Je suis assis dans un train Montréal-New York, un long périple de presque 12 heures. Il y a des moyens plus rapides de se rendre au Big Apple, mais le train me permet de m’étirer, de brancher mon ordi et de regarder le paysage du Lac Champlain défiler à ma gauche. C’est beau. J’ai passé une vingtaine d’étés au Vermont, je connais ce paysage, mais aujourd’hui les monts verts de Champlain sont blancs. Où suis-je? Je pense que je suis près de Pointe-à-la-Chevelure, un nom qui n’apparait pas sur Google Maps puisque le village s’appelle maintenant Crown Point. Je rêvasse en regardant le lac, imaginant ces soldats de la Nouvelle-France perdus dans la brousse, loin de Montréal, encore plus loin de la métropole. Une force anglaise imposante menace leur fort durant l'été 1759. Les Français n’ont aucune chance. Ils détruisent le fort et abandonnent leurs fermes.
En rêvant ainsi, je me rappelle une des raisons pour laquelle j’ai choisi d’étudier l’histoire. C’est égoïste, je le sais, mais l’histoire me permet de faire les plus beaux voyages. Je peux non seulement me déplacer dans l’espace, mais aussi dans le temps. Cela ajoute une dimension qui enrichit tous les voyages. Pas besoin d’aller loin – une courte balade dans mon propre quartier peut devenir une véritable épopée, le regard parcourant des siècles.