoignages de médecins. Elle permet au lecteur de se situer dans le temps et de voir visuellement l'évolution des témoignages médicaux. Les archives quant à elles permettent aux intéressés de se plonger dans l'univers juridique de l'époque et de constater le caractère unique de ces archives très bien conservées dans nos centres d'archives. Ce contact privilégié avec des documents du XIXe siècle familiarise également les curieux à la calligraphie ancienne et expose la difficulté de la recherche en archives. Elle rend également l'expérience et la perception du sujet historique plus concrète et individuelle, car elle permet au lecteur de se faire sa propre idée du document.

Cliquez sur l'affiche pour visualiser:

Une affiche scientifique en histoire est réalisable.
Posté : 2011-01-28 10:47:47 par Jade Cabana | avec 0 comments

Enfin la période des fêtes! Enfin les vacances!

Bon!  Il s’agit plutôt de quelques journées de congé, mais après plus de 6 mois de travail elles seront plus que bienvenues! Je dois l’avouer, il est bien plus fatigant de travailler que d’étudier. Comme les longues périodes de lectures, de recherches et de discussions entre collègues me manquent. Comme les souvenirs des longues nuits à me concentrer sur des questions de problématiques, de méthodes ou de sources me rendent nostalgique. Cette expérience de la ‘‘vraie vie’’ ne fait qu’augmenter ma motivation concernant mon possible retour aux études en mai prochain.  

D’ailleurs, j’ai expérimenté un retour aux études il y a quelques semaines alors que je devais préparer une proposition d’affiche scientifique pour le 11e colloque international d’Artefact de l’Université Laval. Ouf ! Je ne me souvenais pas combien il est difficile de se concentrer sur un seul sujet à la fois et de se replonger dans un sujet délaissé depuis plusieurs mois. Afin de mener à bien cette expérience, j’ai dû relire mon mémoire de maitrise sur le viol dans le district judiciaire de Québec, ressortir des données et surtout choisir les éléments les plus pertinents et les plus intéressants afin de les proposer comme sujet d’affiche scientifique. Après 4 heures de lectures, de mauvaise concentration, de procrastination sur le web et de périodes de réflexion, je suis finalement parvenue à produire un document acceptable de deux cent cinquante mots. Deux-cent-cinquante mots! Je n’y croyais tout simplement pas! Dire que j’ai réussi à produire facilement plusieurs pages de textes en quelques heures, il y a de cela neuf mois pour mon introduction de doctorat. Je commence réellement à croire que le cerveau est un outil qui se doit d’être entrainé afin de rester alerte et productif à son maximum. Mon emploi actuel est particulièrement éreintant, mais il s’agit d’une tout autre stimulation pour mon cerveau, loin de celle résultant d’une recherche historique. Des actions simples, comme trouver un titre accrocheur, un fil conducteur ou des synonymes furent difficiles. Ce premier renouement avec le monde universitaire m’a donc permis de mieux comprendre les étudiants qui trouvent le retour aux études difficile ainsi que de confirmer mon désir de reprendre mon doctorat au printemps prochain. En attendant mai 2011, je participerai au colloque international d’Artefact en février où je ferai un second retour aux études, mais cette fois de manière orale…

Un retour à suivre!!

Posté : 2010-12-07 22:22:24 par Jade Cabana | avec 0 comments
Bonjour à tous!
 
Veuillez m'excuser pour ce si long délais depuis ma dernière contribution. Or, il semble que la vie emprunte parfois des chemins inattendus. En effet, depuis la remise de mon introduction en mai dernier, de nombreuses choses ont bouleversé mon quotidien et mon cheminement scolaire.
 
