France Rivet. Sur les traces d'Abraham Ulrikab. Gatineau, Horizons polaires, 2015. 360 pages.
Résumé :
En août 1880, deux familles inuites du Labrador acceptent l'offre du Norvégien Johan Adrian Jacobsen de devenir la plus récente attraction des spectacles ethnographiques organisés par l'Allemand Carl Hagenbeck. Parmi eux, Abraham Ulrikab (Abraham, le mari d'Ulrike), un homme chrétien de 35 ans, qui espère ainsi gagner suffisamment d'argent pour lui permettre d'améliorer les conditions de vie de sa famille lorsqu'ils seront de retour à Hebron l'année suivante.
Le groupe est exhibé à Hambourg, Berlin, Prague, Francfort, Darmstadt, Krefeld et Paris. Très vite, les Inuits comprennent leur erreur et ils n'ont plus qu'un souhait, celui de rentrer chez eux.
« Un an à passer c'est bien trop long parce que nous voudrions rentrer vite dans notre pays, parce que nous sommes incapables de rester toujours ici. Oui vraiment! C'est impossible! »
Malheureusement, le destin en décide autrement. Moins de quatre mois après leur arrivée en Europe, le groupe est décimé par la variole. Trois d'entre eux meurent en Allemagne. Les cinq autres, y compris Abraham, meurent à Paris.
Bien qu'Abraham et Johan Adrian Jacobsen aient tous deux laissé des journaux personnels, l'histoire des « Esquimaux » du Labrador est, jusqu'à ce jour, restée incomplète. Où les Inuits ont-ils été enterrés? Qu'est-il advenu de leurs restes? Qu'est-il advenu de la calotte crânienne de la femme païenne que Jacobsen a cachée dans ses vêtements et a transportée avec lui jusqu'à Paris? Qu'est-il advenu des artefacts recueillis par Jacobsen dans des sépultures au Labrador?
En 2010, après sa lecture du journal d'Abraham, et intriguée par toutes ces questions sans réponses, France Rivet s'est mise à fouiller. Des chercheurs avaient étudié le dossier des « Esquimaux » avant elle mais personne ne s'était encore rendu à Paris pour chercher les traces que les Inuits y avaient laissées. De découverte en découverte, des pans insoupçonnés de l'histoire sont apparus. Quatre ans et trois voyages de recherche en Europe plus tard, Sur les traces d'Abraham Ulrikab révèle les résultats de cette investigation.
Finalement, 133 ans après la mort d'Abraham, de Maria, de Nuggasak, de Paingu, de Tigianniak, de Tobias, de Sara et d'Ulrike, les événements qui se sont déroulés à Paris avant et après leur mort sont désormais élucidés. Ceci dit, le dernier chapitre n'a pas encore été écrit puisque cette recherche a mis en lumière la possibilité de changer le cours de l'histoire d'Abraham : son vœux exprimé de rentrer au Labrador pourrait devenir une réalité.
Il revient à la communauté inuite du Labrador d'écrire ce nouveau chapitre, au cours des mois et des années à venir, alors qu'elle débattra du rapatriement de leurs restes. Nous souhaitons ardemment que ce livre lui fournisse toutes les informations nécessaires pour qu'elle puisse prendre une décision éclairée qui lui permettra d'éventuellement boucler la boucle sur cette tragique histoire.
Acheter chez Renaud Bray