En cette journée internationale des enseignants, j’ai sourcillé en voyant la page couverture d’un quotidien bien connu de la capitale. Les cégeps, selon François Legault, sont « une belle place pour apprendre à fumer de la drogue et à décrocher ». Bien que dit sur le ton de la boutade, cette remarque démontre une profonde méconnaissance du milieu collégial. J’ai fréquenté le Collège François-Xavier-Garneau à Québec entre 2006 et 2008 et, n’en déplaise à monsieur Legault, je n’y ai fumé aucune drogue et je n’ai jamais eu envie de décrocher. Au contraire, j’y ai trouvé un environnement d’apprentissage stimulant qui m’a permis d’enrichir mes connaissances sur le monde qui m’entoure tout en vivant plusieurs expériences enrichissantes (tournois de génie en herbe, simulations parlementaires, voyages étudiants et j’en passe). Bien loin de me donner envie de décrocher, le cégep m’a encore plus convaincu dans mon désir de poursuivre des études universitaires. Même si j’adore l’université, je suis persuadé que ce n’est pas ce milieu qui, avec sa masse d’étudiants considérablement plus élevée que celle des cégeps, aurait pu m’offrir une transition aussi réussie entre l’adolescence et le monde adulte.
Qui plus est, j’ai acquis de solides bases méthodologiques au cégep qui m’ont pleinement préparé à mes études universitaires. En 2009, j’ai eu la chance de me rendre en Europe pour étudier dans une université française dans le cadre de mon baccalauréat. J’ai été littéralement estomaqué devant la piètre qualité des travaux des étudiants en première et en deuxième année. Ne bénéficiant pas d’une formation préuniversitaire, beaucoup basaient leurs recherches sur tout au plus deux ou trois sources pour la plupart douteuses alors que j’étayais mes travaux d’une bibliographie formée de plusieurs études sérieuses et de nombreux articles scientifiques. Je fus à même de constater que je disposais d’un avantage considérable: ma formation préuniversitaire. Grâce à celle-ci, j’ai appris les rudiments de la méthode scientifique en sciences humaines et j’ai appris à remettre en question ce que je lis en le contre-vérifiant systématiquement. En voulant éventuellement abolir la formation préuniversitaire, monsieur Legault privera les jeunes Québécois d’un des éléments qui contribue à leur réussite dans le milieu universitaire et qui les distingue des jeunes du reste du monde.