Il faut savoir que dans le monde universitaire et plus précisément dans celui des étudiants de cycles supérieurs, le mois de mai correspond à un moment capital soit celui de l'annonce des résultats de bourses. Après de nombreuses semaines d'attente et de travaux acharnés, c'est souvent le moment de prendre conscience avec la réalité et surtout de savoir ce que nous réserve l'avenir. Malheureusement, dans mon cas, comme dans celui de nombreux futurs historiens que je connais, ce fut une année bien maigre en subventions. Essuyant un premier refus de la part du FQRSC, puis un second de la part du CRSH, j'ai dû retrousser mes manches et trouver une solution afin de me permettre de vivre pour les prochains mois. Considérant qu'il était insensé pour moi de continuer un doctorat à temps plein ainsi que de travailler en même temps, j'ai préféré prendre du recul et suspendre mon doctorat pour une année. Une réelle chasse à l'emplois fut alors amorcée afin de dénicher un emploi stimulant et lié à mon domaine. Après maintes recherches, auprès d'institutions muséales, historiques et culturelles, j'ai finalement déniché un contrat d'un an au Ministère de la Justice du Québec.
 
Le Centre de Communication avec la Clientèle du Ministère de la Justice est un service téléphonique d'information et de référence offert gratuitement aux citoyens afin de les aider à mieux comprendre le système de justice ainsi que de rendre cette justice plus accessible. Mon travail consiste donc à répondre par téléphone aux différentes questions des citoyens sans donner de conseils juridiques (puisque je ne suis pas avocate). Notre champ d'expertise va des petites créances, en passant par le mariage, les saisies de salaire et les testaments. Une formation donc très diversifiée et surtout très complexe afin de bien comprendre l'ensemble de notre système  de justice moderne. Pour l'historienne que je suis, ceci constitue une expérience privilégiée d'entrer en contact avec la justice et ses acteurs ainsi que de constater la perception de ces derniers (intervenants, victimes et criminels) face à la justice moderne. Les hommes et les femmes entrant en contact avec nous font face à diverses situations qui rappellent celles vécues par nos ancêtres. Bien que nous ne traitions pas directement d'appels liés avec le greffe criminel (pour le moment), il arrive souvent que des hommes et des femmes ayant vécu de tels évènements nous appellent afin de connaître différentes procédures ou obtenir des informations. Cette expérience est ainsi pour moi des plus enrichissante puisqu'elle me permet de côtoyer la justice au quotidien ainsi que de partager ma passion pour l'histoire de la justice avec mes collègues et citoyens qui parfois posent des questions sur l'histoire de notre système.
Posté : 2010-10-01 13:36:23 par Jade Cabana | avec 0 comments
Bonjour chers lecteurs!

C’est avec un soulagement immense que je vous écris cette semaine! J’ai finalement remis, il y a quelques jours, ma première introduction complète de thèse. Hourra! Je peux désormais vous présenter de manière un peu plus structurée mon sujet de thèse, et ce, considérant que ce travail fut le fruit de longues réflexions et de nombreuses lectures et explorations.

Femmes victimes, Femmes criminelles s’intéressera au rapport entre la femme, le corps féminin et la justice criminelle entre 1760 et 1920, et ce, dans le district judiciaire de Québec. Le district de Québec, aux fins de ma thèse, se limitera à la région de la ville de Québec et de ses environs avoisinants (Charlevoix, Centre-du-Québec, Mauricie, Chaudière-Appalaches). La période de 1760-1920 s’explique principalement par mon intérêt marqué pour le régime britannique et la culture anglaise.

La guerre de Conquête ainsi que l’avènement du nouveau droit criminel britannique sont pour moi des éléments clés de notre compréhension actuelle du Québec et de la justice. Ayant à l’origine préféré 1960 (dont les événements majeurs pour notre sujet sont l’avènement de la pilule contraceptive ainsi que la Révolution tranquille) à 1920, j’ai décidé, conjointement avec mon directeur M. Donald Fyson, de réduire ma période à 1920 afin de diminuer la masse documentaire à exploiter ainsi que d’éviter les changements majeurs apportés par le féminisme.

Le but de ma thèse sera de reconstituer le rapport entre les femmes, le corps féminin et la justice criminelle entre 1760 et 1920 grâce à différentes traces historiques, notamment les archives judiciaires.

Mes sources (documents d’époque) sont multiples et viennent des mondes juridiques (procès, législation, lois), médicaux (journaux médicaux, témoignages de coroner et d’experts) et médiatiques (journaux populaires, témoignages de citoyens). Ces sources conservées par différents centres d’archives tels que Bibliothèque et Archives nationales du Québec et Bibliothèque et Archives Canada me permettront de m’immiscer dans le monde féminin des XVIIIe, XIXe et XXe siècles sous l’angle de la relation avec la justice criminelle.

