En Nouvelle-Écosse, qu'avons-nous en raport avec le R.M.S. Titanic ? Ironiquement, plein de choses, même si la destination du paquebot était New York. La fin de carrière, en quelque sorte, du Titanic s'est en effet jouée à Halifax.
Déjà, sur le plan purement historique et évènementiel, les premières éditions de la presse du Lundi 15 Avril 1912 ont d'abord annoncé que le Titanic, endommagé, était remorqué vers Halifax, qui était alors le deuxième plus grand port occidental de l'Océan Atlantique Nord.
Au lendemain du naufrage, la White Star Line fait le tour des compagnies de câblage télégraphiques et des pêcheries pour affréter des navires en vue de croiser sur les lieux du naufrage pour ramener les corps.
Le premier à partir est le Cable Ship C.S. Mackay-Bennett, qui part du port de Halifax dès le Mercredi 17 Avril 1912. Arrivé sur place, il recueille cent quatre-vingts-sept corps. Il revient à à Halifax le Mardi 30 Avril 1912, drapeau en berne et en silence. À cette arrivée, la ville fait sonner le glas à toutes ses églises et les drapeaux sont mis en berne.
Le Lundi 22 Avril 1912, c'est le SteamShip S.S. Minia qui part de Halifax avec une mission similaire. Il arrive plus tard sur les lieux, inhume cent douze corps à la mer tant ils étaient abîmés par le temps, la mer et les oiseaux et non identifiables. Il ne ramène finalement que quatorze corps au port d'Halifax le Lundi 6 Mai 1912.
Enfin, c'est le Canadian Government Ship C.G.S. Montmagny, du Ministère de la Marine et des Pêcherie de la Confédération du Canada, qui part fin Avril 1912 pour tenter une dernière mission. Vaine, quatre corps seront repêchés pour être inhumés en pleine mer. Un dernier cadavre sera ramené à Halifax en Juin 1912, repêché par des navires de croisière. Pour l'anecdote, le Montmagny sera coulé accidentellement en 1914 dans le fleuve Saint-Laurent au large de la ville de... Montmagny.
À quai, des dizaines de corbillard attendent de ramener les cercueils débarqués au Club de Curling Mayflower d'Halifax, où les corps seront mis en bière, identifiés ou non, et dirigés vers les cimetières de la ville.
Ces cimetières sont au nombre de trois.
Le Cimetière Fairview, cimetière multiconfessionnel où sont enterrés cent vingt-et-une victimes (parfois non-identifiées) du naufrage, tous les enterrements ayant été pris en compte par la ville sauf une tombe, celle de "l'enfant anonyme", âgé de deux ans, qui a tellement ému les marins du Mackay-Bennett qu'ils se sont cotisés pour payer l'enterrement. On sait aujourd'hui qu'il s'agit du petit Sydney Leslie GOODWIN (1910-1912), d'une famille nombreuse de Troisième Classe. Néanmoins, cette tombe reste le symbole de tous les enfants morts lors du naufrage.
Le Cimetière du Mont Olivet, de confession chrétienne, catholique, apostolique et romaine, qui accueille dix-neuf tombes de passagers du Titanic, tous rigoureusement identifiés.
Enfin, le Cimetière du Baron de Hirsch, de confession juive, accueillant dix tombes du naufrage, dont celle de Michel NAVRATIL (1880-1912), qui voyageait on s'en souvient sous l'identité de Louis Michel HOFFMAN. L'identité prouvée parr le passeport prêté a induit les autorités en erreur quant à sa confession, même si son épouse a ensuite fait rétablir le vrai nom sur la tombe.
On trouve encore à Halifax, au 989 Young Avenue, une élégante maison ayant appartenu au multimillionnaire George WRIGHT (1849-1912), décédé dans la catastrophe et dont le corps n'a jamais été retrouvé. Par testament, il léguait sa maison au Conseil de la Ligue des Femmes de Halifax, qui la possède encore aujourd'hui.
Au 1682 rue Hollis se trouve l'office de la White Star Line pour Halifax, le bâtiment est resté à l'identique depuis 1912. C'est ici que les familles venaient réclamer les corps ou s'informer de l'identification des victimes... et les survivants canadiens réclamer remboursement !
Par ailleurs, Halifax était et est resté le port de référence pour la plupart des croisières entre l'Europe et l'Amérique de la White Star Line, desservie par son navire fétiche, le R.M.S. Olympic, jumeau du Titanic. C'est d'ailleurs de là qu'il venait quand il a tenté de porter secours au paquebot en détresse. Loin de connaître le tragique destin de ses deux frères, l'Olympic fut un sinon le navire le plus apprécié des habitants d'Halifax, de par son rôle de transporteur de troupes durant la Grande Première Guerre mondiale (1914-1918) qui a ramené les soldats au pays en 1919 (avec son beau camouflage), et y gagna lesurnom de "Old Reliable" ("le Vieux Fidèle"). Il fut désarmé en 1934 et démoli en 1937. C'était, malgré tout, une part du Titanic qui visitait ainsi Halifax de temps à autre...
Enfin, le Musée maritime de l'Atlantique à Halifax a ouvert, depuis Avril 2012, une exposition permanente portant sur le Titanic, présentant notamment de nombreux objets remontés de l'épave.