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Serge Guay: Gardien de l'histoire maritime

Serge Guay: Gardien de l'histoire maritime
Serge Guay, Directeur du Site historique maritime de la Pointe-au-Père

Serge Guay, de quelle manière l’histoire est-elle entrée dans votre vie?

Mon intérêt pour l’histoire vient avant tout de mon intérêt pour les sciences, en particulier pour l’astronomie et la géologie. Savoir d’où l’on vient à toujours été important pour moi et ceci à toutes les échelles, tant l’histoire de la terre que de l’histoire de ma propre famille. J’ai une formation en enseignement des sciences et c’est ce désir de faire de la vulgarisation qui m’a amené en 1989 au Musée de la mer de Rimouski comme responsable de l’interprétation. Rapidement mon goût de bâtir et de développer s’est imposé et l’année suivante ont m’offrait le poste de directeur.

Vous êtes directeur du Site historique maritime de la Pointe-au-Père, qu’est-ce qui fait la particularité de ce lieu historique ?

Le Site historique de Pointe-au-Père est un lieu qui a plus de 200 ans d’histoire directement liée au fleuve et à la navigation. Les pilotes qui dirigeaient les grands navires y ont travaillé de 1809 à 1959, quatre phares y ont été construits et une grande tragédie, celle du naufrage de l’Empress of Ireland, s’est déroulée à quelques milles au large faisant plus de 1000 morts. Nos installations comprennent le troisième phare, qui est l’un des plus hauts au Canada, les maisons des gardiens et du hangar de la corne de brume, un musée sur l’histoire de l’Empress of Ireland et, finalement, une attraction unique au Canada, le sous-marin Onondaga qui à navigué de 1967 à 2000 où l’on offre même la possibilité d’y passer une nuit.

Depuis 2009, les visiteurs du Site historique maritime peuvent vivre une expérience tout à fait unique en visitant le sous-marin Onondaga. Dites-nous comment est née l’idée de mettre en valeur ce mastodonte.

L’idée vient de Louis Hébert, professeur en plongée professionnelle à l’Institut Maritime du Québec. Louis, ayant déjà travaillé à Halifax, savait que les trois sous-marins canadiens étaient mis hors service à l’été 2000. C’est à ce moment-là, au hasard d’une rencontre, qu’il me lance « Tu devrais aller chercher un sous-marin à Halifax et l’exposer à Pointe-au-Père! » Nous venions tout juste de finir la construction du nouveau Musée sur l’Empress of Ireland, et la fréquentation avait presque triplé, dépassant les 40 000 visiteurs. Stimulé par notre réussite, ma réponse a été « Pas de problème, emmenez-en des projets! » L’Onondaga était destiné à être exposé tout juste à côté du futur Musée de la guerre à Ottawa. Ce sous-marin faisait partie des plans de l’organisation de ce musée depuis longtemps, mais après plusieurs études, ce projet devenait trop coûteux. Quand j’ai proposé d’en faire l’acquisition, le projet a suscité beaucoup d’intérêt dans notre milieu et après consultations tout le monde était prêt à nous appuyer dans sa réalisation.
 
Je crois que cette aventure fut parfois grisante, parfois plus difficile pour vous. Quels ont été les moments marquants de ce projet ?
 
Ouf ! Le moment le plus marquant fut le renversement du sous-marin au début de l’opération de halage. Ce qui était supposé prendre 3 jours à prit finalement 3 mois. Ce fut une période très difficile moralement et financièrement. De plus, les médias étaient constamment sur place pour montrer comment ont essayaient de résoudre nos problèmes. Comble de malchance, après l’avoir redressé, il s’est renversé une deuxième fois. Toutes ces péripéties ont fait énormément parler de nous et finalement à la première année d’ouverture, c’est 92 000 personnes qui sont venues le visiter. Nous en espérions entre 50 et 60 000. Nos problèmes financiers ont vite été oubliés.

En 2014, on soulignera le centième anniversaire du naufrage de l’Empress of Ireland. Sur le site du musée, un pavillon est consacré à l’histoire de cette tragédie. De quelles façons initiez-vous le visiteur à l’histoire de ce naufrage et avez-vous des projets particuliers pour 2014 ?

Le Musée de l’Empress of Ireland présente près de 200 artefacts, ramenés par les plongeurs entre 1964 et 1998, année de la protection de l’épave par le Ministère de la Culture du Québec. Plusieurs dizaines de documents d’époque sont aussi exposés, photos, plans, contrats, tickets d’embarquement, etc., et une projection présente les 14 minutes du naufrage. Pour 2014, nous voulons faire un grand regroupement des descendants des passagers de l’Empress of Ireland. Ce navire a transporté plus de 100 000 immigrants vers l’ouest du pays et c’est cette relation avec l’immigration que nous voulons faire ressortir. Nous travaillons présentement à un grand spectacle multimédia avec comédiens, qui s’installerait dans un bâtiment temporaire en plein centre du quai de Pointe-au-Père.

Serge Guay, lorsque vous regardez votre parcours professionnel, qu’est-ce qui vous rend le plus fier ?

C’est évidemment ce qu’est devenu le petit musée de la mer qui était installé à l’origine dans la maison du gardien sans aucun employé permanent. Nous sommes aujourd’hui propriétaires de trois bâtiments d’importance, des actifs de près de 5 millions et 31 employés durant l’été. En plus, nous avons la gestion de la station de phare qui est la propriété de Parcs Canada. Les intervenants touristique et muséologique reconnaissent notre dynamisme et pour plusieurs nous sommes une référence dans le domaine.

Vous avez porté de gros projets par le passé, de quoi sont faits les rêves de Serge Guay maintenant ?

 L’épave de l’Empress of Ireland est d’importance nationale et les deux gouvernements le reconnaissent. Il est maintenant temps de faire de cette histoire et de ce navire un véritable musée national qui saura intéresser toute la population canadienne et les visiteurs étrangers. Un projet est en gestation et d’ici quelques mois il sera présenté publiquement.

Pour plus d'information concernant le phare, le musée de l'Express
of Ireland et le sous-marin Onondaga:

Visitez le site Web du Site historique maritime de la Pointe-au-Père.

 
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