Grâce à 8 catégories de crimes différents soit le viol, la tentative de commettre un viol, l’inceste, la violence conjugale, l’infanticide, l’avortement, le meurtre et finalement la prostitution, j’entends dresser un portrait de l’évolution du rapport entre la femme, son corps et la justice afin de mieux comprendre les relations actuelles entre les femmes et la justice criminelle.

Comme le disait Michel de Certeau en 1975 ‘‘Le passé on s'en sépare, mais on ne peut l'éliminer’’. En ce sens, l’expérience des femmes victimes et criminelles des siècles passés à Québec n’est peut-être pas si différente des histoires que l’on entend chaque jour dans les journaux.

Le présent fait-il écho au passé? Ce sujet semble encore plus d’actualité à la lumière des derniers évènements survenus dans le quartier Villeray de Montréal où une femme de 31 ans fut enlevée et violée par un suspect de 57ans.

Posté : 2010-04-20 13:50:19 par Jade Cabana | avec 0 comments

C’est donc en délaissant rapidement l’égyptologie pour le Moyen Âge après le CEGEP que je décidai de m’inscrire à l’Université d’Ottawa, en histoire médiévale, afin de jouir de l’expertise de madame Kouky Fianu, médiéviste, et de cet établissement bilingue de premier rang. Malgré une première année intellectuellement motivante, des notes exceptionnelles et une amélioration marquée de mon anglais, je décidai de revenir à Québec afin de terminer mon baccalauréat en histoire près de ma famille et de mes amis. C’est également à cette époque que je commençai un emploi au ministère du Tourisme et que je me rendis rapidement compte du manque d’intérêt et de connaissances de plusieurs touristes et résidents de Québec pour l’histoire de notre capitale. Cette constatation fut décisive pour moi puisqu’elle me poussa à me renseigner davantage sur l’histoire de ma ville afin de transmettre cette information à nos visiteurs et qu’elle me permit de renouer avec l’histoire du Québec.

De retour à Québec, je poursuivis donc mes recherches sur le Moyen Âge grâce à l’expertise et l’aide précieuse de monsieur Didier Méhu (Gratia Dei. Les chemins du Moyen Âge; 2003). Tout était alors clair et mon seul regret était de ne pas avoir eu plus de cours en histoire de l’art afin de poursuivre en iconographie. Après un stage archéologique de deux semaines à l’Abbaye de Lérins en 2007, je décidai d’entreprendre des démarches afin d’effectuer ma dernière session du baccalauréat à Lyon, en France, afin de vivre le Moyen Âge « in situ ». C’est durant cette dernière année qu’un second dilemme concernant ma période d’étude émergea puisque j’y découvris un nouveau champ d’intérêt : l’histoire de la justice criminelle québécoise. Malgré cet intérêt nouveau, je quittai Québec en janvier 2008 (durant le 400e de la ville de Québec) afin de poursuivre ma passion première : l’étude des églises romanes et de la culture monastique. Cependant, après 6 mois passés à l’étranger à observer une culture qui me semblait étrangère (malgré nos ancêtres et notre langue commune), je remis grandement en question mon avenir comme médiéviste. Jouissant d’une bourse du CRSH, j’entrepris donc ma maîtrise (sur le thème du poisson dans l’univers monastique) à l’Université McGill en septembre 2008. C’est durant mes premiers mois à Montréal et grâce à l’enseignement de monsieur Thomas Schlich (spécialiste en histoire de la chirurgie) que je décidai de réorienter mon futur et de développer mon intérêt nouveau pour l’histoire de la justice, du corps et de la médecine au Québec. Partageant mon temps entre l’Université McGill, quelques cours à l’UQAM et à l’Université de Sherbrooke ainsi que plusieurs voyages à Québec, je terminai finalement ma maitrise en août 2009. Je débutai ensuite mon doctorat un mois plus tard, à l’Université Laval, sous la direction de monsieur Donald Fyson (Magistrates, Police, and People: Everyday Criminal Justice in Quebec and Lower Canada, 1764-1837; 2006), ce même professeur qui m’avait introduite à la justice criminelle trois ans plutôt…

