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Le projet mémoire : Carol Duffus

Le projet mémoire : Carol Duffus
Carol Duffus, 1944. Image below: Duffus (right) working out naval tactics.

Écoutez Carol Duffus raconter son expérience dans la Marine royale du Canada pendant la Seconde guerre mondiale. Vous pourrez entendre d’autres histoires en visitant le Projet mémoire.





Transcription audio

Je m’appelle Carol Duffus, née Hendrie. Je suis née à Toronto, le 25 septembre 1918. On m’a appelée au service à la fin mars 1943. Et j’y suis restée jusqu’à la fin septembre 1945. Puis j’ai servi comme WREN. On nous appelait les WRENS. Les femmes britanniques dans la Marine s’appelaient les WRENS, donc nous nous sommes baptisées les WRENs avec un C, WRCNS, Women’s Royal Canadian Naval Service. Et nous autres, nous étions une division de la Marine. En Grande-Bretagne ce n’était pas exactement le cas; elles formaient une unité à part.

Après un bout de temps, il y avait un poste à combler dans le bureau de formation : une agente d’entraînement quittait le bureau, donc j’ai pris le poste d’agente d’entraînement d’officiers. Je me suis chargée d’encadrer l’entraînement de tous les équipages de navire qui arrivaient, des bâtiments d’escorte, quand un entraînement s’avérait nécessaire, et des travaux tactiques ou des exercices de poste ou de sémaphore ou d’artillerie. J’ai imposé l’entraînement au poste applicable à chaque candidat qui en avait besoin. C’était intéressant, un bon emploi.

Le tableau tactique servait à enseigner la tactique aux bâtiments d’escorte qui accompagnaient un convoi à travers l’Atlantique. Et six officières WREN se sont chargées d’un tableau tactique; bon ce n’était pas un véritable tableau, c’était plutôt comme un plancher de gymnase. Mais c’était entouré d’un mur qui montait jusqu’à la taille. Et les WRENS, qui s’en chargeaient; il y en avait six pour faire l’escorte de convoi.

Donc nous avions les représentants de six bâtiments d’escorte qui se trouvaient de l’autre côté du mur; ils ne pouvaient pas nous voir mais nous pouvions les voir, eux. Donc chacune de nous était responsable de son propre vaisseau. Et chaque vaisseau dans ce groupe d’escorte envoyait son capitaine et son navigateur, ainsi que le sémaphoriste. Ils se mettaient de l’autre côté du mur; ils ne voyaient pas ce que nous faisions sur le tableau. Et chacune d’entre nous avait son propre vaisseau, avec des instructions pour donner à ce vaisseau, et des échéances différentes. C’était un jeu tactique qu’on donnait aux bâtiments d’escorte; en ce cas-ci, il s’agissait d’un jeu tactique d’assurer l’escorte d’un convoi. Un vaisseau se mettait en tête de convoi et un en arrière; les autres se disposaient autour, aux quarts. Ils étaient là pour protéger le convoi contre les attaques de sous-marin.

Ainsi le jeu se déroulait-il; c’était une espèce de théâtre où des situations se présentaient et les WRENS se mettaient au tableau pour dresser la tactique du tout. Tout était démarqué en sections et nous utilisions des craies pour noter tout détail stratégique que les représentants nous donnaient. Nous avions chacune son propre vaisseau; on nous donnaient des instructions et nous dessinions le tout sur le tableau, qui était en fin de compte le plancher de gymnase. Nous nous mettions à genoux pour cela.

Et le jeu continuait; les situations imaginaires se présentaient; peut-être qu’on annonçait qu’un sous-marin était dans les alentours, ou que quelqu’un avait vu exploser un navire et on savait qu’un sous-marin en était responsable. Ce n’étaient que des scénarios hypothétiques, mais c’était ça le jeu.

Donc nous voilà, et à toutes les deux minutes près nous recevions des notes de notre vaisseau; et chacune allait au tableau tactique pour mettre à jour les détails de son vaisseau. Et cela continuait pendant une heure ou deux, selon les scénarios qui se déroulaient, et le commandant d’entraînement était là pour donner des instructions.

Donc, à la fin du jeu, toutes les personnes qui avaient participé à la tactique, les capitaines aussi, venaient regarder le tableau pour voir le résultat final. Et le commandant d’entraînement faisait le point sur la situation en général, pour résumer ce qu’on avait accompli durant l’exercice, entre les instructions et la représentation graphique de celles-ci; comme les représentants avaient dit je vais faire ceci ou cela pour tel ou tel bout de temps, et nous modifiions le schéma en conséquence.

Donc tout était représenté en craie et quand le jeu avait pris fin, tout le monde se rapprochait du tableau pour écouter les critiques du commandant d’entraînement. Il disait à tout et chacun, bon en ce cas-ci, peut-être c’aurait été mieux de faire ceci ou de faire cela, et ainsi de suite. Donc c’était vraiment excellent comme expérience pédagogique et exercice tactique, et nous en avons beaucoup appris, je pense.

On entend souvent parler de cette notion de mépris envers les femmes tout simplement parce que ce sont des femmes qui sont dans un métier réservé aux hommes. Mais je ne me suis jamais sentie comme ça, jamais. Au contraire, je ne ressentais que du respect et de reconnaissance pour ce que je faisais. Et c’est probablement la raison pour laquelle on m’a promue au poste de responsable d’entraînement des officiers, parce qu’on me respectait et j’avais une bonne maîtrise de mon travail, et je savais pourquoi j’étais là. C’était une belle expérience. Aucun problème en tant que femme dans ce rôle.

Tant de gens n’ont aucune idée de ce que les femmes ont fait dans les différents services durant la guerre. Et je crois qu’il faut parler un peu plus de cela, parce que, sans les contributions des femmes, bien des choses ne se seraient pas réalisées. Bref, j’ai eu la possibilité de faire quelque chose d’utile. C’était bon, et je crois qu’il y a beaucoup d’autres femmes aussi qui ont fait des choses utiles et qui n’auront jamais la reconnaissance qu’elles méritent. J’aimerais que tout le monde se rende compte de comment ces femmes ont servi leur pays; elles ont été tellement importantes.

(fin d’enregistrement)

 

 

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