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LA RUÉE VERS L’OR : PARCOURIR LES SENTIERS HISTORIQUES

Charles Hou, Colombie‑Britannique

 

NIVEAU SCOLAIRE/MATIÈRES

Histoire, 10e à 12e année, géographie, langues, mathématiques, environnement, éducation physique



CONCEPTS

  • En apprendre davantage sur la ruée vers l’or, mieux comprendre la persévérance et la force de ces « chercheurs d’or »; faire appel à tous les sens des élèves.
 
 

CONTEXTE

En tant qu’enseignant passionné par l’histoire du Canada, j’aime partager ma passion avec mes élèves et les aider à mieux comprendre des événements qui ont façonné la ville, la province et le pays dans lesquels ils vivent. Si j’enseignais dans les Maritimes, j’inviterais sans doute mes élèves à une visite à Louisbourg; au Québec, nous visiterions les champs de bataille de 1759; en Ontario, nous explorerions les lieux de la Rébellion de 1837 et dans les Prairies, les sites que l’on associe aux confrontations entre Louis Riel et Ottawa, en 1869‑1870 et en 1885.
 
En Colombie‑Britannique, la ruée vers l’or de 1858‑1865 se prête particulièrement bien à une excursion scolaire. Barkerville, le centre de la ruée vers l’or et un site historique provincial, est trop éloignée et le climat trop incertain au moment de l’année où j’organise cette excursion.
 
Heureusement, un autre chemin plus ancien menant aux champs aurifères, le sentier Harrison‑Lillooet, est l’endroit idéal pour une telle exploration. Ainsi, une fois par année, depuis les vingt dernières années, je convie des groupes de 40 à 80 élèves de 10e année à participer à un voyage de camping de six jours le long d’une partie de ce chemin.
 
Le sentier Harrison‑Lillooet présente un grand avantage : son éloignement le protège en grande partie de tout développement urbain. Même si l’exploitation forestière et la construction d’un chemin d’accès de BC Hydro ont laissé leur marque sur le paysage, le sentier est en grande partie demeuré tel qu’il était à l’époque de la ruée vers l’or, alors que les diligences faisaient la navette entre la pointe nord de Harrison Lake et la pointe sud de Lilloeet Lake.
 
De grands personnages de l’histoire de la province ont fait le trajet, notamment A.C. Anderson, le gouverneur James Douglas, le juge Matthew Baillie Begbie, Cariboo Cameron et Billy Barker. On peut presque suivre leurs traces! Le chemin a été construit par les Royal Engineers et tracé par leur supérieur, le colonel Richard Clement Moody, un personnage fort important dans l’histoire de la C.-B. Il reste encore des ruines des communautés qui ont vu le jour à chaque extrémité du sentier, et le long du chemin. On peut y voir le lieu du premier procès du juge Begbie, et une colline que le colonel Moody a escaladée pour tracer le parcours du sentier.
 

 

ACTIVITÉS D’INTRODUCTION

Même si certains élèves ont une grande expérience du plein air, d’autres n’ont jamais fait de randonnée. Par conséquent, au cours de la première semaine de mai, nous faisons une randonnée locale avec un sac à dos bien chargé, et au cours de la deuxième semaine, nous séjournons une nuit dans le canyon du fleuve Fraser.
 
Chaque groupe de dix élèves est accompagné d’un enseignant et d’un autre adulte (souvent un ancien élève) responsable. Les élèves doivent apporter leur nourriture et de l’équipement de camping, et l’équipement de groupe est partagé entre tous les participants. On peut emprunter une tente et un sac à dos auprès du district scolaire, au besoin. À la fin de la seconde randonnée, les élèves constatent à quel point un sac à dos peut être lourd et comprennent l’importance de prévoir des vêtements pour les journées pluvieuses.
 
L’EXCURSION
 
La randonnée à Harrison Lake a lieu au cours de la dernière semaine de mai. Un autobus transporte les élèves jusqu’à Port Douglas à l’extrémité nord de Harrison Lake. De là, ils parcourent presque 50 km jusqu’à l’extrémité sud de Lillooet Lake. Comme il existe une route qui suit le sentier en parallèle, un parent ou un autre adulte peut venir nous rejoindre au campement chaque soir.
 
Pour qu’une telle randonnée soit un succès, il faut que les cinq sens des élèves soient sollicités : la vue, l’ouïe, l’odorat, le goût et le toucher, et il faut également garantir une certaine stimulation émotionnelle et intellectuelle. Le sentier Harrison répond à ces critères. Au cours des six jours de l’excursion, les élèves revivent, dans une certaine mesure, ce qu’ont vécu les chercheurs d’or en 1858‑1865 sur le chemin menant aux champs aurifères. Les sons, les odeurs et la vue de la magnifique rivière Lillooet et de la forêt qui l’entoure sont inoubliables. Pendant six jours, les élèves font leur propre popote en plein air et apprennent à vivre sans les conforts de la vie moderne. Ils construisent leurs propres latrines et suspendent leur nourriture la nuit afin qu’elle ne soit pas dévorée par les animaux. L’expérience est également physique, puisque les sacs à dos pèsent entre 12 et 25 kg et que les élèves peuvent souffrir d’ampoules, de muscles endoloris et de fatigue.
 