Posté : 2010-03-15 15:50:15 par Jade Cabana | avec 0 comments

Chers lecteurs, chères lectrices

C’est avec un immense plaisir que je vous convie à me suivre durant les prochains mois dans mon épopée doctorale grâce à ce blogue. Blogue à saveur historique bien sûr, mais également plus personnelle où vous pourrez suivre le développement de mes travaux (avec ses hauts et ses bas) ainsi que mes différentes réflexions sur l’histoire, l’enseignement et l’actualité. Mais d'abord, commençons par le début…

Qui suis-je?
Je me présente officiellement : Jade Cabana passionnée d’histoire et de culture. Native de la région de Québec et plus précisément de la jolie municipalité de Boischatel (dont la chute Montmorency constitue le principal attrait), je suis l’ainée d’une famille de deux filles. Mon père, microbiologiste de formation, est lui aussi natif de Québec et passionné d’histoire, de culture et de nouvelles technologies, ses commentaires constructifs et ses conseils judicieux m’ont permis de toujours présenter des travaux de qualité. Ma mère, native du Bas-du-Fleuve, est quant à elle une mère à la maison friande d’actualités internationales et de culture française, tandis que ma sœur Cloé étudie en psychologie. J’ai également deux demi-sœurs, l’une travaillant en géomatique et la seconde en relations internationales. Le dernier membre de notre famille n’est rien de moins que notre tortue Vertine, âgée de 18 ans, qui possède désormais 3 pattes après une malencontreuse rencontre avec un raton-laveur. Le portrait de ma famille ne serait toutefois pas vraiment complet sans la mention de mon amoureux Daniel qui, grâce à sa présence quotidienne, me garde souriante et me motive à travailler.

Vivant en banlieue de Québec, j’ai eu la chance, dès mon plus jeune âge, de vivre dans un environnement plutôt rural partageant mes temps libres entre mes poules, mes lapins et mes chiens. Très rapidement comme plusieurs enfants, je me voyais vétérinaire, puis anesthésiste pour les animaux de ferme, mais la réalité scolaire et disons-le l’émergence du « monstre » appelé mathématique me mit rapidement au défi et a sans aucun doute contribué à mon intérêt grandissant pour les sciences sociales. Mon passage au secondaire marqué par des résultats plutôt décevants en sciences et un professeur d’histoire exceptionnel, monsieur Carl Beaulieu, me poussa à m’intéresser davantage à l’histoire et notamment à l’égyptologie. C’est également pendant cette période importante que j’ai joint les Cadets de l’Aviation. Les six années passées au sein de cet organisme me permirent de développer plusieurs aptitudes qui m’ont été des plus utiles  à l’école, dans mes emplois et dans ma vie personnelle. Les survies en forêt, les concours d’art oratoire et mon expérience Cadet-Juno (concours canadien permettant à des jeunes de vivre le 60e anniversaire du débarquement de Normandie en France et de présenter l’histoire des régiments canadiens aux Français) restent des souvenirs impérissables. C’est donc avec un intérêt marqué pour l’histoire que je m’inscrivis au programme Méditerranée, Espaces et Histoires du CEGEP François-Xavier-Garneau de Québec. C’est d’ailleurs grâce à deux excellents professeurs, messieurs Denis Leclerc et Jean-Pierre Desbiens que j’ai finalement arrêté mon choix de carrière (professeur-historienne), mon champ d’intérêt principal (le Moyen Âge) et que j’ai acquis une solide méthodologie. J’entrais donc confiante à l’Université sûre de mon chemin et de ma passion comme si tout était déjà tracé…
 

Posté : 2010-03-15 15:48:28 par Jade Cabana | avec 0 comments

Jade Cabana

Doctorante en histoire à l’Université Laval, je m’intéresse particulièrement à l’histoire de la justice, des femmes et du Québec britannique. Ayant complété en 2009 une maîtrise à l’Université McGill portant sur le corps et les preuves médico-légales au XIXe siècle dans les causes de viol, je me penche désormais sur le corps des femmes victimes et criminelles de Québec entre 1760 et 1920.

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