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La Mesure d’un continent :
atlas historique de l’Amérique du Nord, 1492–1814

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par Raymonde Litalien, Jean-François Palomino, et Denis Vaugeois

Les éditions du Septentrion avec les Presses de
l’Université Paris-Sorbonne, Montréal, 2007
300 p., illus., 89 $, livre relié

Comme de nombreux lecteurs du Beaver, je suis depuis longtemps un grand amateur d’atlas historiques. Parmi mes ouvrages de référence, on retrouve le Historical Atlas of Canada en trois volumes des presses de l’Université de Toronto et trois atlas de même style créés par l’infatigable Derek Hayes (sur le Canada, l’Arctique et l’explorateur Alexander Mackenzie).

Je croyais bien avoir tout ce dont j’avais besoin en matière d’atlas. Mais maintenant que j’ai consulté La Mesure d’un continent, je vois bien que j’avais tort. En traitant l’Amérique du Nord comme une seule entité, de 1492 à 1814, ce volume comble un vide dont je ne soupçonnais pas l’existence.

Avec un bon atlas historique, vous ne « lisez » pas l’histoire, vous la voyez se dérouler devant vos yeux. En effet, on peut voir les Français, qui se sont installés dans la vallée du Saint-Laurent, cernés dans l’Ouest par la Compagnie de la Baie d’Hudson et les commerçants de fourrures écossais. On les voit se diriger vers le sud et suivre le fleuve Mississippi jusqu’en Louisiane et au golfe du Mexique. Ces scènes se déroulent littéralement sous nos yeux, grâce à une combinaison de textes et de cartes : une expérience que je n’hésiterais pas à qualifier de magique !

Le livre adopte la perspective européenne, la seule viable. Il débute à l’ère de Christophe Colomb, une époque où les cartographes ne se doutaient pas de l’existence de l’Amérique du Nord. Selon la carte du monde de la Chronique de Nuremberg de 1493, inspirée par Ptolémée et l’Ancien Testament, le centre de la Terre se trouve à Jérusalem et à l’est, là où se lève le soleil, se dresse un véritable paradis terrestre.

À la lecture de cet ouvrage, nous saisissons que, dès les débuts, la cartographie était guidée par l’idéologie en cours : pour les gens du XVe siècle, le monde comprenait trois continents, soit l’Europe, l’Asie et l’Afrique, et était ainsi divisé selon les trois fils de Noé. En vérité, bien sûr, les Vikings d’Europe du Nord avaient depuis longtemps découvert l’Amérique du Nord et établi des colonies temporaires au Groenland, mais la majeure partie de l’Europe l’ignorait.

En avançant sur le territoire avec les explorateurs, on voit apparaître l’Amérique du Nord à l’horizon, dans un premier temps à travers un épais brouillard, et ensuite de plus en plus distinctement. En 1678, alors qu’ils cherchaient des fourrures et la fameuse route vers l’Orient, les cartographes révolutionnèrent l’idée que l’on se faisait de l’Amérique du Nord en Europe.

Les cartes de Samuel de Champlain, de Jacques Marquette et de Louis Jolliet, par exemple, firent disparaître des chaînes de montagnes, sortir des peuples autochtones des forêts, et apparaître un fleuve majestueux, le Mississippi.

Les auteurs montrent comment, alors que les Français et les Anglais et, plus tard, les Américains, luttaient pour le contrôle de ce nouveau continent, les cartes devenaient de véritables outils de propagande. On en voit une tracée selon la perspective américaine, où les colonies britanniques couvrent beaucoup plus de territoire que sur les cartes françaises. Et l’on comprend maintenant pourquoi la majeure partie de la frontière entre le Canada et les États-Unis suit le 49e parallèle, non pas par hasard, mais parce que cette ligne imaginaire suit un bassin versant jusqu’au coeur du continent, où les rivières s’écoulent au nord d’un côté et au sud de l’autre.

Cet ouvrage montre, encore une fois, que la géographie est essentielle à l’histoire et qu’une carte peut être à la fois une synthèse de connaissances géographiques et une arme symbolique.

Dans ce contexte, on peut certainement avancer que La Mesure d’un continent est un ouvrage d’histoire avec un accent français. En effet, lorsque les auteurs écrivent que Samuel Hearne a abandonné le Fort Prince de Galles à une puissante force française, ils omettent de dire que les envahisseurs ont ensuite rasé le poste de traite, semant la mort et la destruction chez les Amérindiens.

Mais là n’est pas l’essentiel. La Mesure d’un continent est un ouvrage prodigieux, documenté, magnifique et nécessaire. Je lui souhaite le vaste auditoire qu’il mérite.

— Ken McGoogan (Lire la biographie)

Gagnant du Prix d'histoire Pierre-Berton 2006. M.MGoogan a publié des ouvrages sur John Rae, Samuel Hearne et Jane Lady Franklin. Eng 2008, il publiera Fatal Passage , il publiera Race to the Polar Sea, et la BBC et le History Channel diffuseront un docudrame inspiré de son livre Fatal Passage .

 






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