Le cadre se prête également à des activités éducatives qui ne peuvent être menées qu’à l’extérieur. Au fil des ans, les enseignants et les autres adultes accompagnateurs ont profité de cette excursion pour parler de littérature à l’époque de la ruée vers l’or et transmettre aux élèves diverses notions sur l’orientation en forêt, le lavage de l’or et la géologie, les mathématiques appliquées (calculer la hauteur des arbres ou les distances d’une berge à l’autre d’un lac), l’astronomie, les arts (en utilisant le charbon de bois), les constructions de pierre, le théâtre, la construction d’abris, la cuisine en plein air dans un four construit par les élèves, l’aérobie, l’exploration, le défrichage d’un sentier, la pêche, l’identification des plantes comestibles et autres; ils ont même organisé des jeux olympiques en plein air, des ateliers d’artisanat et de chanson folklorique. J’ai récemment invité un joueur de cornemuse et un violoneux à se joindre à nous, afin d’enrichir notre expérience musicale. Nous avons également recréé certains des procès jugés par Matthew Baillie Begbie. Nous prenons généralement une journée de congé pour ces activités. En outre, les élèves tiennent un journal dans lequel ils décrivent leurs expériences.
 
En plus de son intérêt historique et de sa beauté naturelle, le sentier Harrison‑Lillooet présente certaines caractéristiques uniques. Les sources hydrothermales de St. Agnes, fréquentées par les autochtones de la région pendant des milliers d’années, ont été décrites par les chercheurs d’or comme « le seul plaisir gratuit en Colombie‑Britannique ». Situées à la moitié du parcours, les sources permettent aux élèves de prendre un bain bien chaud au moment où ils en ont le plus besoin.
 
Les élèves visiteront également Skookumchuck, un petit village autochtone de 20 à 50 âmes qui en a déjà accueilli 350. C’est là que l’on trouve la plus belle église autochtone de toute la province, une surprise fort appréciée après une marche de 20 km dans la nature sauvage. Les élèves auront la chance de rencontrer les habitants de la région qui leur parleront de leur histoire locale, leur raconteront des contes et chanteront des chants traditionnels Lil’wat.
 
Cette excursion a donné lieu à une autre expérience fort éducative. Lorsque l’exploitation forestière et minière a menacé le sentier, les élèves ont participé à une campagne visant à le sauvegarder pour les générations futures. Ils ont fait circuler des pétitions, écrit des lettres, vendu des calendriers pour faire connaître le sentier, et ont rencontré les membres de sociétés d’histoire locales. Ce faisant, ils ont acquis une expérience pratique du processus démocratique. Après une année et demie de moyens de pression, le ministre responsable des sites patrimoniaux est venu leur annoncer que le sentier de la ruée vers l’or Harrison‑Lillooet devenait le troisième sentier patrimonial de la province (les autres sont le sentier Alexander Mackenzie et le sentier de la Compagnie de la Baie d’Hudson, à Manning Park). Le gouvernement prend maintenant des mesures concrètes pour protéger et développer le sentier.
 
Les élèves, qui vivent en peu de temps de nombreuses expériences intenses, se souviendront de cette randonnée pour le reste de leurs jours. Ils se font de nouveaux amis et en gardent un souvenir bien plus vivant que de leur travail en classe. L’histoire du Canada, pour ces élèves, prendra un nouveau sens, et les effets de cette expérience positive du passé se font sentir jusqu’en salle de classe.


 

ACTIVITÉS DE CONCLUSION

Pour compléter l’expérience, nous invitons les élèves et leur famille et amis à assister à une soirée de lecture d’extraits des journaux des élèves et de visionnement de diapositives, environ deux semaines après la randonnée. Les guides remettent des prix amusants aux élèves et ensemble, tous revivent les grands moments de cette expérience enrichissante en tous points.
 
Je laisse le dernier mot à mes élèves :
« Les sentiers étaient magnifiques et j’ai réellement « ressenti » l’histoire pour la première fois. J’essayais de m’imaginer ce que vivaient les premiers explorateurs en traversant cette forêt, à l’époque encore vierge. » (TB)
 
« Je suis triste parce que la semaine a passé trop vite. Quand on s’amuse autant, le temps file toujours à toute allure. Maintenant, j’apprécie tous mes camarades de randonnée, alors qu’auparavant, je ne les connaissais même pas. Je ne cesse de retirer des bienfaits de ce voyage. Nous avons chanté ensemble, pris part à des expériences que nous ne revivrons sans doute jamais et partagé des souvenirs de voyage et des images d’une grande beauté. » (SF)
 
« Pendant ce voyage, j’ai beaucoup appris… J’ai coupé mon premier arbre et traversé un pont étroit, que j’ai plus tard contribué à reconstruire… J’ai également appris à connaître et à apprécier la nature. Lorsqu’il faisait très chaud, on pouvait sentir l’odeur sucrée et lourde des pins… On nous a appris ce qu’était l’indépendance et la confiance. À la fin, j’ai pu dire que j’étais fier de moi. » (LM)


 

À propos de l’enseignant

Charles Hou enseigne à l’école secondaire Burnaby South en Colombie‑Britannique. Une des grandes réussites de sa carrière est sans doute le concours Begbie, un questionnaire provincial bilingue sur l’histoire du Canada pour les élèves de 11e année. M. Hou a publié de nombreux articles dans des revues de sciences humaines et a coécrit deux manuels d’histoire du Canada. Il fait également partie de la direction de la British Columbia Social Studies Teachers’ Association. Pendant ses temps libres, il participe avec ses élèves à des randonnées le long de sentiers historiques. Il a gagné de nombreux prix pour des projets d’histoire et des films produits par ses élèves.

 

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